-13-

32 6 16
                                    

Ezekyelle

Je marche à travers la ville en ajustant mes lunettes de soleil, profitant du soleil de midi. C'est rare qu'il fasse aussi beau en février. Le ciel est d'un bleu éclatant, sans un seul nuage. Pas une trace de cette foutue pluie habituelle. Juste une douce chaleur qui me caresse la peau, comme un cadeau inattendu. Je respire profondément. Après tout ce que j'ai traversé, ça fait du bien d'être dehors, seule, loin des embrouilles.

Ces dernières semaines ont été un vrai cauchemar. La mort de grand-mère, Lucy qui nous a trahies, et l'enlèvement de Dahlia. Des souvenirs amers qui flottent encore dans mon esprit. Mais je me répète que Lucy a eu ce qu'elle méritait. Je souris, satisfaite de l'idée qu'elle ait souffert avant de crever. C'est une maigre consolation après tout ce qu'elle a fait.

Quant à Dahlia... ouais, j'ai fini par lui pardonner. J'avais pas le choix, c'est la seule famille qu'il me reste. Et puis, elle ne contrôle pas ses sentiments. Elle n'a pas choisi Zaeill comme âme-sœur, c'est juste... le destin. Je ne peux rien faire contre ça. J'ai mes propres problèmes à régler.

Je sors de mes pensées en m'approchant d'une boutique de fringues. Celle où tout est toujours trop cher, mais tellement à mon goût. Sexy, audacieux. Je pousse la porte, le tintement de la cloche résonne dans le silence de l'après-midi. Les étagères sont remplies de vêtements qui crient mon nom. Mon regard tombe sur un haut noir, ajusté comme je les aime. Parfait. Sans réfléchir, je le prends et le fourre dans ma sacoche. Je fais de même avec quelques autres morceaux, un sourire en coin. Facile.

Je suis sur le point de sortir quand une voix m'interpelle.

« Où tu crois aller comme ça ? »

Je me fige, levant légèrement mes lunettes pour voir qui ose m'arrêter. C'est un employé du magasin, sûrement de mon âge, avec des cheveux châtains et des yeux d'un bleu glacé. Il a un air sérieux, ce qui me fait doucement rire.

« Il y a des rabais, mais ce n'est pas gratuit. »

Je hausse les épaules, l'air innocent, mais je ne peux m'empêcher de sourire malicieusement. « Et alors ? J'fais ce que je veux. Si tu crois que tu peux m'en empêcher. »

Il fronce les sourcils, visiblement peu impressionné. « C'est mon job que tu fous en l'air là. Si tu pars sans payer, c'est sur moi que ça retombe. Sois sympa, rends-moi ce que t'as pris. »

Je ris. Le pauvre, il pense vraiment qu'il va me faire plier avec ses petits airs autoritaires ? « J'ai pas d'argent. »

Il tend la main, impassible. « Alors rends-les-moi. »

Ça commence à m'agacer. Je fixe ses yeux, prête à faire mon truc. Il suffira d'un regard, juste un instant de contact visuel pour que je prenne le contrôle. Mais au moment où nos regards se croisent, rien ne se passe. Rien du tout. Il me donne même une petite tape sur le front, comme si j'étais une gamine.

« Quoi ? » Je recule, confuse et furieuse. « Putain, qu'est-ce qui... »

« Je suis télépathe. » Il pointe sa tête avec un petit sourire narquois.

Je grogne, frustrée. « Putain... »

« C'est ce que j'ai entendu, ouais. Mais ce don pourrait te servir si tu savais l'utiliser correctement. »

Ses paroles me font bouillir. Comment ose-t-il me parler sur ce ton ? Je lève les yeux au ciel et lui balance les vêtements volés au visage.

« Tiens, crétin. J'en voulais pas de toute façon. »

Je tourne les talons et sors de la boutique, la rage bouillonnant en moi. Ce type... Il va me le payer, tôt ou tard. Mais pour l'instant, j'ai besoin de m'éloigner, de reprendre le contrôle.

Anima Mate : DésirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant