De mauvaises augures

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Que la lumière fut pour obtenir des renseignements qui pourront nuire au camp des pacifistes !

Deux semaines étaient passées depuis la révélation des jeunes devins et le mois de novembre recouvrait les alentours de son manteau immaculé. Le lac et la mer devenaient gelés tout comme l'eau qui affluait et refluait dans la fameuse crique qui était devenue le point de repère du trio de devins. Malgré le froid qui y régnait, ils n'avaient pas abandonné le lieu. D'épais habits et un sort pour réchauffer leur environnement rendait l'endroit beaucoup plus accueillant. Toujours désert, personne ne s'était inquiété de leurs escapades tantôt diurnes tantôt nocturnes. Même la sœur jumelle d'Aileen n'osait pas lui demander où elle passait lorsqu'elle ne parvenait pas à la trouver durant des heures. Malgré ce lien qui les unissait, elle ignorait où se rendait sa sœur. Ou plutôt, elle ne cherchait pas à le savoir tant que son aînée ne se retrouvait pas en danger.

Ces rendez-vous secrets leur donnaient l'occasion de mettre au point leur plan pour retrouver cette héritière dont ils ne savaient rien. Chacun de leur côté, ils avaient tenté de retrouver des indices qui pourraient les mener à cette personne qui changerait tout. Aileen avait fouillé tous les livres de sorcellerie qu'abritait la grande bibliothèque qui se trouvait dans l'aile ouest du premier étage de son manoir familial, mais en vain. Parmi ces centaines d'ouvrages qui y résidaient, nombreux étaient ceux qui parlaient de sorcellerie. Elle avait pris en note ce qui pourrait éventuellement leur servir, mais elle ne pensait pa que ce serait vraiment utile. Kalliope avait posé de nombreuses questions à l'une de ses grands-mères sous prétexte de vouloir en savoir plus sur les origines de la magie. Hélas, tout ce que cette aïeule lui racontait relevait du monde grec et la jeune sorcière savait que ce n'était pas de ce monde-ci qu'émanait l'être qu'elle recherchait. Par pure politesse, elle avait écouté tous les contes qui lui avaient été raconté, un long réquisitoire sur Circé et ses pratiques qui avaient été maintes fois qualifiées de malédictions. Quelque fois, elle s'était endormie, mais elle avait fait tous ses efforts pour rester alerte aux récits de son aînée. Pas plus avancée que cela, elle avait espéré que ses deux compères avaient davantage avancé. Enfin, Manfried allia les anciennes et nouvelles sources de connaissances pour arriver à ses fins. Son premier réflexe, en tant que bon adapté à ce nouveau siècle, fut de se rendre sur Internet. Réquisitionnant l'ordinateur familial qui se trouvait dans le salon, il faisait en sorte de se connecter quand personne n'était dans les parages car il ne fallait surtout pas qu'ils furent au courant de ce qu'il tramait. Cependant, cela ne l'aida pas. Pas plus que les librairies spécialisées dans l'occultisme que seuls les sorciers connaissaient. Des repaires secrets qui se fondaient dans le reste du paysage défavorisé de Seattle. Ce coin paumé dans lequel aucun politicien sensé ne viendrait mettre les pieds. Chacun connaissait les limites du pouvoir humain qui ne volaient pas haut.

Au final, ils arrivèrent tous à la même conclusion : seuls, ils n'arriveraient à rien. Face au constat de cet échec, il ne leur restait plus beaucoup d'options à mettre en place. Manfried ne voyait pas ce qu'ils pourraient faire. Kalliope avait alors proposé de s'adresser aux prêtres de leurs covens, mais cette proposition avait entraîné un long et fastidieux débat. Le jeune homme était clairement contre cette idée car il pensait qu'impliquer le moins de personnes possible demeurait la solution la plus viable. Surtout qu'il pensait qu'engager trop de confrères et consœurs risquerait de créer une vague de panique. Cet argument faisait force de loi car il n'était pas dénué de sens. Vu ce qu'ils avaient vu, il fallait éviter tout affolement au sein de leur communauté. De son côté, la grecque aux yeux bleus affirmait que se taire sur le sujet ne les avançait à rien et que ceux qui les côtoyaient devraient être au courant de cet accident qui pourrait advenir. Et au milieu de ces deux avis, il restait Aileen qui ne savait quel camp adopter car son instinct la tirait tantôt vers l'un, tantôt vers l'autre. Mitigée, elle ignorait ce qui valait le mieux. Les deux gladiateurs se tournaient vers elles pour savoir qui remporterait ce duel, mais elle haïssait cette position. Rendre un verdict ne lui allait clairement pas, elle ne voulait pas donner tort à l'un ou l'autre partie. Trancher un litige n'avait jamais été sa spécialité. Pour ne pas avoir à effectuer cette tâche laborieuse, elle choisit un nombre entre un et cent et établit que celui qui donnerait le nombre le plus proche serait écouté.

Les enfants de Samhainn : L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant