Chapitre 1 (2-2) - Ça va swinguer !

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J'allumai des bougies aux odeurs sucrées de violettes et aux effluves  rosés. Mon bain moussant était fin prêt. Je me glissai dans l'eau tiède, un verre de vin à la main. Un petit rictus se dessina sur mon visage, ma sœur ne risquait pas de me déranger, dans ce moment de  plénitude, avec ces milliards de questions. Non, mais sérieusement, vous savez-vous, pourquoi le ciel est bleu ? Ou pourquoi les princesses doivent épousaient des princes ? Et pourquoi il faut aller dormir ? Hein pourquoi ?

Et par la même occasion, heureusement que mes parents ne risquaient pas de rentrer, sinon soyons honnêtes, j'étais foutue – d'ailleurs, il ne fallait surtout pas oublier d'aller racheter la même bouteille de vin -.

Nos rapports étaient bons, certes, mais j'étais assez discrète quand même. Je pensais sincèrement qu'ils se doutaient qu'avec Stacy, nous ne  buvions pas seulement des sodas, mais tant que cela n'était pas devant eux, ni dans leur maison... Que jeunesse se fasse !

J'avais remis mon bon vieux slim noir et un débardeur de la même couleur. J'adorai me promener pieds nus et j'avais relevé mes cheveux en un chignon, ni fait, ni à faire comme dirait ma grand-mère. J'écoutai de vieux morceaux de musique, d'abord, Tears in Heaven d'Eric Clapton, puis Hurt de Johnny Cash, assise sur le comptoir de notre cuisine, ma guitare à la main. Ma mère m'avait donné son goût pour l'écriture et la lecture, quant à mon père sa passion pour la musique. Je n'avais d'ailleurs pas d'instrument préféré, c'était comme choisir entre son père ou sa mère, ou choisir un livre ! Je me débrouillais à la guitare, au saxo et au piano, sans exceller dans un en particulier.

Plongée dans le dernier morceau, la lumière tamisée, je  sursautai lorsque je vis une ombre s'approcher de la fenêtre. Je me levai d'un bond. Puis, je restai un moment sans bouger, en imaginant le  pire des scénarios dignes d'Hitchock.

Papa ! Pensai-je, quand je vis son club de golf devant la porte. Ce qui avait le don d'énerver ma mère, il laissait, selon elle, tout traîner. J'étais, quant  à moi ravie, merci papa, ton côté bordélique allait peut-être me sauver la vie !

Trois petits coups retentirent. Bien évidemment, l'ombre n'avait rien vu de la fenêtre, si ce n'était quelques lumières. Je pris mon courage à  deux mains ou plutôt le club de golf et ouvris la porte.

Alors, déjà pour ma défense, mes parents étaient contre les vidéos  surveillances, encore plus dans une petite ville comme Seeley Lake. Par  contre, la maison était totalement connectée. Le système électrique était piloté par des interrupteurs et des prises connectés. La  possibilité également de tout organiser grâce au réfrigérateur avec écran intégré. Et nous venions d'acquérir un projecteur à images tactiles sur lequel nous pouvions interagir, comme dans le film Minority Report. Est-ce que la technologie pouvait m'aider, là, maintenant ? Non, Tom Cruise n'allait pas débarquer chez moi, afin d'arrêter le criminel  devant ma porte, avant son crime... « Ok google » ! Comment échapper à un tueur en série ? Pas possible non plus...

Mes parents avaient quand même laissé le petit crochet à la porte,  pour l'effet vintage. Et bien évidemment, je n'avais pas eu le réflexe  de le mettre. Décidément, je cumulai toutes les fautes de l'actrice, un peu naïve, qui se faisait tuer à la première minute d'un film d'horreur.

Armée de mon courage, - non je déconne -, armée de mon club de golf,  j'ouvris donc la porte, parce que bien sûr, le serial killer est entêté. Il continuait à tambouriner doucement sur le bois.
Oui, pas de porte blindée à Seeley Lake, à quoi bon ? Et ne me parlez même pas du petit œil bizarre, au milieu de la porte, non mais qui se servait encore de cela à 2033, bordel ! Ah si, tout le monde en fait, mais maintenant c'était des judas connectés !

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant