Chapitre 10- (2-2) Trêve nocturne

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*** 

Lila s'agita brusquement et se leva d'un bond. Elle resta un long moment à me fixer, le regard hagard.  

– Je ne me sens pas bien, je vais partir. Il faut que je parte, finit-elle par murmurer d'un trait.

Essayer d'être le plus calme possible, elle perdait son sang-froid. C'était évident. 

– Tu as fait un cauchemar ? Tu veux un verre d'eau ?

Je me dirigeai vers la cuisine, essayant de gagner du temps, je ne voulais pas qu'elle s'en aille comme cela, pas maintenant, toute seule, après tout ce qu'elle venait de vivre. 

– Pire qu'un cauchemar. Une partie de ma réalité aussi, sauf que j'étais dans le ventre de ma m..., elle ferma les yeux. C'était horrible, je fuyais un homme armé. J'avais beau courir, je le retrouvais toujours près de moi. Jusqu'à ce qu'il se rapproche de plus en plus et que je me réveille.

Elle toucha sa poitrine avec sa main droite. Elle tremblait comme une feuille. Je continuai à me servir à boire, et lui tendis un verre. 

– Tout à fait normal, après ce que tu as vécu, essayai-je de la rassurer. 

Elle le but d'un trait. Ses cheveux emmêlés, son air apeuré, les reflets de la petite lampe posée tout près d'elle, sur son visage si doux, je me délectai de sa beauté naturelle, pendant qu'elle combattait ses vieux ou plutôt récents démons. Je me rassis sur le canapé, bayant allègrement. Cette fille dégageait une sorte de magnétisme par sa simple présence. 

– Tu veux en parler ?

– Avec toi ? Non merci.

Elle déposa son verre sur la table basse puis se plaça face à moi, les bras croisés, ce n'était pas bon signe. Un petit sourire en coin, je rétorquai.

– Alors pourquoi es-tu ici ? Toi-même tu sais que je suis la personne idéale pour accueillir tes confidences.

Mon père me disait toujours que ma franchise et mon manque de tact me rendaient un tantinet présomptueux. J'adorais lui répondre qu'avec le temps, j'avais pris ses nombreuses qualités, mais aussi ses défauts. Il finissait toujours par me frotter les cheveux en souriant, je détestai cela plus jeune, maintenant on riait ensemble. Tout cela pour dire, que Lila pensait exactement la même chose, sauf que...

– Tu es d'une arrogance ! Pour qui tu te prends, sérieux ?

Bingo, sauf que là, pas certain de lui soutirer un sourire.

– Tu sais, Lala, un jour, on en rigolera de tout ce qui t'arrive. Bon pas maintenant, maintenant c'est un cap horrible à penser, je te l'accorde.

Son regard me lançait des boules de feu, ah non, des clubs de golf...

– Mais bordel, tu vis dans quel monde ? Tu es de ceux qui pensent que tout n'arrive qu'aux autres ? Hein ? Tout te réussit, Jayjay, rien n'est grave ! 

– Je n'ai pas dit cela. Je pense que dans le mauvais, il y a toujours du bon. Merde, Lila, tu ne peux pas revenir en arrière ok ? Alors oui ce que tu viens d'apprendre est juste horrible, mais tu aurais préféré vivre avec ses secrets toute ta vie ? Ne jamais connaître la vérité sur ton histoire ? Ne jamais connaître ton vrai père ? Tu vas pouvoir avoir une vraie conversation avec tes parents, comprendre qui tu es ! Tu peux faire tout cela !

Malgré la faible intensité de l'éclairage, je pouvais voir ses yeux s'emplir de larmes. Quant à moi, je pensais à mon grand frère qui en plus de vivre avec un handicap, ma mère s'efforçait depuis des années à lui cacher une partie de son histoire. 

Cette vie et celle d'après... Tome 2 (Premier Jet) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant