Chapitre 2 - Lala pour les intimes...

490 69 24
                                    

"Quand  ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le  dernier poisson. Alors ils s'apercevront que l'argent ne se mange pas."Sitting bull, sioux Lakota

Lila

Je trouvai immédiatement les clés, dans le tiroir de la commode de mes parents, mais je pris quelques instants pour moi. Je ne lui avais pas vraiment menti, je n'avais plus d'ami, depuis que Chayton ne répondait plus à mes écrits.

Je connaissais Stacy depuis notre plus jeune âge, et depuis quelque temps, je sentais que nous évoluions de manières différentes. J'avais toujours beaucoup d'affections pour elle, vraiment. Mais les années passaient, nous avions changé, j'avais énormément changé. Ma différence passait inaperçue quand nous étions enfants, aujourd'hui, jouer le rôle de la fille cool, ultramoderne, heureuse dans son temps, cela devenait épuisant.

Je considérai que c'était leur musique, leur film, leur mode, leur code. Je ne me retrouvais pas dans tout ce magma de superficialité, d'individualisme, d'insensibilité, de soi-disant artistes sans âme. Il fallait danser sur le dernier clip en vogue ( avec date de péremption express), ou les paroles étaient dignes du vocabulaire de ma petite sœur, et encore ! Ce n'était pas vraiment sympa pour elle, elle avait un bien meilleur lexique qu'eux.

Il fallait apprécier les blockbusters, les films remplis d'actions, sans scénario. Les remakes, de remakes ! Les origines, des origines, de films cultes. Parce que bien évidemment, l'originalité, la créativité, l'inventivité étaient devenus des denrées rares. Fini le temps des trilogies, nous devions consommer ces navets une bonne dizaine de fois !

J'avais dix-huit ans maintenant et j'avais plus de points communs avec mes aïeux, qu'avec les jeunes de ma génération. Effrayant ! Et bien évidemment, l'exception à la règle, celui avec qui j'avais grandi, avec qui je pouvais parler de tout... Chayton Claw. Son peuple rempli d'histoire, de beauté, de coutumes, de valeurs, d'humanité, avait été sali, bafoué. Cette minorité qui avait tant de fois alerté le gouvernement, sur la pollution et tant d'autres questions environnementales, économiques et sociales.

Que peuvent engendrer la cupidité et l'irresponsabilité de cet homme ? Si ce n'est d'avoir mené notre pays à sa propre perte ? Comment en vouloir aux minorités de s'être repliés sur elles-mêmes ? Pour les Amérindiens, retourner au plus près de la nature, au plus près de ce qui fait l'Homme. Quand des années de gouvernance irrespectueuse ont détruit le peu d'humanité qu'il restait... Ce peuple qui a tellement souffert et qui aujourd'hui mérite notre respect.

Pour ma part, j'allais devoir jouer de malice pour pouvoir rentrer dans une réserve de nos jours, mais ma décision était prise depuis un moment déjà. J'attendrai le temps qu'il faudra, mais je retrouverai Chayton. Mes pensées, ma colère, éclataient comme du pop-corn dans ma tête. Je ne vous parle même pas de mes réflexions concernant l'inconnu dans mon salon... Je me ressaisis et retournai voir mon invité un peu spécial. J'aurai bien eu besoin de tes conseils, Chayton, pour gérer un spécimen pareil.

Se balader pieds nus à ces inconvénients, impossible de rentrer dans son lit le soir sans passer par la salle de bains, mais aussi ces avantages. Jayden ne m'entendit pas arriver. Je restai un moment à l'observer. Il s'était assis sur un tabouret du bar et il regardait le réfrigérateur en souriant.

– Donc, tu t'appelles Lala ? demanda-t-il en se retournant vers moi.

C'est moi qui sursautai finalement. Mais, comment... ?

– J'ai senti ta présence ou plutôt ton regard posé sur moi. Lala... Pour une musicienne, c'est pas mal, mieux que dodo ou réré, quoique mimi, c'était bien aussi, ajouta-t-il en effleurant ses doigts sur ma guitare.

Ce mec se faisait rire seul, il se foutait de moi certes, mais je pense sincèrement qu'il s'éclatait à sortir des tirades aussi farfelues.

– Ok Google, comment se débarrasser d'un parasite, grommelai-je.

Ce satané appareil entendit ma requête instantanément.

– J'ai trouvé un site qui pourrait vous aider à vous débarrasser d'un parasite, Lila.

– Stop ! Merci ! criai-je, foutue intelligence artificielle !

Jayden était écroulé de rire.

– Lila, c'est très joli aussi, plaisanta-t-il.

Je le fusillai du regard et j'aurai fait pareil avec ce maudit appareil. Il continua à regarder le dessin accroché à notre frigo. Non, mais fait comme chez toi. Je posai les clés sur le comptoir, assez fort pour qu'il comprenne le message, mais non bien évidemment, il poursuivit son petit monologue à haute voix.

– De magnifiques cheveux châtain clair, façon bohème, commença-t-il à décrire, en observant un dessin de famille réalisé par ma petite sœur. Des iris vert kaki et une peau.

Il s'arrête un instant, me regarda et ajouta.

– Et une peau, pas si blanche que cela, plutôt, couleur pêche.

– Mes cheveux, c'est un blond cendré et voire tous ces détails, c'est impossible. Moi, j'aurai dit, des personnages non sexués qui ressemblent à des bonshommes de neige, avec un d'entre eux, qui a l'air d'avoir été adopté.

Je sentais bien qu'il avait remarqué ma différence. Même s'il semblait vouloir la sublimer par cette description plutôt avantageuse. Kate avait dessiné notre petite famille. Ma mère l'avait aidé pour les petits détails, la couleur des cheveux, de peau et pour écrire les surnoms... Il ne répondit pas un instant, un bien trop court instant.

– Oui, des bonshommes de neige avec des pieds de hobbits ! Il baisse son regard sur les miens. Ouf, c'est bon, les tiens sont mignons, c'est important de joli pied.

Bon, j'avoue, il réussit à me faire rire. Alors, parfois, j'abordais un mini-rictus quand il m'était impossible de le retenir ou sinon je riais intérieurement et m'énervais par la suite.

– Ah, un sourire. Tu n'étais pas obligé, tu as le sourire Duchenne, Lila, tu ris avec les yeux. Et, c'est le plus sincère et le plus flatteur de tous les sourires.

Il se leva et prit les clés.

– Merci, Lala, à demain ! déclara-t-il, si sûr de lui.

– De rien Jay-jay..., répondis-je. Tu comptes faire comment ? Le coup du voisin qui n'a plus de sel?

– Nous avons prévu une partie de golf, tu as oublié ?

– Je n'ai jamais...

– Tes yeux parlent pour toi, Lila, n'oublie pas ton club. Et si ce n'est pas pour demain, ce sera pour bientôt...

Il fila avant que je ne puisse répondre. J'aurai vraiment dû l'assommer avant même qu'il ne prononce une phrase.

Allez un petit chapitre 2 pour le plaisir et finaliser cette rencontre ! J'espère qu'elle vous a plu ;) !

Une petite photo de l'acteur Rami Malek qui m'a inspiré Jayden pour quelques particularités de son visage ! J'attends toujours vos avis avec impatience ;) ! A bientôt !

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant