Rindo x Sanzu

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- Tu penses qu'une chemise ça fait trop formel ? Mais un tee-shirt c'est trop décontracté, non ? Après il va penser que je m'en fou. Ou alors je...
Je lève les yeux au ciel avec un sourire amusé. Il est vraiment stressé. C'est trop mignon. Au moins il s'investit.
- On s'en fou, mets ce que tu veux.
Sanzu prend un air outré.
- Non on s'en fou pas. Je vais rencontrer ton frère pour la première fois et tu vas lui avouer qu'on sort ensemble, alors non, on s'en fou pas.
- Je ne lui ai jamais vraiment caché tu sais. Il est assez ouvert d'esprit.
- Tant mieux, soupire t-il, moi j'ai un peu peur de la réaction de mon frère quand il apprendra que je suis gay. Bon ma sœur, c'est pas un problème, elle sautera partout comme une puce excitée, avec son éternel sourire. Mais bon, pour l'instant on a un problème plus important. JE METS QUOI ???
- Pfff... Au pire tu mets la chemise, mais avec un jean au lieu du pantalon du costume. Comme ça, ça fait chic ET décontracté.
Il me regarde comme si je venais d'inventer LA solution à tout ses problèmes.
- Merci. T'es incroyable. Tu sais que je t'aime ?
- Y a plutôt intérêt. Allez, dépêche toi ou on va arriver en retard.
Il s'active et finit de se préparer en vitesse, passant un nombre incalculable de fois devant le miroir, remettant son col, déjà parfaitement positionné, en place, se recoiffant, puis se décoiffant...
Il est vraiment stressé. Le grand Sanzu qui stress...on aura tout vu. Au moment de partir, il attrape son masque et le fourre dans sa poche. Je m'arrête sur le pas de la porte, lui bloquant la route et fronce les sourcils.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Il baisse les yeux et triture ses manches avec un regard penaud.
- Ben...je prends...mon masque.
- Merci j'ai bien vu, mais pourquoi ?
- ...
- Tu compte quand même pas porter un masque pour rencontrer mon frère ?
- ... Si.
- Sanzu...on en a déjà parlé.
- Je sais mais... imagines que mes cicatrices lui fassent peurs, ou qu'il me trouve trop moche pour toi à cause de ça.
J'attrape son visage entre mes mains et l'oblige à me regarder dans les yeux.
- Arrête de raconter des conneries plus grosses que toi. De une, je t'ai déjà dit que mon frère était ouvert d'esprit.
Et de deux, tes cicatrices ne sont ni moches, ni effrayantes. Pourquoi tu ne peux pas te rendre compte que tu es magnifique ?
Il rougit et pose ses mains sur les miennes.
- C'est vrai ?
Je lève les yeux au ciel pour la centième fois de la soirée et l'embrasse tendrement.
- Ça répond à ta question ? Allez, bouge toi maintenant, sinon on va vraiment finir par arriver à la bourre. Et pose moi ça, j'ajoute en pointant un doigt accusateur sur son masque.
Il est quelque peu réticent mais finit par obtempérer. On monte dans le taxi qui nous attend en bas de chez lui, et le chauffeur démarre aussitôt. Le trajet se fait dans un silence oppressant. Je déteste vraiment ça. Mais bon... Vu comment Sanzu se tord les doigts, le regard dans le vague, je ne pense pas qu'il soit vraiment près à engager la conversation. C'est quand même fou qu'il se mette dans des états pareils juste pour une rencontre avec mon frangin. Il fait si peur que ça ?
Enfin, la voiture se gare devant chez moi. Je descend et paie le chauffeur, tandis que Sanzu fixe ma baraque comme si elle risquait de le dévorer. J'attrape sa main, et il me lance un petit sourire incertain.
- Détends toi, c'est pas une rencontre avec la reine d'Angleterre.
- Je crois que c'est encore pire.
- Mais non, ça va bien se passer.
Et sur ces sages paroles, je m'avance et sonne pour prévenir de notre arrivée. Je n'ai même pas le temps de sortir mes clés que la porte s'ouvre. J'en connais un qui nous attendait avec impatience. Il me sourit et me serre dans ses bras.
- Rin ! Ça faisait longtemps !
- Ran... ça fait moins d'une semaine. On vit encore ensemble.
- J'aime pas quand tu es loin de moi, tu en profites toujours pour faire des conneries et te fourrer dans des histoires pas possible.
- N'importe quoi ! Je m'exclame outré. C'est toi qui fait n'importe quoi, je me demande même parfois si c'est vraiment toi l'aîné.
- Bref, je vois que tu m'as ramené quelqu'un, remarque t-il en m'ébouriffant les cheveux, coupant court à notre "dispute".
- Félicitations tu n'as pas besoin de lunettes, je grogne en me recoiffant.
Ran soupire et se tourne vers Sanzu, qui n'as pas bougé d'un pouce, droit comme un piquet.
- Tu as vu comme il est méchant avec moi ? Moi qui veille sur lui depuis son plus jeune âge. Quel ingrat ce môme.
Je rêve où il prend mon copain à parti et essaie de lui faire dire que je suis méchant ?
- Et donc tu es ? Reprend mon frère en inspectant Sanzu de la tête aux pieds.
- Ravi de vous...de te rencontrer.
Je me mord la lèvre pour ne pas exploser de rire. C'est ridicule et un peu mignon quand même. Ran hausse un sourcil, surpris.
- Je voulais dire comment tu t'appelles ?
- Ha... bien sûr. Je m'appelle...heu... Sanzu.
- Ha ! C'est toi le fameux Sanzu. Rin parle tout le temps de toi.
- C'est faux ! Je proteste en rougissant d'embarras.
- Et vous vous êtes rencontré comment ? Continu mon frère sans plus me prêter d'attention.
- Ben...on était dans la même classe et on avait des amis en commun.
- Pfff... c'est super banale comme rencontre. Et tu fais des études de quoi toi ? Parce que, rassure moi, tu fais des études ? Demande t-il en plissant les yeux d'un air suspicieux.
- Ben oui, je...
Mais je le coupe avant qu'il ne finisse sa phrase.
- Bon, Ran, quand tu auras fini ton interrogatoire, tu voudras bien nous laisser entrer, ou on va devoir rester sur le pas de la porte encore longtemps ?
- Ha oui, pardon. Rentrez, nous invite t-il en se poussant sur le côté.
Je grogne un "c'est pas trop tôt" avant de suivre Sanzu à l'intérieur. On se défait de nos mentaux avant de se poser autour de la table basse. Je m'assoie aux côtés de mon petit ami, en face de mon frère. Ran apporte de quoi grignoter, puis fait un long monologue pour éviter un silence gênant, et je dois avouer que je lui en suis reconnaissant. Sanzu se contente de piocher timidement dans le bol de cacahuètes en hochant la tête ou en répondant de petits "oui", "non", "ha bon ?" C'est drôle de le voir si...calme. Lui qui fait toujours tout pour me provoquer d'habitude.
Mon frère regarde sa montre et se lève paresseusement.
- Bon, on va passer à table. Vous voulez manger quoi ?
- Rindo.
Ran et moi tournons la tête en même temps, avec le même air choqué sur le visage, pour dévisager Sanzu. Il a pas vraiment dit ça ? C'est une blague. Bon, maintenant j'ai deux choix. Profiter de cette occasion pour tout raconter à mon frère ou aller m'enterrer dans le jardin. Ouais, la deuxième option me semble sympathique.
- Ben quoi, répond innocemment Sanzu en haussant les épaules.
Il rougit quand même un peu. Ran se rassoit et nous fixe longuement.
- Ok. Vous avez quelque chose à me dire peut-être ?
Je soupire et lance un regard assassin à mon copain. Est-ce que je l'étrangle là tout de suite ? J'attrape mon verre et le fait tourner entre mes mains, ne sachant pas vraiment comment aborder le sujet. Je me redresse inconsciemment et me racle la gorge.
- Ok. Je... Bon, on va reprendre du début. Ran je te présente Sanzu, mon petit ami, et Sanzu je te présente Ran, mon grand frère.
- Ho... J'avais plus ou moins deviné, mais l'entendre de ta bouche c'est autre chose.
Je fixe mes doigts, enlacés autour du vers avec fascination. J'appréhende un peu. Il n'a pas encore dit s'il était pour ou contre. Je sens que Sanzu n'est pas à l'aise non plus. Il est tout tendu à côté de moi, attendant le verdict.
- Ok, c'est cool. Je savais pas que t'étais gay.
