Chapitre 9

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Cela fait deux jours que je n'ai pas vu mon gérant, à en croire Alice, il y aurait eu un décès dans sa famille, mais j'ai comme l'impression que l'on me mène encore en bateau.

J'ai finalement pris la décision de louer une voiture, ce sera bien plus simple pour me déplacer, surtout, que je n'ai pas eu de nouvelles de mon oncle et je compte bien aller le voir ce soir.

Il est 21h et je pénètre avec jalousie dans son restaurant bondé.

Si seulement, nous pouvions avoir le dixième de sa clientèle, ce serait déjà formidable. Nous avons encore un client unique en ce moment, il ne quitte pas sa chambre et a, lui aussi, réservé l'intégralité de l'hôtel.

Lorsque je l'ai appris, je me suis énervée contre Alice, et je lui ai dit que j'avais appelé l'office du tourisme qui m'a promis de nous envoyer du monde prochainement. Alors, si nous avons que des clients qui privatisent l'hôtel, nous ne pourrons ni les accueillir ni relancer l'établissement !

Je dois dire, que Matt et elle, font des efforts pour tenir un peu les lieux, alors pourquoi se priver bêtement de cette clientèle.

J'avance pas à pas dans le lounge et retrouve mon oncle au bras d'une belle brune qui doit bien avoir mon âge. Dès qu'il me voit, il lui demande de partir et vient me saluer à renfort d'accolades chaleureuses.

- Ma chère nièce, comment vas-tu ?

- Très bien et toi ?

- Magnifiquement... Je t'offre un verre ?

- Non, merci, je suis en voiture, je ne dois pas.

- Tu es une fille en or, tu sais.

J'hésite, mais finalement attaque le sujet de front.

- Francis t'a parlé de mon souhait de garder l'hôtel et de le relancer ?

- Ha, la jeunesse... Oui, je suis au courant et je pense que c'est une bêtise, tu n'es pas du métier. C'est trop lourd pour toi.

- Mais je ne suis pas seule, il y a William... et... les autres...

- Ton gérant ? Celui qui n'entretient absolument pas le château ?

- Oui, mais maintenant que je prends les choses en main, il y a du renouveau. J'ai fait venir une entreprise de jardinage et ils m'ont fait un devis. Regarde.

Il saisit la feuille et la lit rapidement.

- C'est cher, mais bon, je sais que ce sont les meilleurs de la région.

- Justement, je voulais te demander un service.

Il m'écoute plus attentivement maintenant. OK, je dois me lancer, c'est le moment... Je racle ma gorge et commence :

- Peux-tu me prêter de l'argent ?

Il pose alors son verre et me regarde tristement.

- Ma nièce, j'aurais voulu sincèrement te donner un coup de pouce, mais je ne peux pas.

- Mais tu m'avais dit que tu étais prêt à l'acheter ?

- Oui, et j'aurais revendu des actions pour te libérer de cette ruine, mais là, je ne peux pas t'aider. Je n'ai pas de liquidité, de plus j'ai eu un revers boursier cette semaine.

Je fais la moue.

- Bon, ce n'est pas grave. Je comprends... Tu connais un banquier à me présenter ?

Il me prend par les épaules et me conduit vers une table.

- Oui bien sûr, je vais te trouver les contacts que tu recherches, ils t'aideront mieux que moi, j'en suis certain.

J'ai finalement diné dans le restaurant de mon oncle, il a de nouveau tenté de me raisonner, de me dire que je n'allais pas y arriver, que je devrais laisser tomber. Pourtant, ma décision est prise, rien ne me fera changer d'avis, mon grand-père ne m'a pas fait hériter par hasard, il avait confiance en moi.

Il est tard et je salue mon oncle sur le parking.

- Ella, je compte sur toi pour réfléchir à toute cette histoire.

Je l'enlace.

- Oui, je te promets.

- On se voit bientôt.

Je m'assois dans la voiture, et lui fais un dernier signe avant de prendre la route du retour. Le son de la radio à fond, je tape en rythme sur mon volant quand je m'arrête à un feu rouge. Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que l'homme qui vient de traverser ressemble étrangement à William.

Il est de dos maintenant et le feu passe au vert, mais comme je traine à avancer, on klaxonne.

Mais qu'est-ce qu'il fiche là celui-là ? Je croyais qu'il était à un enterrement ?

Je vois la silhouette tourner dans une ruelle sans issue.

- Alors ! Vous ne pouvez pas avancer ? Vous êtes en panne !

Me hèle le conducteur qui vient de s'arrêter à ma hauteur.

Je pensais qu'il ne devait rentrer que demain soir ? Il se fiche encore de moi, ma parole.

- Hey !

Je finis par prendre conscience de mon voisin d'à côté.

- Quoi !

- Vous êtes en panne ? Pourquoi vous n'avancez pas ?

- Heu, ha... pardon... J'étais dans la lune...

Il souffle et démarre en trombe.

Durant tout le reste du trajet, j'essaye de savoir si c'était bien lui que j'ai vu.

Oui, j'en suis certaine, sa taille, cette façon de marcher ... tout correspond.

Je me gare sur le parking de l'hôtel et retrouve dans le hall Alice.

- Bonsoir, dites-moi, William est rentré ?

- Non, il ne rentrera que demain soir.

- Mais, je jurerais l'avoir vu ce soir en ville.

- Vous faites erreur, il est bel et bien toujours à plus de 1000 kilomètres d'ici.

- C'est étrange tout de même... Bon, d'accord, je vous crois.

- Je vous laisse, bonne nuit.

- Merci, vous aussi.

MB MORGANE - Mon gérant est un pauvre #%@$! [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant