♐︎ Chapitre 21

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                  Abrités partiellement à l'intérieur du vieux cabanon qui longeait la rivière, Felix et Minho - qui avait repris conscience -, observaient silencieusement le paysage asservie par la pluie diluvienne qui ravageait le domaine avec une puissance impressionnante. Tous deux assistaient, la mort dans l'âme, au déferlement de la nature sur un paysage brisé au bord du gouffre. Un parfait tableau de désolation. D'un monde ravagé. A l'image de leur propre existence.

Devant la porte ouverte, Felix frissonna en entendant les bourrasque de vent heurter vigoureusement les parois de bois de leur abris misérable. Les planches tremblaient. La structure grinçait comme si elle s'apprêtait à se faire emporter.

Nerveux, Felix resserra machinalement le sweat offert par Changbin autour de ses épaules pour se réchauffer. L'eau continuait d'imbiber le tissu mais ça n'avait pas d'importance. Au point où il en était, le moindre réconfort le satisfaisait. L'odeur du noiraud imprégnait le tissu. Apaisante. Douce. Felix l'inspira un coup pour s'apaiser. Son regard scrutait inlassablement le manoir d'un air soucieux, grinçant des dents inconsciemment en refoulant le tambourinement bruyant des battements de son cœur. A la recherche de mouvement. A l'écoute d'un cri. Tout en transmettant sa force au noiraud. Dans l'espoir de le protéger. En priant le ciel qu'on lui rende son ami – son amour – en un seul morceau. Il conservait entre ses lèvres une quantité de confessions qui n'attendaient que d'être transmise. Des aveux. Des promesses. Il lui restait tant de choses à dire à Changbin que l'attente en devenait insupportable. Et interminable.

Pour ne rien arranger, Minho choisi de garder le silence depuis son réveil, en proie à ses propres tourments, et laissa ses yeux errer sur le paysage. Son visage demeurait sans expression. Un masque d'impassibilité. Une ombre sans vie qui contenait à grand peine sa peine de cœur. Dans ces circonstances, Minho aurait voulu ne pas se réveiller. Faire face à toutes ces morts, tout particulièrement celles d'êtres cher, lui était tout bonnement insupportable. 

Felix partageait son chagrin. Les mots manquaient pour exprimer la tragédie qu'ils vivaient. Comment se remettre de ça ? Felix ignorait en être un jour capable. Il se sentait presque ingrat et égoïste de vouloir échapper à son sort quand ses autres compagnons n'avaient pas eu les mêmes chances. Pourtant il guettait avidement le retour de Changbin. Dans l'espoir de sauver sa peau et pouvoir pleurer , et rendre hommages aux morts en compagnie de ceux qui restaient. Afin de continuer encore un peu son chemin. Avec celui qu'il aimait. Ces pensées, ces désirs égoïstes se mélangeaient dans son esprit. Il se cramponnait désespérément à cet instinct de survie qui lui permettait de ne pas réfléchir. D'agir. Il serait toujours temps plus tard de remettre de l'ordre dans ses sentiments.

Du mouvement se fit enfin remarquer au niveau du manoir, faisant lever la tête du blond, avide de voir le visage familier du noiraud. La silhouette se déplaçait en boitillant sur le sol boueux, se protégeant un peu inutilement de la pluie qui s'abattait sur lui. Et il n'était pas seul.

┊✘┊ 𝗟𝗲 𝗺𝗮𝗻𝗼𝗶𝗿 𝗖𝗵𝗮𝘀𝘁𝗲𝗿𝘀𝗵𝗶𝗿𝗲 ┊✘┊Où les histoires vivent. Découvrez maintenant