Un bouquet de fleurs pour des retrouvailles familiales et une discussion entre frères.
Deux semaines s'étaient écoulées et le sortilège d'empoisonnement d'eau venait de cesser, après avoir fait des milliers de victimes. Quand une personne innocente fut accidentellement tuée par ce sort, il prit fin de lui-même et Kaleb le ressentit. Par chance, à part deux journées clouées au lit, rien de grave ne lui était arrivé en retour. Depuis, il méditait dans sa vaste demeure, dans cette froide solitude qui lui étreignait le cœur. Cette nouvelle sorcière le laissait dubitatif, les devins lui avaient parlé d'elle et lui avaient avoué qu'elle pouvait les épargner s'ils la sacrifiaient. Exécuter une sorcière pour en sauver des centaines d'autres, voilà le dilemme qui l'occupait. En d'autres circonstances, il l'aurait fait sans se poser de question, mais cela soulevait un os mental : s'il l'assassinait, il n'y aurait pas de guerre et il ne pourrait pas tuer ces humains qui lui avait tant pris. S'il désirait secourir les siens, le sorcier voulait aussi détruire ceux qui lui avaient tout prix. Il les tenait également responsables de l'accident qui avait touché son jumeau. Sans leur stupide existence, sans leur débauche continuelle, sans leurs agressions perpétuelles, il serait toujours vivant. Rien qu'à cette idée, Kaleb brûlait de rage.
Après mûre réflexion, il avait ordonné aux devins de ne rien faire de leur nouvelle recrue. S'ils la tuaient, ça ruinerait tous ses plans. Il préférait se damner que de laisser une chance à ces cloportes de s'en tirer sans une égratignure. À force de ruminer sa colère, il ne parvenait plus à saisir le profit de ses pairs et décida de poursuivre ses manœuvres militaires. Fin stratège, il réfléchissait déjà à la prochaine agression qu'il pourrait mettre en place. Conscient que l'adversaire ne ferait que se renforcer et sortirait l'artillerie lourde, il avait contacté les communautés surnaturelles des alentours pour que les forces fussent équivalentes, voire supérieures. Il ne pouvait prendre le risque de voir les siens se faire décimer alors qu'il pouvait les protéger. Sacrifier l'héritière de Diakaho serait sa dernière solution, s'il n'avait d'autre choix pour sauver les siens. Néanmoins, ce n'était pas encore le cas, il pouvait donc sereinement méditer sur la suite des opérations. Après avoir vérifié que les différents sites d'entraînement fonctionnaient à plein régime, il s'offrit une promenade près du front de mer, pour profiter des bienfaits de l'air marin. Alors que les vagues allaient et venaient d'un rythme régulier, cette vision lui rappela le calme légendaire de son frère jumeau. Sans prévenir, les souvenirs l'envahirent dans une cascade de flash qu'il ne put réprimer. Les sensations affluèrent de toutes parts, les remords se faisant plus puissants que jamais. Esseulé face à ce monde cruel, sa blessure se rouvrit violemment et abonda en un flux de douleur incommensurable. Il avait perdu celui qui comptait le plus pour lui et c'était sa faute. Alors que la scène se rejouait devant ses prunelles comme un cauchemar éveillé, son corps trembla d'effroi, ses yeux s'exorbitèrent et la rage faisait pulser la moindre parcelle de son être. Silencieux, n'osant pas d'exprimer son désespoir à haute voix, son visage fut rapidement trempé par des sillons aqueux dont le goût répétait celui du sel qui se trouvait dans l'étendue bleue qu'il n'osait affronter. Solitaire, ayant semé le duo de sorciers qui devaient le surveiller, il finit par essuyer ses joues et prit une décision : il allait cesser de se recroqueviller sur lui-même.
Alors que l'astre solaire était au zénith, Kaleb sortit de nouveau de sa demeure pour quitter son quartier si riche et dispendieux. Cette fois, il se déplaçait en voiture et se retrouvait suivi au pas, après un sermon de la part de ses gardiens. Cela le sidérait puisqu'il s'était débarrassé de l'unique être vivant qui pourrait lue blesser. À moins de se trouver seul face à des centaines d'hommes, il n'avait rien à craindre. Cependant, argumenter lui aurait fait perdre un temps précieux qu'il ne voulait pas gaspiller. Il avait quelqu'un à rejoindre et il ne désirait pas le faire attendre. Sur le chemin, il arrêta son véhicule devant une boutique de fleurs, il acheta un bouquet de lys blanc, symbole de la royauté, présent qu'il jugeait à la hauteur de la personne qu'il allait visiter. Alors que ses gardes lui posaient des questions sur ce qu'il comptait faire, le châtain leur avait simplement affirmé qu'il devait aller voir quelqu'un. Même si cela n'était pas une pure partie de plaisir, cela lui était nécessaire. Il les prévint qu'il resterait dehors, à converser avec son ami pendant des heures et cela ne parut pas offusquer ceux qui l'accompagnaient. Roulant durant une trentaine de minutes, il finit par atteindre un coin reculé de Queen Anne, se garant dans le parking d'un bâtiment vieux et presque délabré. Une fois arrivé, il coupa le moteur de sa voiture, mais il ne sortit pas tout de suite.
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Les enfants de Samhainn : L'éveil
RandomDepuis la nuit des temps, les créatures les plus sombres peuplent notre monde, mais elles sont demeurées cachées dans l'obscurité la plus totale. Néanmoins, en 1615, sur les plaines de Seattle, la sorcellerie a refait parler d'elle en massacrant une...