Sᴘɪʀɪᴛ ﹕ ʟᴇ ᴄɪɴϙᴜɪᴇ̀ᴍᴇ ᴇ́ʟᴇ́ᴍᴇɴᴛ

ꇙꄲ꒤꒦ꏂꋊ꒐ꋪ Ⅴ

Deux années sont passées comme l'éclair. Nous sommes actuellement en janvier, début de l'an 2071. Cela fait 4 mois que j'ai eu mes 8 ans. L'entraînement de Maître Azazel a porté ses fruits. L'endurance, la force, la puissance, la vitesse, la résistance ... Tout a été renforcé par ses soins. Il m'a fait courir jusqu'à l'épuisement, fait faire des pompes, des squats, des abdos, du rameur, du stepper, et tout un tas d'autres trucs dont je ne veux plus entendre parler. Je frissonne rien que d'y penser ... Mais il le fallait. Fournir tous ses efforts a enfin payer et je peux maintenant commencer le vrai entraînement, la partie la plus intéressante. Je sais que Maître Azazel est assez fier, surtout que je suis agréable en tant qu'élève. Je ne rechigne pas à la tâche et les maigres plaintes que je formule sont toutes comprimées dans ma gorge, muettes. Aussi, cela ne lui déplaît pas que de continuer à m'enseigner. En revanche, si j'avais été une geignarde, une pleurnicharde ou pire, une sainte nitouche, je ne sais pas ce qui se serait passé ... Quoi qu'il en soit, le Maître m'a dit qu'aujourd'hui, nous commencerions les cours d'auto-défense. Et quand j'aurais quelque bases, nous irions plus loin. En ce qui concerne mon don, il a dit que je devais attendre une opportunité. J'ignore de quoi il voulait parler mais il m'a juste signifié que le moment venu, je comprendrais. Qu'il y aurait une sorte de signe que moi seul pouvait recevoir qui m'indiquerait le chemin à suivre. Il m'a expliqué que comme pour tous les autres, personnes ne pouvait aider un autre à apprendre son don. Parce que c'est assez rare d'avoir un enseignant avec le même don que soi. 

Dans mon cas, mon don est carrément considéré comme un tabou, un interdit. Personne ne le connaît et ceux qui le possèdent sont généralement tué le plus tôt possible. Autrement dit, la seule chose que l'on pouvait m'enseigner là-dessus, c'était la maîtrise de soi. Contrôler ses émotions pour contrôler les effets du pouvoir. Les états d'âmes influencent énormément le don, donc ne pas se contrôler soi-même c'est se mettre inconsidérément en danger ainsi qu'autrui. Quand j'ai pensé à ça, j'ai effectivement réalisé que les fois précédentes où j'avais manifesté Ceò était dû à une émotion, un désir particulier. L'envie que l'autre s'éloigne, ne me touche pas ... Bien sûr, cela a fonctionné mais une telle méthode ne peut marcher à chaque fois. Parce que les émotions sont chaotiques et sujettes aux variations, on ne peut laisser notre don,  ce qui peut nous sauver la vie, reposer dessus. Je comprends parfaitement cela, donc j'attendais un signe comme suggéré par le Maître. 

Je laissai mes pensées divaguées et me dirigeai mécaniquement vers la salle d'entraînement. Maître Azazel m'y attendait déjà, debout sur les tatamis. Il fit un léger signe du menton, me désignant la place en face de lui pour que je m'y assois. C'est un homme de peu de mots. Un peu comme moi ... Il se racla la gorge et commença :

- À présent, il est temps que tu apprennes à te battre, à te défendre et utiliser les armes. Et cela, parfaitement. , il fit une pause avant de reprendre. On dit souvent que la meilleure défense, c'est l'attaque. Ce n'est pas faux mais c'est une idée vraiment inefficace. Le b.a.-ba du combat, c'est apprendre à esquiver. Une bonne agilité ainsi qu'une bonne vitesse de réaction et de mouvement peuvent vous sauver en toutes circonstances. Les gens qui te diront qu'esquiver est une preuve de lâcheté et te demanderont activement de te battre "à la loyale", sont extrêmement bêtes. Ce sont des idiots. Ne les écoute sous aucun prétexte. , il me jeta un coup d'œil d'un regard appuyé, cherchant à savoir si j'avais bien saisi son avertissement.                                                         

Voyant que son message était clair et approuvé, il poursuivit : 

- Esquiver est au contraire, une démonstration de ton intelligence et de ton ingéniosité. Cela peut facilement te donner une chance d'attaquer, par exemple si ton adversaire se retrouve prit dans son propre élan et pers l'équilibre. Dans un combat, tout est permis. Même si ta façon de faire est loyale, tu dois comprendre qu'il n'en est pas forcément de même pour ton adversaire. À tout moment, il peut se relever et te poignarder dans le dos. Retiens bien ça. , il repris une inspiration. Maintenant, suis moi. , finit-il.