Daisy ne se souvenait pas avoir déjà vu quelque chose d'aussi beau. Enfin, avec le peu de souvenir qu'il lui restait, cela n'était pas très étonnant. De fait, la fête du nouvel an de M. et Mme Cartier était tout simplement somptueuse. Le couple n'avait pas regardé à la dépense et le résultat était tout bonnement à couper le souffle.
L'orage était passé, laissant l'immense jardin entourant la demeure étincelant d'une rosée givrée. Le manoir en lui-même semblait comme un château de conte de fée, tout en pierre blanche lustrée et dorures délicates. L'emblème de la famille Cartier, une abeille entourée de lys, trônait fièrement au-dessus de la porte, sculptée dans le plus beau marbre veiné d'or. Même les tuiles semblaient faites de ce précieux métal et brillaient à la lumière des flambeaux traçant le chemin jusqu'aux grandes portes aux poignées dorées.
Sa cape sur les épaules, Daisy ne put s'empêcher de frissonner face à la splendeur des lieux. Les yeux grands ouverts pour ne rater aucun détail, elle scrutait tout ce qui l'entourait avec un intérêt grandissant. Elle avait la sensation de plonger dans l'un de ces romans merveilleux que lui avait fait découvrir Mathilde. Louise à ses côtés était tout aussi éblouie par le faste des lieux. Si l'extérieure est aussi grandiose, songea Daisy en arrivant devant un homme en livrée blanche et or auquel Vincent présenta leurs cartons d'invitation, l'intérieur doit être encore plus merveilleux.
Et, en entrant dans la grande demeure, Daisy ne croyait pas si bien dire. Car si le grand hall qu'elle traversa avec les Delcourt lui avait paru spectaculaire avec ses colonnes d'albâtre, ses moulures et son sol en damier marbré, la jeune femme dut se rendre à l'évidence : la salle de bal où on les conduisit ensuite était encore plus belle.
Des tentures de velours bordeaux paraient les murs d'ivoire, un immense lustre de cristal trônait au centre de la pièce alors que juste en dessous s'étalait un parquet reluisant où de nombreux souliers vernis valsaient déjà au son de l'orchestre que Daisy découvrit sur une charmante petite estrade fleurie juste en face. Un buffet avait été installé au fond de la pièce alors qu'une immense statue de glace représentant un majestueux cygne à l'envol se dressait en son centre.
Daisy ne savait plus où poser le regard tant tout ce qui l'entourait réclamait son attention. C'était un lieu de toute beauté, digne d'un véritable conte de fée si bien qu'elle eut l'impression de rêver. Mais elle eut beau se pincer jusqu'à se faire monter les larmes aux yeux, Daisy ne se réveillait pas. C'était bien vrai, tout ce qui l'entourait était la pure réalité.
Elle en aurait pleuré de joie si tout le monde n'avait pas braqué leur regard sur eux à leur entrée. Les Delcourt traversèrent la salle avec assurance, Daisy essayant de suivre le plus dignement possible. Bien que sa robe fût nettement plus confortable et légère que tout ce qu'elle avait pu essayer, elle était terrifiée à l'idée de marcher sur sa si longue jupe et craignait de se tordre une bonne fois pour toute les chevilles avec ces talons si hauts en essayant de suivre le rythme imposé par Hélène et Vincent. Elle devait se concentrer pour ne pas faire de bévue et, ce faisant, ne remarqua pas tout de suite l'attention qu'on lui portait alors qu'ils se dirigeaient vers les Cartier au fond de la salle.
En découvrant les fragrances du festin devant lequel ils passèrent pour aller saluer leurs hôtes, Daisy comprit l'intérêt de la petite Emmie pour les desserts de ces derniers. Jamais, même au manoir, elle n'avait vu autant de macarons, petits fours et crèmes brûlées réuni au même endroit. Et si ça n'avait été que la quantité ! Leur présentation était un véritable chef-d'œuvre, un délice visuel que Daisy n'osait même pas toucher, manger encore moins alors que leur parfum lui donnait l'eau à la bouche.
Elle fut ramenée à la réalité par Raphaël qui, resté en retrait à côté d'elle, lui fit discrètement remarquer que le reste de la famille avaient déjà rejoint leurs hôtes. Le rouge aux joues, la jeune femme se dépêcha de les rejoindre, se promettant de revenir étudier tous ces délices plus tard. Elle songea même à en glisser discrètement dans son minuscule sac à main pour les filles avant de se donner des claques mentales. Ç'aurait été diablement mal élevé et avec sa maladresse, elle aurait eu tôt fait de se faire remarquer. Hors de question d'attirer plus l'attention que ça sur elle, encore moins de faire honte à Hélène et Vincent !
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Eugénie (en pause)
FantastiqueElle n'a plus de nom ni de passé Ses souvenirs envolés Mais le danger court toujours Prenez garde au triste amour. Trouvée aux abords de la Seine, frigorifiée, une jeune femme est recueillie par le vicomte Vincent Delcourt. Sans nom ni passé, le je...