chapitre 11 : (2-2) Des amis qui vous veulent du bien

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La lumière du jour s'infiltrait depuis quelques heures dans ma chambre, mais chaque fois, je repoussais le moment de me réveiller. À bien y réfléchir, pour l'instant, à part l'irritabilité, je gérais plutôt bien les origines de ma naissance. Si jamais Netflix s'intéresserait à ma vie, on pouvait écrire de sacrées préquelles. Mon cerveau recommença aussitôt son petit monologue interne, mince, impossible de retomber dans un sommeil profond maintenant. Une seule idée me taraudait depuis quelques secondes, où mon père, enfin Isaac, pouvait-il bien être ?

Toute ma vie, j'avais accepté de ne jamais connaître ma famille biologique, mes proches avaient souhaité que je sois accompagnée par une psychologue dès mon plus jeune âge. Elle ne jugea pas nécessaire que l'on poursuive ces séances. Penserait-elle toujours cela aujourd'hui ? Pas si sûr !

Mon téléphone interrompit mes questionnements. Mamie Ellie. Mon Dieu, je l'aimais tellement, comment lui en vouloir ? Elle devait suivre les directives de mes parents : ne rien me dire, impliquée dans un secret de famille, désirant simplement me protéger. Mais me protéger de quoi ? De qui ?

— Allô ?

J'entendis un soupir de soulagement.

— Ma chérie, je suis désolée, comment vas-tu ? As-tu mangé ? me questionna ma grand-mère.

Je souris malgré moi, aller bien et se nourrir semblaient intimement lié pour elle.

— Oui, je vais plutôt bien et j'ai pris un petit-déjeuner. Ne t'inquiète pas. Je te rappelle plus tard, je vais aller bosser.

— OK, ma Lila, donne-moi vite de tes nouvelles, soit sûre d'une chose, nous t'aimons fort et nous sommes vraiment désolés.

Mes parents avaient certainement dû la contacter plusieurs fois ce matin. Je ne pouvais douter de l'amour que mes proches me portaient. Pour l'instant, je ne souhaitais pas forcément me confier à eux. Lorsque je sortis enfin de chez moi, je remarquai immédiatement une lettre blanche qui dépassait de notre petite boite rouge. En quelques pas, je me retrouvai près d'elle, désirant que mon ami puisse en être l'auteur. Mes espérances s'effacèrent rapidement, mon prénom était écrit, mais ce n'était pas la calligraphie de Chayton...

Lila,

Je n'ai pas osé demander ton numéro à ta grand-mère. Je pense m'être sans doute un peu trop immiscé dans ta vie en l'espace de quelques jours, hein ? Je suis bien resté dix minutes devant ta porte, hésitant à sonner... J'espère que l'on va se croiser ce week-end, sache que je suis là si tu as besoin...

Jayden

Son message, bien que très simple, me toucha, je ne l'aurais jamais cru capable de résister à la tentation de débarquer chez moi, ou venir à mon boulot. Je mis la feuille dans mon sac même si je ne comptais pas me servir du numéro inscrit en bas. Il l'avait d'ailleurs écrit sur toute la longueur, impossible de le rater ! Malgré les recommandations de mes amis de me laisser du temps et de ne pas aller travailler, je continuais à en faire qu'à ma tête.

Hors de question de rester chez moi à broyer du noir. Je passais les deux jours suivants au boulot, Maddox ne me posait aucune question, il respectait mes silences. Quant à moi, je consacrais tout mon temps libre à retrouver mon père biologique sur internet, avec l'aide d'articles de presse principalement. D'ailleurs, je trouvais rapidement son nom de famille et poursuivis mes recherches à Billings. Je détestais l'idée que des sociétés puissent posséder toutes nos données privées, mais là, je n'avais pas le choix. Impossible de parler à mes parents pour l'instant, ils m'avaient déjà caché tellement de choses, je ne souhaitais pas obtenir une version romancée, édulcorée de mon histoire. Je voulais savoir où il était et ce qu'il l'empêchait de m'avoir prêt de lui. Je ressentais au plus profond de mon être que tous ces non-dits semblaient intimement liés à cet homme.

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant