Baji x Chifuyu

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- Aïe ! Ça pique ! Je m'exclame en reculant vivement.
Chifuyu lève les yeux au ciel et recommence à tamponner mon visage avec son coton.
- C'est de ta faute idiot. Si tu ne fonçais pas dans le tas sans réfléchir... Heureusement que j'étais là pour couvrir tes arrières.
- C'est parce que je savais que tu me couvrirai que j'ai foncé dans le tas, je m'explique.
- Dans ce cas je vais peut-être arrêter, soupire t-il. Tu te rends compte que notre sortie au cinéma est totalement partie en vrille, et que je suis en train de te soigner par terre, dans ma salle de bain à presque 22 heures ?
Je hausse les épaules. Moi tant que je suis avec lui, que ce soit au cinéma ou dans sa salle de bain ça me va. Je me redresse en grognant, étirant mes jambes toutes engourdies, et j'enlève mon tee-shirt, le jetant sur le bord du lavabo. Quand je me retourne, ma petite tête blonde me fixe avec un regard insistant, me dévorant littéralement des yeux. Je croise les bras avec un petit sourire en coin.
- Te gênes pas surtout, rince toi l'œil. La vue te plaît ?
Il rougit un peu et secoue la tête pour que ses cheveux tombent devant son visage, mais il ne détourne pas les yeux.
- Et alors ? demande t-il avec une petite moue, T'es mon mec, j'ai le droit.
Je me rembrunit aussitôt à ses mots et me détourne. Je m'appuie au lavabo et baisse la tête.
- C'est pas ce que tu dis à ta mère. Je suis ton mec quand ça t'arrange.
Pourquoi je ne peux m'empêcher de penser à ça ? Est-ce que c'est si grave qu'il n'assume pas notre relation ? Ça ne nous empêche pas de passer de bons moments ensemble.
- Baji...je...
Il soupire et passe ses mains dans ses cheveux dans un geste nerveux.
- Tu sais bien que c'est compliqué, finit-il d'une petite voix.
Je me retourne un peu trop brusquement, le faisant sursauter.
- Chifuyu merde ! Il n'y a rien de compliqué, si tu ne veux pas lui dire directement je te roule une pelle sous son nez et elle comprendra.
Il recommence à passer ses mains dans ses cheveux encore plus vite, se décoiffant totalement. Il ferme les yeux et inspire un grand coup, les lèvres tremblantes. Merde. J'y suis peut-être allé un peu fort. Le problème c'est que ma mère à moi à totalement accepté notre relation du premier coup, je ne lui ai jamais caché. Du coup je n'ai aucune idée de ce que peux ressentir Chifuyu en se moment même. Je m'accroupis à sa hauteur et pose mon front contre le sien.
- Eh ! Te mets pas dans des états pareil. Je suis un peu brusque, désolé. Mais j'essaie de comprendre. Qu'est ce que tu trouve compliqué ?
- Je sais pas... En ce moment...elle... Elle n'arrête pas de me demander quand est-ce que je vais lui ramener une petite copine. Elle devient super insistante...elle...elle s'imagine déjà sa future belle-fille, et moi je...je sais pas quoi faire...tu verrais les étoiles qu'elle a dans les yeux quand elle en parle...je...j'ai peur de la décevoir...de...de ne pas être comme elle l'aurait voulu.
Je sens qu'il est à deux doigts de craquer. Je l'attire à moi dans un geste doux mais ferme, posant sa tête sur mon épaule, et je me mets à caresser ses cheveux.
- Ok. Je comprends un peu mieux. Mais...tu ne pense pas que ce serait mieux de lui dire le plus tôt possible ? Plus elle se fera d'illusion et plus la réalité va frapper fort.
- J'en sais rien... Je suis vraiment désolé, renifle t-il contre mon épaule.
- C'est pas grave chaton. Mais moi, il va falloir que j'y aille. Je te laisse réfléchir à ça, ok ?
Je l'embrasse rapidement sur les lèvres, lui volant un baiser puis je me lève et récupère mon tee-short, sous son regard perdu.
- Tu t'en vas déjà ?
- Ça fait une heure que je suis sensé être rentré. Ça va aller ?
Il hoche la tête, alors je sors, refermant doucement la porte de la salle de bain. Je traverse cette maison que je connais par cœur, salut madame Matsuno avec le sourire et me faufile dans les couloirs de l'immeuble, pour remonter un étage plus haut, chez moi. Je me laisse tomber sur mon lit avec un long soupir. Cette histoire m'a coupé l'appétit, chose extrêmement difficile à accomplir vu mon appétit titanesque. J'attrape un cahier au hasard et essaie de comprendre ce qui me semble être des maths. Je ne sais pas trop, il y a des lettres en plus des chiffres. Sans grande surprise, je ne comprends rien et laisse tomber au bout de ce qui me semble être des heures... autrement dis cinq minutes.
Je me rabat sur ma console de jeux et enchaîne les parties, pour oublier. Je finis par me coucher parceque bon, faut qu'en même se lever demain. Je rumine ma colère, et surtout ma tristesse en me retournant dans mon lit. Pourquoi c'est si dur pour mon Fuyu d'avouer notre relation à sa mère ? Est-ce que c'est le fait qu'il soit homo qui lui pose un problème, ou est-ce que le problème c'est...moi ? Je suis pas assez bien pour lui ? J'ai conscience de ne pas être des plus intelligent, ni des plus délicat, ni des plus doux, ni des plus sympa quand on me connais pas, ni... Bon, j'ai conscience d'être un peu spécial, mais quand même...pas au point de faire honte à mon copain, si ? Je roule sur le ventre et ferme les yeux dans mon oreiller. Peut-être qu'il n'assume pas parce qu'en fait il ne m'aime pas. Je ne pense pas qu'il joue avec moi, ce n'est pas son genre. Mais peut être qu'il c'est rendu compte en se mettant avec moi qu'en fin de compte il ne m'aimait pas et qu'il n'ose pas me le dire par peur de me blesser. Et alors dans ce cas là ce serai logique qu'il ne veuille pas me présenter à sa mère en tant que petit ami. Et si....
Une sonnerie stridente retentit soudain, me faisant sursauter et me tirant de mon demi sommeil. Je regarde autour de moi un peu perdu avant que mes yeux ne se pose sur mon téléphone. Je grogne et lève les yeux sur les chiffres coloré de mon radio réveil. J'écarquille les yeux et souffle en reposant ma tête sur mon oreiller. Faut vraiment être barjo pour appeler aussi tard. Ou plutôt aussi tôt. Après l'heure c'est plus l'heure, moi je dors. Enfin non, mais... Bon merde. J'ai plus rien à perdre. J'attrape mon téléphone prêt à passer un savon à l'illuminé qui m'appelle au milieu de la nuit. Si c'est un vendeur téléphonique qui veut me refiler un tapis, je me renseigne pour savoir où il habite et je jure de cramer sa bagnole.
Je me calme instantanément en voyant le nom qui s'affiche sur l'écran. Je décroche avec un froncement de sourcil. Ce n'est pas normal qu'il m'appelle à cette heure.
- Fuyu ? Tu as vu l'heure qu'il est ? Tu devrais être en train de dormir là.
- ...
- Fuyu ?
Un reniflement se fait entendre à l'autre bout du fil, et je me redresse d'un coup dans mon lit.
- Tu pleures ? C'est quoi ce bruit derrière toi ? T'es dehors ? Tu vas bien ?
- Désolé je ne voulais pas te déranger.
- Non, non, non, on s'en fout, je m'écris tout à fait réveillé en enfilant un pantalon et un tee-short. T'es où là ? Dis moi et j'arrive tout de suite.
- ... Mais...non...désolé.
- Arrête de t'excuser, et surtout NE RACCROCHE PAS !!! T'es où ? Répond moi, je t'en supplie.
- ... Le parc...en face de notre immeuble.
- Ok. J'arrive tout de suite, attend moi.
Je raccroche et saute dans mes chaussures. Je cours dans le couloir et dévale les escaliers sans penser un seul instant au voisin du dessous qui doivent me maudire. Je sors dans la rue en courant, et me prends une drache incroyable. Il pleut à verse. Qu'est ce que Chifuyu fou dehors à cette heure et avec ce temps ? Ça ne fait que m'inquiéter encore plus. Je ne ralentit pas le rythme et arrive, essoufflé devant le petit square en face de chez nous. La pluie plaque mes cheveux sur mon front et dégouline dans mes yeux, réduisant considérablement ma visibilité. Je pousse la porte du parc et balaye l'espace des yeux. J'aperçois enfin Chifuyu, planté en plein milieu du square, la tête basse et le regard vide. Il est en tee-short à manche courte, totalement trempé. Je me remets à courir en l'appelant.
- Chifuyu ! CHIFUYU !
Il tourne la tête vers moi et me dévisage longuement. Alors que son absence de réaction commence vraiment à m'inquiéter, son visage se crispe soudain et un sanglot secoue ses épaules. Ses larmes se mélangent à la pluie et achèvent de tremper ses joues.
- Ha... Baji...
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et le serre contre moi, dans une étreinte qui, j'en ai conscience, doit à moitié l'étouffer. Il est glacé. Sa peau est froide, son tee-short trempé, et il tremble. Je le garde tout contre moi, essayant de lui transmettre ma chaleur à travers nos vêtements mouillés.
- Chifuyu, qu'est-ce qui c'est passé ?
Il ne répond pas tout de suite. Il enfouie sa tête dans le creux de mon cou et ses pleurs continuent, me parvenant en sanglots étouffés.
- Eh ! Prends ton temps, c'est pas grave, mais dis moi ce qui ne va pas. Quelqu'un t'as fais du mal ?
- ... Non...
- Alors qu'est-ce qui ne va pas ?
- ... Je lui ai dis.
Je fronce les sourcils. Il a dit quoi à qui ? Je ne comprends rien.
- Tu...lui as dit ? Je répète sans comprendre.
Il inspire un grand coup et me fixe avec un regard que je ne lui avait jamais vu. Un mélange de peur, de tristesse, mais aussi de fierté.
- J'ai dis à ma mère...pour toi et moi.
Je reste un instant sans réaction. Il faut le temps que ça remonte à mon petit cerveau. Il l'a dit à sa mère, il l'a dit à sa mère...il l'a... IL L'A DIT À SA MÈRE !
- Attends ! Tu as avoué à ta mère qu'on sortait ensemble ?!?
Il m'offre un léger sourire entre ses larmes.
- Ouais...
- Mais c'est génial ! Mais...attends pourquoi tu pleures du coup ? Ça c'est pas bien passé ? Je m'inquiète.
Son sourire disparaît aussi vite qu'il est apparu.
- Ça ne c'est pas vraiment mal passé... Quand je lui ai dit, on était à table. Elle a pâli d'un coup, et elle a arrêté de mangé. Elle m'a fixé pendant cinq minutes sans rien dire avant de me demander de répéter. Donc je lui ai redis qu'on sortait ensemble. Elle a juste dit "ho...je...je vois..." Puis elle c'est levée et elle est allé s'enfermer dans sa chambre. Et quand je suis allé la voir une heure plus tard, sa porte était fermée et je l'ai entendu pleurer. Je me sens super mal. Tu te rends compte ? J'ai fais pleurer ma mère.
Et il se remet à pleurer dans mes bras. Je pose ma tête sur la sienne et caresse ses cheveux tout en réfléchissant à la situation. En effet, ça aurait pu plus mal se passer, mais connaissant Chifuyu, c'était prévisible qu'il se mette dans un état pareil après avoir avouer la vérité à sa mère.
- Tu sais chaton, je ne pense pas que tu l'ai vraiment rendu triste. C'est sûr que si elle s'attendait à ce que tu lui ramène une jolie fille raffinée avec qui elle aurait parlé maquillage et fringue pendant des heures, et que finalement elle se retrouve avec un beau fils comme moi... Ça doit faire un choc. Je pense qu'elle a juste besoin d'un temps d'adaptation.
- Hum...
- Et quoi qu'il arrive, qu'elle valide ou pas ton choix, sache que moi je serai toujours avec toi.
Ma petite tête blonde me sourit et essuie son visage d'un revers de manche.
- Merci Baji. Je me sens un peu mieux. Je suis désolé de t'avoir appelé au milieu de la nuit juste pour ça.
- Mais arrêtes de t'excuser. Je suis content que tu m'en ai parlé. Par contre, j'ai pas mangé en rentrant chez moi, alors là j'ai vraiment la dalle. Viens on va manger des nouilles.
Il écarquille les yeux avant d'éclater d'un rire franc et léger.
- Mais Baji...il doit être minuit.
Je hausse un sourcil en croisant les bras, un petit sourire en coin.
- En fait il est deux heures du matin.
- Mais c'est encore pire !
- Et alors on s'en fout ! One life !
Je l'attrape par la main avec un grand sourire et nous nous enfuyons sous la pluie, loin de notre immeuble, de sa mère, de tous nos problèmes. Nous courrons à la lumière des lampadaires, avec pour seule témoin de notre amour la lune, ronde et brillante.

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