Les enfants de Samhainn : L'éveil

Manipulation civile

Bataille qui peut être frontale ou plus insidieuse. 

L'air semblait chargé en cette matinée d'hiver. Le temps filait à toute allure et les choses commençaient à se gâter. Kaïbern savait que son jumeau n'était pas innocent dans cette histoire, mais il ne pouvait pas décemment lui apposer tous les torts. Les deux devins restants l'avaient prévenu que du sang serait versé, mais il ne voulait pas s'y résoudre. Pour lui, il allait trouver une alternative. Du moins, c'était ce qu'il espérait. Une autre guerre serait vaine. Cela ne ferait que donner raison à ces humains qui les traitaient de monstres. De nouveau dos au mur, il avait trouvé une nouvelle parade. Hélas, il ne saurait combien de temps il pourrait maintenir son navire à flots.

D'un côté, il devait affronter son propre frère qui montait une armée de créatures surnaturelles. Il n'était pas dupe. Tous ces humains tués en l'espace de trois mois ne pouvaient pas être attribués au pur hasard, ils avaient une origine plus que déplaisante. Tenter d'apaiser son frère relevait en un véritable supplice car il ne pouvait pas utiliser sa magie pour le soumettre à sa volonté, cela aurait été trop simple. Leur sang gémellaire les empêchait l'un comme l'autre de se lancer des sorts de manipulation mentale si bien qu'aucun ne prit l'avantage sur l'autre. Ils étaient issus d'une même souche, au regard de la magie, ils ne pouvaient se diviser. Hélas, les choses ne s'avéraient pas si simples. Contrôler son frère devenait donc une bataille éreintante. A défaut de l'empêcher de mettre en place ses pions, il était parvenu à lui faire promettre de ne pas utiliser ses dons. Ces deux bicentenaires possédaient une science redoutable de l'art magique et le laisser déchaîner sa fureur aurait signé l'arrêt de mort de la race humaine. Kaïbern considérait donc que tenir son frère en laisse relevait de l'exploit. Cependant, cela ne parvenait pas à le tranquilliser sur la suite des évènements car son autre ennemi s'agitait de plus en plus.

D'un autre côté, le châtain devait gérer leur ennemi de toujours : l'humain. Ce dernier inventait toujours de nouvelles manières de persécuter les siens. Pour l'heure, il ignorait s'il s'agissait juste des sorciers ou si toutes les créatures magiques seraient visés par leurs chasses incessantes. Eux qui prétendaient avoir évolué et muri retombaient dans leurs vieux travers. Réemployant presque les mêmes méthodes, ils se montraient aussi voraces et cruels que leurs ancêtres. Leur échapper ne serait pas une mince affaire et il en était conscient. Pourtant, il n'allait pas abandonner les siens pour si peu.

Durant plus d'une semaine, il avait réuni les sorciers les plus compétents de chaque ethnie connue résidant à Seattle. Ensemble, ils avaient formé un breuvage unique qui permettait aux créatures surnaturelles de dissimuler leur aura magique, ce qui leur permettrait de se sosutraire à tous les radars que les humains pourraient inventer. Le seul effet secondaire demeurait la perte momentanée de ses dons magiques. Entre cela et mourir, le choix était vite fait. De plus, ceux qui parvenaient le moins à se cacher au sein de la population humaine avaient élu domicile dans le bar Sous les apparences. Le sous-sol de ce dernier s'était transformé en hospice où chacun pouvait trouver un coin où se loger.

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les créatures les plus insolites et difficiles à préserver n'étaient autre que les Wendigo. Reclus en famille dans des cavernes, ils chassaient deux à trois fois par an pour se sustenter avant d'entrer dans une période d'hibernation. A leur réveil, ils avaient les restes de leur dernier repas. En temps normal et à quelques exceptions près, ces disparitions passaient inaperçues et les Wendigo pouvaient manger à leur faim. Quand ils se sentaient chassés, ils changeaient de territoire ou se régulaient davantage. En tout cas, ceux qu'aidait la communauté magique ne commettaient nul massacre comme ceux contés dans les légendes. Ils se contentaient de chasser une dizaine d'humains pour une trentaine de créatures. Néanmoins, en période de grande alerte et de méfiance générale, ils étaient les premiers à subir les assauts injustifiés et les traques sans répit. Les Wendigo se repliaient alors sur eux-mêmes en se terrant dans des grottes de plus en plus profondes. Ceux qui y parvenaient se faisaient dévorer ou ils achevaient ceux qui cherchaient juste à se protéger. Les Hommes pouvaient se montrer sans pitié.