Je soupire et un soulagement sans précédent m'envahit. Je savais plus où moin que mon frère ne me jugerai pas pour ça, mais j'avais peur que ça crée une espèce de gêne entre nous. Visiblement je n'ai pas à m'en faire pour ça.
- Ouais, je te l'avais jamais dis.
- Ok, ok. Comme quoi, on en apprend tous les jours.
- ... Ça ne te dérange pas qu'on sorte ensemble dû coup ? demande Sanzu avec espoir.
- Non, tu m'as l'air d'être un type bien. Je sais que mon frère ne sortirai pas avec le premier gars venu. Par contre, je te préviens tout de suite, poursuit Ran avec un grand sourire, si tu lui fais du mal, que tu le trompe, ou que tu le quitte sans raison, je te jure qu'on entendra plus jamais parler de toi, à pars peut-être dans une alerte enlèvement.
Flippant. Sanzu ne semble pas impressionné. Il attrape ma main et soutien le regard de mon frère, très sérieux.
- Dans ce cas là je n'ai rien à craindre, parceque je t'assure que jamais au grand jamais je ne lui fairait du mal intentionnellement. Je l'aime beaucoup trop pour ça.
Ran sourit, sans doute satisfait de cette réponse.
- Pas mal.
Il met son coude sur la table et pose son menton dans sa main, avant de nous dévisager avec attention.
- Et à cause de ta remarque de toute à l'heure, je me demandais... C'est qui le dominant ?
Je recrache mon verre d'eau et fixe mon frère, à la fois ébahis et consterné. Il n'a rien d'autre à demander ce con ? Sanzu pince les lèvres et me lance un regard amusé. Je l'avertit silencieusement. Il parle, je le tue.
- J'en déduis que tu es en dessous, me lance Ran d'un ton enjoué.
- Ta gueule, ça te regarde pas, je marmonne en détournant le regard, rouge de gêne.
- J'ai toujours su que tu étais un petit soumis, rit mon frère en tirant sur ma joue.
Je le repousse énervé et surtout vexé, avant d'enfouir ma tête dans mes bras et de pousser un long gémissement de désespoir.
- Pour un soumis, il se débrouille vachement bien au lit, ajoute Sanzu, certainement pour m'achever à coup d'anecdotes humiliantes.
Il a trop pris la confiance lui. Finalement je le préférais quand il était tout timide. Même si je ne la vois pas, je devine aisément la légère grimace de mon frère lorsqu'il répond.
- Ok, tant mieux pour vous, mais, à la réflexion, je préfère ne pas en savoir plus sur vos ébats.
- Très bon choix, je marmonne.
Sanzu pose ses mains sur mes épaules et me secoue un peu.
- Aller Rin... Boude pas.
- Mais non, c'est vrai que j'adore entendre mon copain et mon frère parler de mes performances au lit, alors que je viens juste de faire mon coming-out. Quoi de plus plaisant ?
- Quel susceptible tu fais !
Ben voyons... J'aimerais bien l'y voir.
- Laisse, il est toujours comme ça, intervient Ran.
Et voilà que maintenant ils se liguent contre moi. Je n'ai plus aucune chance, j'abandonne.
- Bon, je vous laisse les tourtereaux, parce que, ta réponse avait beau être marrante, c'était une vraie question tout à l'heure. Vous voulez manger quoi ?
- Un truc simple, on s'en fout. L'important c'est qu'on mange tous ensemble.
- Toi tu me plais de plus en plus, déclare Ran avant de se diriger vers la cuisine, nous laissant seuls.
Je relève enfin la tête et lance un regard noir à Sanzu, qui me sourit en retour.
- Finalement...ça c'est plutôt bien passé. Tu avais raison en fait. Ton frère est cool.
- J'ai toujours raison, je répond avec un sourire suffisant.
- Mais bien sûr, mais bien sûr. Si ça peut te faire plaisir de le croire.
Il se penche vers moi, et pose ses lèvres sur les miennes, avec une joie non-dissimulée. Malgré mon humeur boudeuse, je lui rend son baiser, fermant les yeux pour mieux profiter de la douce chaleur qui me tiraille l'estomac, et de la sensation incroyable de sa bouche contre la mienne. Je ne m'en lasserai jamais.
Oui. Finalement tout c'était très bien passé.

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