Funeste destinée

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Non, la promesse d'une horrible tragédie ! TW : mort violente.

A la suite de ce message, Kaïbern demeura tremblant et désorienté. Sous le choc, il ne parvenait pas à prendre conscience de l'ampleur de la catastrophe déclenchée par son jumeau. C'était officiel, la guerre éclatait et il n'était pas parvenu à l'en empêcher. Encore une fois, il n'avait pas su gérer les agissements de son jumeau. Quelque part, il se sentait trahi, l'aîné ne s'attendait pas à ce que son cadet répliquât aussi vite. Pourtant, ce qui lui faisait mal, c'était cette hésitation qui résonnait au fond de son cœur.

Dans les tréfonds de ses entrailles, un doute imperceptique tentait de lutter contre son pacifisme légendaire. Une graine qu'avait semé son frère car il était vrai, ils avaient vu trop d'horreurs. Justement, en rajouter ne ferait qu'attiser la terreur et le malheur, mais si la guerre était inévitable ? Et si tous ses efforts n'avaient servi à rien ? Si le modèle de paix qu'il investissait depuis si longtemps n'était qu'une duperie ? S'il se fourvoyait depuis le début ? Et si son entêtement coûtait à ses semblables parce qu'il ne les avait pas assez préparé ?

Le châtain soupira et fit tout pour éteindre ce murmure qui hantait ses pensées. A ce stade, il ne pouvait plus se permettre de douter. Il connaissait Kaleb, s'il lui montrait le moindre doute, il saurait le convaincre comme il avait toujours su le faire. Kaïbern lui reconnaissait ça : son frère était un excellent orateur. C'était pour cela qu'il était si dangereux et que son appel ne resterait pas sans réponse. Kaïbern n'était pas naïf, il avait pris connaissance des plans de bataille de son cadet. Il connaissait tout dans les moindres détails et s'efforçait de tout détruire. Hélas, leurs forces de persuasion et de stratégie s'égalait. Aucun des deux ne surpassait l'autre et cela perdurait depuis près de cinq siècles.

Kaleb avait raison sur un point : ensemble, ils se raient imbattables. Unis, ils pouvaient plier le monde à leur volonté et cela effrayait le sorcier. A force d'avoir vécu, il avait constaté que le pouvoir rendait fou et poussait aux pires atrocités. Cette folie tant humaine que surnatruelle lui avait déjà trop coûté, il ne pouvait perdre davantage. Il ne pouvait pas perdre son frère, mais il devait choisir entre lui et l'avenir de leur communauté. Il lui avait fait un serment et pour la première fois, il songeait à le rompre. Il n'avait plus le choix, il l'avait trop averti sans être écouté. Cette fois, il allait être pris au sérieux. Il le fallait sinon, son frère deviendrait ingérable et incontrôlable.

Kaïbern poussa un second soupir. Tandis qu'il enfilait sa veste pour rendre une visite de courtoisie à son frère, il rongea ses freins car il lui en voulait. Cela ne lui arrivait pas souvent, mais une haine indicible se mua contre son jumeau. A cause de lui, il devait faire tout ça, il devait jouer le rôle du méchant et sévir. Leurs parents n'étant plus là pour s'occuper d'eux, il avait pris le rôle de la personne adulte et raisonnable tandis que son cadet demeurait l'éternel rebelle. Aujourd'hui, cela le fatiguait et l'effrayait. Il avait peur de ce que pourrait faire son alter ego au nom de ses idéaux. Après tout, lui-même était prêt à l'enfermer pour pouvoir préserver la paix et ce n'était là qu'une procédure non-violente. Il n'osait donc pas s'imaginer ce que pourrait faire un sorcier aussi puissant et déterminé, prêt à user de violence sans aucune hésitation. Kaïbern se demandait quand il avait atteint ce point de bascule où son frère était devenu une réelle menace à stopper à tout prix. Quelque part, il se sentait responsable de l'état de Kaleb.

Il se disait qu'il n'avait peut-être pas été assez présent. Il se demandait s'il avait toujours été aussi compréhensif qu'avec les jeunes sorciers qu'il prenait sous son aile. Craintif d'avoir été trop obtus et exigeant, Kaïbern s'interrogeait sur son implication dans la situation actuelle. Dire que s'il était parvenu à convaincre la procureure, tout cela ne serait qu'un souvenir lointain. Il avait échoué et il devait subir les conséquences de son échec. Kaïbern devait faire en sorte que son frère fut hors d'état de nuire sans lui faire le moindre mal et il savait comment procéder.

Les enfants de Samhainn : L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant