Du meurtre à la rédemption

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Un murmure perce l'obscurité et permettra à Ava de suivre sa destinée.

ATTENTION : Ce chapitre contient plusieurs scènes détaillées de meurtre.

La fête nationale avait eu un goût amer pour ceux qui résistaient à l'oppression humaine depuis déjà un bon mois. Pourtant, il leur fallut encore deux semaines pour obtenir tout le soutien dont ils avaient réellement envie. Le champ de bataille s'étendait aussi bien dans les villes que dans les campagnes et ne semblait connaître aucune frontière. Des baraquements étaient montés à la hâte et les pauvres humains tentaient de défendre leurs positions, mais ils se retrouvaient rapidement dépassés. Dans ce chaos morbide, Ava déambulait entre les différentes tentes de son camp, prête à contribuer là où il y avait besoin d'aide. Après le solstice d'été et l'horrible massacre qu'elle avait regardé aux informations, elle avait coupé les ponts avec tout son entourage humain. Même avec lui car il faisait partie de ses ennemis.

Ava avait choisi de renoncer à sa vie idyllique qui lui semblait si fausse. Elle qui avait tout fait pour rester en dehors du conflit, elle avait rapidement compris que cela lui serait impossible. Elle l'avait saisi le jour où elle avait vu un enfant loup-garou agoniser devant elle et qu'elle s'était précipitée à son secours sans réfléchir une seule seconde. Elle s'était fiée à son instinct qui lui avait hurlé de sauver une existence car elle en était capable. Que ce fût avec des plantes ou des sortilèges, elle était à même de pouvoir soigner des plaies plus ou moins importantes. Seuls les morts ne pouvaient être ramenés à la vie, elle faisait donc en sorte d'intervenir avant que l'âme ne quittât le corps des blessés pour toujours.

Contrairement à ce qu'elle avait cru, ce rôle lui convenait parfaitement. Parfois, elle devait réapprovisionner un campement en eau, en nourriture ou en vêtements, cela lui déplaisait quelque peu car elle devait traverser des chemins parallèles aux combats et voir des cadavres de personnes qui avaient tenté de fuir le début du conflit. Pourtant, c'était impossible, l'instigateur de ce drame s'en était assuré. Il était certain que tout le monde devrait choisir son camp et s'y tenir jusqu'à ce que tout fut fini. Malgré quelques remords, elle avait fait son choix et ne pouvait plus revenir en arrière. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était vivre avec en priant pour que ce ne fût pas une terrible erreur. Elle le pensait par moment quand il lui manquait trop et que la douleur de son absence était insurmontable. Dans ces moments de doute, elle se rappelait le nombre de ses pairs qu'elle avait pu sauver et qui seraient décédés sans son intervention. Cela la confortait sur la nécessité de sa présence ici et non aux côtés de son ami. À ses côtés, elle aurait été une cible constante et cela n'aurait fait que les mettre en danger. Elle avait accompli le bon choix, elle ne pouvait que s'en persuader.

L'autre avantage de participer à l'effort de guerre, c'était de pouvoir visiter diverses villes que la sienne, ce qu'elle n'avait pas eu souvent le luxe de faire. Grâce aux systèmes de téléportation, elle pouvait aller jusqu'au Texas ou jusqu'à Los Angeles. Ces moyens de transport n'étaient employés que pour les longs trajets car cela demandait une énergie considérable à ceux qui les pratiquaient et s'ils faisaient la moindre erreur de calcul, ils prenaient le risque de se retrouver face à des hommes armés. Perdre un seul de leurs membres coûtait beaucoup à leur commandant en chef, il n'allait pas s'amuser à les exposer à un danger inutile. En le voyant diriger autant que combattre, Ava avait révisé son jugement en ce qui concernait Kaleb, elle ne le trouvait plus si méprisant que cela. Au contraire, elle était admirative de son engagement et de sa volonté de fer, mais elle ne l'avouerait jamais à voix haute. À défaut de lui faire accepter la situation, cela lui avait donné l'espoir d'une guerre rapide et sans trop de victimes.

Ava ne pouvait s'empêcher de compatir au sort de ceux qui trépassaient, quel que fût leur camp. Elle avait du mal à tolérer de voir tous ces cadavres entassés sur des milliers de kilomètres et souvent délaissés sur le sol au lieu de posséder une sépulture décente. Chaque fois qu'elle en voyait, elle voulait s'arrêter pour pouvoir les enterrer dignement, mais personne ne lui laissait le loisir de faire. Alors elle baissait les yeux pour ne pas avoir à supporter ces visions cauchemardesques qui risquaient de la poursuivre durant un certain temps. Heureusement qu'elle avait pu se rendre utile autrement que par le combat. Elle n'aurait pas réchappé plus d'une heure sauf en se cachant, peut-être. Toujours aussi pacifiste, elle se refusait à exécuter le moindre être humain. Pour elle, c'était aussi terrible que d'abattre l'un des siens. Rien ne devait justifier un meurtre et rien ne pouvait lui faire accepter la nécessité de tuer pour survivre.

Les enfants de Samhainn : L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant