Prologue

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Un taxi file dans la nuit, nous roulons depuis plus de 3 heures non-stop.

- Excusez-moi monsieur, mais c'est encore loin ?

Le chauffeur me jette un regard dans le rétroviseur intérieur, avant de dire.

- Un bon quart d'heure...

Mais je consulte la carte de mon téléphone portable, tout cela est bien étrange, il n'y a pas beaucoup de kilomètres qui nous séparent de l'hôtel.

- Vous êtes sur ? Je vois qu'il y a à peine cinq bornes jusqu'à notre arrivée.

Il se met à nous sourire.

- Mesdames, vous allez vite comprendre.

Sonia, ma meilleure amie qui a eu la gentillesse de m'accompagner prend la parole.

- Comprendre quoi au juste ?

Soudain, la voiture bifurque sur un chemin de terre et la route devient quelque peu chaotique.

Nous lâchons toutes deux un petit : houla, avant de nous regarder en manquant de bouffer de rire.

- OK, bon, c'est clair maintenant, en effet. Vous n'allez pas nous dire que c'est comme ça, jusqu'à notre arrivée, tout de même.

Notre chauffeur, petit chauve un peu grassouillet, soupire avant de me répondre :

- Et bien oui. C'est comme ça. Quelle idée de choisir le pire hôtel de la région !

Pourtant, je dis du tac-o-tac avec une certaine fierté :

- Je viens d'hériter de cet hôtel, alors, c'est normal de vouloir y aller...

Il se met à siffler dans le vide.

- Et bien, ma p'tite dame, j'espère que vous avez les moyens.

- Que voulez-vous dire ?

- Vous vous en rendrez compte par vous-même. Depuis plus d'un an, je n'ai jamais conduit personne ici. Pourtant, j'en vois passer des touristes, tout le monde sait qu'il ne faut pas y mettre les pieds. C'est même sur les réseaux sociaux...

Je n'ose pas répondre et me terre dans le silence. Je sens alors une main qui se pose sur la mienne.

- Ne t'inquiète pas Ella, tout va bien se passer. Ton grand-père a tenu cet établissement durant toute sa vie et je suis sure qu'il n'est pas à l'abandon comme il l'affirme.

- Sonia, je n'en sais rien. Je découvre tout au coup par coup en ce moment.

- De toute manière, tu es juste là pour faire l'état des lieux et voir combien tu peux en tirer, non ?

- Oui, tu as raison, c'est certain. En fait, pour tout te dire, je n'y comprends rien.

- Comment ça ?

- Mon grand-père a absolument tenu à ce que ce soit moi qui hérite de son hôtel, c'est étrange n'est ce pas ? Sachant qu'il a un de ses fils qui habite dans le coin. Pourquoi moi ? Je l'ai trop peu connu. La dernière fois que je l'ai vu, c'était il y a des années chez maman. En plus, je suis la dernière personne à pouvoir gérer un hôtel. Je te rappelle que je suis experte en art et pas hôtelière. Alors que mon oncle, lui, possède déjà un restaurant et un établissement de nuit dans le coin. Il aurait pu le lui léguer, sachant que lui était largement capable de s'en occuper.

- Oui vu sous cet angle, c'est étrange. Mais, il devait avoir ses raisons.

- J'aurais dû accorder plus de temps pour ma famille et maintenant qu'il est mort, c'est trop tard. Je n'arrête pas de me dire que mon travail n'a pas arrangé les choses. Tous ces voyages... il y a des moments où je passe plus de temps dans les avions que chez moi.

Je regarde par la fenêtre, le soleil est déjà en train de se coucher derrière les arbres.

- Te rends-tu compte Sonia : je n'étais même pas présente à son enterrement et lui, il a pensé à moi.

- Ce n'est pas de ta faute, tu étais à Los Angeles.

- Mais n'y a-t-il pas des priorités tout de même ?

- Tu es la fille la plus intelligente que je connaisse, tu fais carrière, et bien soit. Il n'y a pas de mal à ça.

- Tu as sans doute raison, et maintenant je suis propriétaire d'un hôtel à l'autre bout de la France...

Et d'un coup, Sonia lance un :

- Et un putain d'hôtel... de dingue. Regarde ! Il est hallucinant !

C'est alors que je me tourne vers le bâtiment, j'ouvre la bouche et n'en reviens pas.

- Mais, mais, c'est un château !

- Tu ne le savais pas ?

- Ben non, je pensais que c'était un petit hôtel, mais alors là ! C'est fou...

La voiture stoppe devant l'entrée et nous tardons à sortir de celle-ci tant notre surprise en complète.

- Mesdames ? Ce n'est pas que, mais je suis fatigué, j'ai besoin de rentrer chez moi.

- Ha, heu oui, pardon...

Je paye le chauffeur qui avant de partir nous demande une dernière fois.

- Vous êtes sures que vous voulez rester ici ? Je connais un autre hôtel dans le coin, si vous préférez...

- Oui monsieur, ne vous inquiétez pas.

Il hausse les épaules.

- Parfais, comme vous désirez. Et au fait, ne vous fiez pas au panneau. Ils mettent ça pour dissuader les voyageurs.

- Quel panneau ?

Il me montre la pancarte à moitié déglinguée où il y a marqué : Complet.

- Ha, heu d'accord.

Puis il démarre et nous abandonne avec nos valises au pas de la porte.

Nous regardons tout de même avec une certaine appréhension la voiture disparaitre dans la nuit.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant