Chapitre 11 : Les inquiétudes de Louise

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     Daisy avait l'impression de flotter sur un petit nuage en rentrant au manoir. Les souvenirs de cet après-midi chez les Piédelune flottaient encore vivement dans son esprit, ainsi que les mots de Francesca. Il tardait à Daisy de la revoir. Elle s'imaginait déjà parcourir les sentier fleuri des Tuileries à son côté, prendre le thé dans quelques salons de dame ou discuter, simplement, en parcourant les Champs Elysées.

     Louis en revanche, était d'un tout autre avis. Et alors que Daisy l'aidait à se changer pour passer sa chemise de nuit, elle ne cessa de ronchonner à propos de cette Francesca Crivelli qu'elle n'aimait décidément pas. Elle l'accusait de vouloir mettre le grapin sur son frère et puis c'est tout, encore une vipère qui devait courir après le titre de vicomtesse. Et leur mère qui l'adorait ! Et son frère qui lui faisait les yeux doux ! Louise en était on ne peut plus indignée.

     Ce spectacle avait ceci de comique que Daisy n'avait jamais vu Louise se montrer aussi véhémente envers quiconque. Plus qu'outrée par les propos de son amie, elle les trouvait même fort amusant et ne put s'empêcher de rire sous cape tout du long.

     – Pourquoi ris-tu ? l'accusa brusquement Louise en se retournant les joues gonflées comme une enfant. Comme c'est parti elle séduira Vincent et deviendra la nouvelle vicomtesse ! Non mais tu as vu son regard ? C'est presque comme s'il était déjà conquis, les hommes franchement ! Un joli minois et hop ! ils sont séduits ! Il n'y en a décidément pas un pour rattraper l'autre.

     – En quoi est-ce si mal ? demanda doucement Daisy en aidant Louise à boutonner sa chemise de nuit. Ton frère finira bien par convoler en justes noces un jour, tout comme toi.

     – Oui, mais pas avec elle !

     Louise se laissa lourdement tomber sur le rebord de son lit, les bras croisés sur sa poitrine. Ainsi, elle lui faisait penser à la petite Emmie quand elle faisait un caprice et que sa mère avait le malheur de lui dire non.

     – Tout serait plus simple si tu avais tes souvenirs, bougonnait-elle alors que Daisy ramassait sa robe pour la plier soigneusement. Tu aurais un nom, peut-être même un titre et une dot et tu te marierais avec lui !

     À ces mots Daisy ne put retenir un éclat de rire. L'idée même de se marier avec Vincent lui semblait si irréaliste qu'elle ne parvenait pas à s'arrêter de rire. Louise se retourna d'un bond, furieuse.

     Dans le couloir, et sans que les filles ne le remarque, Vincent s'était arrêté devant la porte en entendant les rires de Daisy. Son cœur avait fait un bond dans sa poitrine et il ne pouvait plus bouger, dévoré par une curiosité vorace de savoir ce qui la faisait tant rire.

     – Pourquoi ris-tu ? s'énerva Louise, sa voix montant dans les aigus. C'est une catastrophe !

     – Et en quoi est-ce une catastrophe ? lui rétorqua Daisy en essuyant les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Ils viennent à peine de se rencontrer ! C'est presque comme si tu disais qu'après notre rencontre, Mathias avait prévu de m'enlever à vous pour se marier avec moi.

     Louise parut encore plus horrifiée et se hérissa. De l'autre côté de la porte, le cœur du pauvre vicomte s'était soudainement arrêté. Daisy ? Partir avec Mathias ? Grand Dieu non ! Mais en y repensant... Non, il ne voulait pas y penser, même au souvenir de ce sourire qu'il l'avait vu arborer au bras de son meilleur ami.

     – Alors là, jamais ! pesta sa sœur et il ne pouvait s'empêcher d'opiner du bonnet à chacun de ses arguments. Tu entends ? Je refuse ! Mathias est le plus insupportable des cabotins, ne pars pas avec lui je te l'interdis ! Et n'en tombe surtout pas amoureuse, je te l'interdis encore plus ! Ce serais la plus horrible des trahisons et une véritable catastrophe !

Eugénie (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant