Chapitre 16 (1-2): La vie est belle

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" Que ta vie soit comme une fleur sauvage poussant librement dans la beauté et la joie de chaque jour." Sagesse Amérindienne.

Lila

Je n'aurais jamais cru que mon visage puisse un jour afficher un air aussi niais. Vraiment, ce sourire béat, ces traits au teint rose, cette douceur dans le regard, tout y était. Je me surpris également à le contempler entrain de dormir, il avait tout autant cet air paisible, ce moment où tu avais l'impression que la vie t'appartenait, que rien ne pouvait t'arriver. Qu'il serait là, que je serais là et qu'ensemble nous semblions invincibles.

Même sur le chemin m'amenant au travail, je continuais à afficher cette image nouvelle, contrastant complètement avec mon visage terne et morose des jours précédents. Je crois que c'était ces occasions-là que je chérissais le plus, le retour du ciel bleu après la tempête. Impossible de prédire la suivante, seulement apprécier l'instant. Maintenant, rien ne viendra ternir ce petit moment de plénitude. Je me repassais les baisers et les caresses de Jayden ne faisant qu'aggraver la rougeur de mes joues. Peu importe, c'était juste magique. Quand un simple regard, un simple effleurement, un doux parfum pouvaient mettre tous vos sens en éveil. Quand deux corps semblaient jouer une harmonie parfaite, le tout créant cette sensation unique au creux de mon ventre, celle que je n'aurais jamais cru avoir droit. Celle que l'on imaginait pour les autres, mais jamais pour soi.

— Bonjour, Lila, tout va bien ? me questionna mon amie.

— Salut ! Oui, oui, ça va mieux, merci.

Mince, je devais me ressaisir un minimum là, puis mes derniers contacts avec Stacy étaient loin d'être des plus amicaux. La bande avait accepté de me laisser un peu d'espace, mais jusqu'à quand allaient-ils demeurer encore patients ? La légèreté de nos rencontres de nos soirées me manquait. Ils avaient toujours cette joie de vivre, cette innocence que je devais aussi m'efforcer de garder. Ils étaient mes garde-fous.

— Oui, tu as l'air différente de ces derniers jours.

Stacy semblait décontenancée, elle se balançait d'un pied sur l'autre ne sachant pas trop si elle pouvait m'aborder.

— Je suis désolée, vraiment. J'avais besoin, j'ai encore besoin de temps, mais j'ai abusé de votre gentillesse. tentai-je d'admettre.

Les excuses ce n'était sans aucun doute pas mon truc.

— On comprend, enfin, c'était un peu irréel ce qui t'est arrivé. Mais on comprend. D'ailleurs, on se rejoint tous ce soir pour l'anniversaire de Randall. Si tu veux venir...

Mince, j'avais raté quelques épisodes, elle était avec le serveur plus âgé, Randall ?

— Toi et lui, vous sortez ensemble ?

— Oh, oui, enfin on s'apprécie bien. Il est cool. Ils partagent son bungalow avec deux saisonniers. Les deux sont de sacré fêtard, il me rejoint souvent pour être plus tranquille. D'ailleurs, les autres ne sont pas tous au courant...

Finalement, mon amie se trouvait autant rouge pivoine que moi. Traduction, Noam ne le savait pas encore, Aspen et Cayden oui ! Pour une fois, je n'étais pas sa première confidente. Mais avec ce début d'été aussi chaotique, je pouvais la comprendre. Mon corps me suppliait de refuser cette invitation de dernière minute pour poursuivre sa découverte des mille et une partie du corps non explorées d'un certain Jayden Bennett, mais ma raison me rappelait à l'ordre. J'acceptai la demande de Stacy, elle sautillait partout, c'était agréable de retrouver ces instants-là. Elle avait déjà son téléphone dans la main pour prévenir le reste du groupe quand elle lâcha.

— L'interne est bien sûr convié ! Je lui transmets un message de suite !

Super, l'effet Jayden demeurait encore là, et maintenant je ne pouvais même plus me réjouir de ne plus être la seule à ne pas tomber sous son charme. D'ailleurs, il était presque 9 h 30 et Monsieur ne m'avait toujours pas envoyé de réponse. Je partais du principe que mon gentil mot de ce matin compte autant qu'un texto. Il était hors de question que je lui écrive encore la première !

À ma pause déjeuner, j'échangeais des messages avec mes parents, mes grand-mères, vraiment c'était d'un pathétique. Je fouillai dans mon sac pour écrire à mon ami. Je me rendis compte que j'étais venue sans mon carnet et sans mon stylo, ce qui restait rarissime. Je pris un crayon sur le bureau de l'accueil des golfeurs et commença à rédiger ma lettre sur une feuille libre.

Chayton,

Je vais de surprise en surprise ces temps-ci. Finalement, il a des choses immuables. On ne choisit pas où l'on nait, ses parents, sa famille, encore moins la couleur de sa peau, sa taille, ses origines. On ne choisit pas non plus les épreuves de la vie ni notre sort à tous de vieillir et mourir. Et pourtant, j'ai l'impression que l'on passe notre vie à essayer de se battre contre tout cela. Les seules choses impossibles à modifier. Et enfin, le jour où l'on se rend compte que d'autres choses restaient changeables, finalement lorsqu'on accepte la vie telle qu'elle est avec ces fameuses épreuves et ces moments de joie, est-ce qu'il n'est pas trop tard ? Nous restera-t-il encore du temps ?

Il me manque ce temps-là, où l'on pouvait philosopher ensemble sur l'existence, et surtout rire de nos doutes et incertitudes, sans se prendre au sérieux, juste être heureux. On ne décide peut-être pas tout cela, mais on choisit ses amis. Vous avez chacun à votre tour posé une empreinte indélébile sur ma vie, sur cette vie que j'ai pu saisir.

Je ne sais pas ce que tu es entrain de vivre en ce moment ni le destin de ton peuple. Pourtant, j'espère sincèrement que vous arrivez à changer ce qui peut l'être. À rendre votre vie plus acceptable, plus douce malgré les contraintes.

Chayton, j'ai décidé d'ouvrir ma porte, de m'autoriser quelque chose d'inexplicable pour l'instant, de complètement fou, mais que j'ai pu choisir. Il s'est présenté là, au cours de cette quête pour te retrouver. Je crois que tant que je ne saurais pas que tout va bien, que tu es heureux, en bonne santé, je ne pourrais pas continuer d'avancer sans toi. En attendant, j'ai un nouvel allié. Et pour te débarrasser de moi, il faudra vraiment que je vois tout cela de mes propres yeux. Tu ne pourras pas m'avoir par les mots...

Tu as surement d'autres quêtes à mener toi aussi, n'oublies pas de bien t'entourer. Si j'ai appris une chose, c'est que tout semble plus facile en étant accompagné. La preuve, j'ai eu la chance, enfin tu as eu la chance de m'avoir à tes côtés pendant toutes ces années ! Je dois retourner travailler. C'est génial les boulots d'été, où tu peux tranquillement voir les plus riches profiter pleinement de leurs vacances et rêver peut-être de pouvoir te payer les mêmes un jour.

Ton amie,

Lila

PS: Si tu souhaites les détails croustillants de cette porte grande ouverte, je te laisse trouver le moyen de me répondre...

Je rangeai la feuille dans mon sac, il fallait absolument que je prenne le temps de la réécrire avec mon stylo avant ce soir. Je me rendais compte que mes écrits étaient de plus en plus espacés. Je ne voulais en aucun cas que Chayton puisse penser que je l'oubliais.

Je profitais de la légèreté et de la plénitude qui régnait sur le green aujourd'hui quand je reçus une photo de mes clés en fin d'après-midi. Un nouveau porte-clés avec un bisounours orange revêtant un joli petit cœur s'était introduit dans mon trousseau. Un second texto arriva avec des clés qui ne m'appartenaient pas où seul un petit hérisson sans pique, mais au poil tout doux avait trouvé sa place...

Inspiration d'un soir... Merci pour vos messages. Il reste environ une dizaine de chapitres avant la fin de ce premier jet, la petite tortue avance à son rythme... Bonne soirée ou journée :)

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant