Chapitre 2

1.3K 167 6
                                    

Je sors donc à contrecœur de mon bain et prends la serviette pour me sécher en quatrième vitesse. Une fois, habillée, une colère profonde monte en moi, ce connard va m'entendre !

J'ouvre violemment la porte et le retrouve dans ma chambre assis sur mon lit. Je le pointe du doigt :

- Qui êtes-vous ?

- Le gérant et maintenant...

Il jette les vêtements que j'avais pliés consciencieusement sur le plaid dans ma valise restée ouverte.

- ... Vous allez foutre le camp d'ici. Vous avez de la chance, il y a du réseau, alors commandez un taxi, ne comptez pas sur moi pour le faire à votre place ! Vous avez quinze minutes, pas une de plus !

Non, mais quel pauvre con. Le gérant ? Pas étonnant que l'hôtel soit dans cet état avec un mec pareil à sa tête !

Comme je ne bouge pas, il se lève. Du coup, il semble bien moins impressionnant que dans la salle de bain : brun, mince, il ne fait pas plus de 1 mètre 75.

- Vous avez besoin de vous concentrer pour comprendre les mots : complet et dégagez ?

Mais quel enfoiré, il faut que je mette les choses rapidement au point !

- Non, mais non. Je suis...

Il me coupe la parole et finit ma phrase.

- ... vous êtes désolée, voire confuse. C'est parfait. Maintenant, dehors...

Je ferme mes poings, vu sa taille, je pourrais facilement le mettre KO en deux prises de judo. Je dois respirer, contrôler mon corps, car en cet instant je ne suis pas en colère, je suis proche du pétage de plomb.

Soudain, j'entends des cris provenant de la chambre d'à côté, et quelques secondes plus tard, nous ne sommes plus deux, mais cinq dans la pièce. Sonia est tenue par le bras par un type qui lui mesure deux mètres cubes. Elle gesticule pour se défaire de sa prise, mais en vain.

Oups... là ça se corse. On va éviter le judo finalement.

- Il y en avait une autre à côté.

Une fille sublime est aussi présente, taille mannequin, cheveux de soie, regard bleue comme un ciel d'hiver, elle me dévisage avec morgue.

Le gérant se tourne alors vers moi :

- Vous êtes combien ?

- Allez vous faire foutre !

OK c'est parti tout seul, mais il l'a bien cherché tout de même.

Il se tend d'un coup, pendant qu'un silence extrêmement pesant tombe instantanément. Tout le monde est en apnée.

Et bien oui, je lui ai dit qu'il aille se faire foutre... ce n'est pas un drame non plus, vu comme il m'a traité.

Ses yeux se plissent et finissent par regarder mes poings.

Je me prépare mentalement à réagir, je sens qu'il va me sauter dessus.

Mais bizarrement, il se met à étirer un sourire vers la droite, et instantanément il y a moins d'électricité dans l'air.

Sonia prend la parole :

- Mais putain ! Ella, c'est quoi ce merdier !

C'est alors que l'armoire à glace relâche ma meilleure amie en disant :

- Ella ? Vous êtes Ella la petite fille d'Henri ?

Sonia se tourne vers lui en le pointant du doigt :

- Exactement !

Je m'approche du gérant qui ferme les yeux en comprenant sa méprise, je tiens à lui régler son compte une bonne fois pour toutes. Il n'y a pas idée de traiter les gens comme ça, qui plus est, lorsqu'on est responsable d'un hôtel de luxe.

- C'est quoi votre nom ?

Mais il ne se démonte pas, au lieu de me répondre, il plante ses pupilles dans les miennes pour dire :

- Vous restez donc ?

Il se fiche de moi.

- Je vous ai posé une question.

- Moi aussi.

OK, il y a de nouveau de l'électricité dans l'air, mais la faute à qui ?

- Je suis la propriétaire.

- Oui, je viens de le comprendre.

Il ne m'agace pas, il me rend folle de rage, on dirait qu'il le fait exprès.

- Alors je reste !

- Très bien, et vous voulez donc une chambre ?

- J'ai déjà une chambre !

Il hausse les épaules pour finir.

- D'accord.

Il décide de quitter la pièce en passant devant tout le monde qui n'ose plus rien dire.

Mais je ne compte pas en rester là.

- Hey ! Vous ! Le gérant !

Il se tourne et adopte un air mielleux tout à fait insupportable.

- Oui, patronne.

- Ne m'appelez pas patronne !

- Patron ?

- Arrêtez de vous foutre de moi.

- Comme vous voulez, patronne.

Il reprend son chemin à travers le couloir. Je le course dans les escaliers et jusqu'au comptoir. Finalement au bout de quelques secondes, tout le monde nous rejoint.

Le gérant se place devant l'ordinateur et me demande :

- Bon, vous voulez rester combien de temps ?

Il me sourit et cille. On dirait qu'il souhaite se débarrasser de nous le plus vite possible.

- J'en sais rien.

- Ha...

- Peut-être deux ou trois jours...

- C'est... court...

C'est fou comme il ne sait pas cacher sa joie, visiblement c'est exactement le timing qu'il espérait, limite un peu trop d'ailleurs.

- Et puis qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous n'allez pas me dire que l'hôtel est complet !

- Et bien, figurez-vous que si...

- Comment ça ?

- Un client. Ce client a réservé l'hôtel rien que pour lui.

- Et ça arrive souvent ?

- Non, c'est assez rare en fait...

Je me tourne alors vers lui un malicieux sourire aux lèvres :

- Ha... vous m'en direz tant... Et bien, c'est une excellente nouvelle, comme il n'y a personne, dès demain...

Je passe un doigt sur le comptoir, le retourne pour exhiber une belle pellicule blanche sous son nez.

- ...vous pourrez faire le ménage ici... on croule sous la poussière.

Il ferme l'un de ses yeux et respire un bon coup pour visiblement ne pas me répondre.

Je m'apprête à aller dans ma suite, mais avant, je me tourne vers celui qui semble être le cuisinier :

- Ce soir, nous dinerons ici. Faites-moi découvrir vos meilleurs plats. Vers 21h, c'est OK pour vous ?

- Heu, oui, madame.

- Parfait alors.

Je prends par la main mon amie et nous rejoignons nos chambres.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant