Sᴘɪʀɪᴛ ﹕ ʟᴇ ᴄɪɴϙᴜɪᴇ̀ᴍᴇ ᴇ́ʟᴇ́ᴍᴇɴᴛ

ᙅᕼᗩᑭITᖇᙓ 9 : ᙅᖇISTᗩᒪᒪISᗩTIOᑎ

Rouge. Tout est rouge. Les corps s'entassent partout. Les flammes les dévorent. Je cours à m'en arracher les jambes. Je hurle à en perdre la voix. C'est un carnage. Un massacre. Je le cherche. Il est mon seul espoir. Les autres sont morts. Morts. J'ai le cœur qui bat à se rompre. J'ai l'impression qu'il se déchire sous l'effort que me demande ma course effrénée. Finalement, je le vois. Ils l'entouraient. J'entendis tout. Les folles palpitations de mon cœur s'arrêtèrent soudainement. L'espoir s'est envolé. La haine, la colère, la tristesse, la peur et le désespoir l'ont remplacé. L'un d'eux le transperce avec la pointe de sa lame aiguisée. Nos regards se croisent. Mon don s'active. Même la chaleur de Ceò n'arrive pas m'extirper de ma torpeur. La vision qui s'offre à mon regard est trop horrible. Je vois son ceanga. Enchaîné. Torturé. Son image s'altérant, comme un hologramme qui grésille. Je le vois s'éteindre et se désintégrer sous mes yeux. C'est la mort. J'entends un hurlement lointain. On dirait celui d'un être à l'agonie. Ces hommes me poursuivent. Je fuis pour ma vie. Mes jambes me portent vers l'inconnu. J'ai tout perdu. Encore. 

Mes suffocations me réveillèrent en sursaut. Je mis quelques longues secondes pour retrouver mes sens. Fatiguée, je me frottai le visage pour mieux effacer les images résiduelles de mon esprit chaotique. Je sortis de l'étreinte confortable de mes draps pour rejoindre la douche. Le jet d'eau chaude battait fort à mes tempes et j'espérais qu'il fasse tout partir. Mes émotions. Mes pensées. Tout. Pourvu qu'il ne reste rien. Néanmoins, je songeai quand même à son ceanga. L'état étrange dans lequel il se trouvait. Je n'ai plus jamais revu un ceanga comma ça après lui ... Mais cela ne peut pas être une coïncidence. C'est impossible. Je préférai m'arrêter là dans mes réflexions. Quelques minutes plus tard, je descendis les escaliers pour retrouver les autres. 

Il s'était écoulé environ trois semaines depuis la mission durant laquelle nous avions sauvés Mr. Kelly. Abel et Pénélope avait décidé d'aller chercher son petit frère uniquement avec l'aide d'un mouvement rebelle local. L'argument ayant appuyé leur décision est le suivant : "tu dois te reposer, tu enchaînes les missions depuis que tu es ici, alors tu reste avec les autres". Je n'ai pas pu refuser malgré ma réticence. Me voila donc seule à seule avec les tous les petits curieux ... Je me demande si ce n'est pas un coup-monté. Bref. Je les trouvai tous autour de la table, en train de discuter gaiement. À mon grand bonheur, Killian n'était pas présent :

- Ah ! Bonjour, Tatie ! , chantonna Lyra quand elle m'aperçue. 

Je lui répondis d'un léger sourire. Je n'eus pas le temps d'en faire plus qu'aussitôt, la conversation s'anima autour de moi :

- Enfin réveillée ? C'est pas trop tôt ! , s'insurgea faussement Kyra. 

- Fais attention, t'as la marque de ton oreiller sur la joue. Tu le serres dans tes bras parce que t'as peur qu'il s'en aille ? , me taquina James. 

- Viens t'asseoir avec nous ! , m'invita chaleureusement Maria. 

- Tu veux quelque chose en particulier ? , demanda poliment Dalia. 

Tout le monde exceptés Aria et Tristan enchaîna les petits mots du matin. Devant tant d'enthousiasme, je ne sus que répondre. Logan me gratifia d'un sourire et me fis le geste de prendre place sur ma chaise. Ayden et Jasmin me saluèrent chacun à leur manière, l'une laconique mains pleine de bienveillance, l'autre distante et calme, l'air inaccessible. Je leur rendis leur salutations puis partis m'asseoir avant de réfléchir plus amplement. Installée, je finis par donner une réponse à la seule question jugée pertinente :

- Hum ... Rien de spécial, juste du jus de pommes. Merci. 

Dalia me sourit doucement et me tendis la bouteille :