Chapitre 7 : Le musée du Louvre

27 1 0
                                    

     Daisy était déjà passé devant le palais du Louvre, admirant sa façade grandiose. Mathias lui en avait loué les splendeurs exposées mais n'avait encore jamais eu l'occasion de l'y conduire. Cet après-midi-là, en revanche, la jeune femme allait enfin pouvoir en découvrir les trésors. Si impatiente qu'elle était, Daisy s'imaginait déjà flâner entre les peintures de maîtres et les sculptures d'un autre âge, dans ce temple des arts où se mêlait tant de grands noms et de talents.

     Leur arrivée dans l'immense cour qui les séparait du palais se fit rapidement. Et, en descendant du fiacre, Daisy n'avait pu s'empêcher de s'émerveiller une nouvelle fois devant la grandeur de l'imposant édifice. Louise était si enthousiaste à ses côtés qu'elle se mit tout de suite à déblatérer tout un tas de commentaires sur l'histoire du célèbre musée, mais Daisy l'entendait à peine. Elle peinait encore à croire qu'elle allait bientôt arpenter ces célèbres couloirs et devait encore se pincer pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas alors même que la famille Delcourt et elle-même s'avançaient dans l'importante cour.

     Le bâtiment lui semblait plus grand et majestueux à chaque pas et une sournoise appréhension l'envahit bientôt, la faisant buter sur les pavés alors que la famille Delcourt et elle s'enfonçaient dans la marée humaine qui entourait déjà les portes en attendant leur ouverture. Jamais Daisy n'avait vu autant de monde rassemblé à un même endroit, si bien qu'elle dut s'accrocher au bras de Louise pour ne pas tomber tant elle en avait le tournis.

     Fort heureusement pour elle, les portes s'ouvrirent bientôt et un homme qu'elle identifia tout de suite comme le directeur des lieux annonça fièrement l'ouverture du musée. Presque aussitôt une nuée de personnes, habillés aussi bien de guenilles que de beaux atours, s'engouffrèrent dans le palais. De leur côté, la famille Delcourt ne bougea pas, laissant l'affluence se calmer avant d'esquisser le moindre geste.

     Le directeur qui s'était aussitôt écarté pour ne pas être emporté les rejoignit au pas de course. Un sourire radieux aux lèvres, il s'inclina devant Hélène qui le salua avec chaleur.

     – M. Vaillancourt, c'est un plaisir de vous revoir, souriait la vicomtesse alors qu'il se redressait.

     – Un plaisir partagé, affirma-t-il en retour avant de se tourner vers les jeunes gens qui l'accompagnaient.

     Le directeur intrigua tout de suite Daisy, que ce soit dans sa manière de s'exprimer élégante, son col à jabot d'un autre temps ou son costume de velours violet qui lui paraissait assez excentrique avec tous ces volants et ces broderies dorées. Il avait le regard rieur et vif d'une très jolie teinte bleue et des cheveux grisonnants élégamment rabattu en arrière. Les rides aux coins de ses yeux et sa barbe argentée bien taillée lui donnaient l'air d'un grand-père aimant qui plut tout de suite à Daisy. Et alors que le directeur badinait avec Hélène, s'émerveillant de voir comme les enfants avaient grandis, Louise se pencha sur Daisy.

     – M. Vaillancourt était un proche ami de papa, lui apprit-elle alors que le vieux monsieur éclatait d'un grand rire qui ne gêna nullement la vicomtesse. Son meilleur ami, oserai-je même dire. Avant il venait souvent à la maison pour discuter art et philosophie avec papa, mais depuis quelques années il est très pris par son travail. C'est dommage, car il nous manque beaucoup.

     Et en regardant le directeur discuter avec Hélène, son regard coulant régulièrement sur les enfants de cette dernière, Daisy fut certaine qu'à lui aussi ces visites manquaient. Car la joie qui transparaissait dans ses prunelles de les revoir ne semblait pas pouvoir effacer l'éclat de mélancolie qui y brillait. Et la tristesse qu'elle lisait alors en lui serra le cœur de la jeune femme. J'espère qu'après cette visite, il viendra plus souvent chez les Delcourt, se dit-elle en regardant Raphaël et Vincent rire avec le vieux monsieur. Emmie et Mathilde réclamaient également tant de son attention que les visiteurs qui continuaient de s'engouffrer dans le musée ne pouvaient s'empêcher de leur jeter des regards curieux. Ce tableau émut Daisy qui se sentit soudain de trop.

Eugénie (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant