L'espoir reclus dans un souvenir

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Une douce mélancolie qui résonne dans la ville de Seatlle.

Le mois de décembre était passé sans qu'aucune réelle amélioration ou aggravation ne fut perçue. Les mesures de répression demeuraient identiques et cela rassurait quelque peu Kaïbern. Tant qu'aucune existence n'était détruite, il pouvait laisser passer cela et se dire que cela pouvait aller. Pourtant, il n'était pas stupide : cela ne durerait pas. Il devait se résoudre à prendre les choses en mains car il avait de nombreuses vies sous sa responsabilité. Cela le faisait soupirer. Comment en était-il arrivé là ? Quand s'était-il embourbé dans un tel pétrin ?

Avoir les dirigeants de la ville ne suffisait pas car cela avait atteint tout l'état. Si la situation empirait, cela risquait d'impliquer tout le pays. Si c'était le cas, la vision des jeunes sorciers se révélerait vraie. S'ils avaient raison, une véritable débâcle leur tomberait dessus. Et cette fois, il n'aurait pas son frère pour faire face à ces horreurs. Une part de lui se demandait s'il pouvait y survivre malgré sa solitude. Sa raison lui disait qu'il pouvait se protéger et protéger ses pairs. Après tout, il était le puissant sorcier Kaïbern Parker, celui qui avait survécu à l'Europe chrétienne, aux chasses de Salem et aux diverses guerres que ce monde eut connue jusqu'alors. Hélas, à chaque fois, il était épaulé par son frère. Indubitablement, ils survivaient aux rudes épreuves ensemble. S'il n'avait pas été là, Kaleb aurait frôlé la folie tandis que lui-même se serait laissé dépérir, rongé par le chagrin. Ils formaient un équilibre et sans sa moitié, il craignait de ne pas pouvoir assurer.

Kaleb n'était pas que sa moitié émotionnelle, il était aussi sa moitié magique. Ensemble, leurs capacités étaient multipliées par deux et ils égalaient la puissance de sorciers millénaires. Séparés, ils n'allaient pas plus loin que ce que leur demi-siècle leur permettait d'accomplir. C'était déjà beaucoup, mais serait-ce suffisant pour faire face à la déchécance de l'humanité ? Serait-ce assez pour défendre ces milliers de vies innocentes ? Serait-ce assez pour se dissimuler dans les ombres et attendre que l'horreur passe ? Serait-ce assez pour empêcher cette prophétie survenue quelques mois plus tôt ?

Non. Au plus profond de son âme, il savait que cela ne marcherait pas, mais il se devait d'essayer. Il le devait pour ceux qui croyaient en lui. Il ne pouvait pas décevoir tous ceux qui le voyaient comme la solution au problème. Alors qu'il se demandait sans cesse s'il n'en était pas la cause. Il ne cessait de se flageller et de se persuader que s'il avait été plus présent, son frère n'aurait jamais entamé les hostilités. Il se disait qu'il aurait dû faire davantage d'efforts pour apaiser sa soif de vengeance, quitte à user de sorcellerie. Il n'aurait pas dû baisser les bras quand il eut connaissance des plans de son jumeau. Il n'aurait pas dû rester en simple spectateur et lui offrir une aide active. Il aurait dû faire preuve de plus d'initiatives pour le faire renoncer à ses homicides pleins de rancœur. Il aurait dû se montrer plus ferme et intraitable face à son frère, mais il ne l'avait pas fait. Il n'en était pas capable et cela le rongeait.

Alors qu'il cherchait à apaiser les esprits des humains, il se disait qu'il n'était pas le chef qu'il fallait. Il devrait l'appeler à l'aide car Kaleb saurait se résoudre à prendre les décisions qui s'imposaient. Lui avait toujours été le plus timide des deux. Il avait laissé passer maintes occasions parce qu'il pensait ne pas y parvenir. Dans ces cas-là, il appelait son frère jumeau à l'aide, mais cette fois, les choses avaient changées. Pour la première fois depuis longtemps, ils étaient ouvertement adversaires. Pas ennemis, ils ne pouvaient se faire du mal l'un à l'autre. Ils avaient seulement des avis opposés et aucun compromis ne lui semblait possible. Cela le répugnait de se dire que pour que son espèce parvint à survivre, une autre devait périr. C'était profondément injuste et cela allait à l'encontre de ses principes les plus profonds. Il ne pouvait s'y résoudre même si on lui affirmait que c'était la seule solution. Autour de lui, on s'impatientait face à son absence de réaction car il n'avait rien fait depuis Yule. Lors de cette cérémonie, il avait réuni tous les sorciers pour lancer un sort voué à manipuler les espirts des humains. Un sort qui leur ferait abandonner toute volonté de trauqe pendant vingt-quatre heures. Ce sort demandait beaucoup d'énergie et ne pouvait pas annihiler les désirs profonds de ces êtres libres indéfiniment. Même avec toute leur énergie, ce sortilège ne pouvait dépasser une semaine. Contrôler les esprits n'était pas une tâche simple. Pour apaiser toutes les tensions, il fallait l'accord de cette engeance de tueurs et cela semblait peine perdue.

Les enfants de Samhainn : L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant