𝐋𝐀 𝐃𝐀𝐑𝐊𝐒𝐊𝐈𝐍

0.2

Maxence

— Mais ouais, mec, j'étais en cours de compta, et à chaque fois que la prof lui accordait la parole, elle avait toujours la bonne réponse, nous déclare Alex.

Ça faisait à peine une heure que nous étions en pause, et Alex ainsi que Bastien ne cessaient de se plaindre de la Fameuse. "Elle est vraiment intelligente" ou bien "Elle a sûrement fait un cours avancé, c'est pas possible". Tout le monde lui portait de l'attention. J'ignorais si elle appréciait cela ou si elle y était simplement habituée.

Pour moi, je la considérais comme une prétentieuse, jouissant de ses qualités et ne s'appuyant que sur elles pour être le centre de l'attention. Elle sait ce qu'elle vaut et n'hésite pas à en jouer. Et puis, dans cette université, les gens adorent s'interroger sur tout et n'importe quoi.

Sylvain nous rejoint en même temps que ma sœur. Elle nous annonce qu'elle organise une soirée en l'absence de nos parents et que je devrai obligatoirement l'aider. Ma sœur est peut-être douée dans tous les domaines, mais organiser une soirée avec de l'ambiance, ce n'est pas son fort. On ne s'entend que sur un seul point : l'organisation des soirées.

— Je suis carrément enragée par la nouvelle, mais à la fois heureuse d'avoir enfin une fille aussi brillante que moi, nous confie Natalia.

— Vous êtes tous dingues d'elle... D'ailleurs, elle s'appelle comment, cette nana ? demande Sylvain en venant s'asseoir à mes côtés.

— Je ne m'en souviens plus... Je sais que ça commençait par un A... Mince, comment ça a pu m'échapper ? Pourtant, j'ai parlé avec elle tout à l'heure ! râle Natalia en essayant de se souvenir.

— Elle s'appelle Anamala. Peu commun, mais très spécial, déclare Alex, complètement captivé par la Fameuse. Je devrais peut-être lui parler un de ces quatre.

— Je ne crois pas que tu auras tes chances, Alex, dit Bastien en riant, suivi de Sylvain.

— N'essayez même pas vos petits jeux, c'est ma protégée cette année, et je compte bien faire mon devoir. Je vous ai à l'œil, nous annonce Natalia avant de s'éloigner.

— "C'est ma protégée cette année", l'imitai-je en levant les yeux au ciel. Elle est tellement agaçante...

— Je tiens à te rappeler que c'est ta sœur, me dit Bastien en me tapotant l'épaule avec un sourire amusé.

— Ne me le rappelle pas, sinon je vais perdre patience... Bon, ce soir, on fait une soirée shoot chez les Lords ?

— Cette soirée va être incroyable ! Soyez prêts, les gars, parce que je compte bien battre le record de l'an dernier, s'exclame Sylvain.

***

Une soirée chez les Lords ? C'est du grand luxe.

Les gens peuvent nous prendre pour une bande de jeunes fêtards qui préfèrent sortir plutôt que de réviser, mais c'est une soirée à ne pas louper. Il se passe toujours quelque chose : un scoop, un gars qui finit dans la piscine... L'an dernier, les Lords avaient organisé un battle de shots, et Sylvain en était sorti vainqueur. Il avait battu Darren en enchaînant six verres de vodka, suivis de l'ultime épreuve : un grand verre de bière. Il avait eu droit à un baiser de Mackenzie Lord et à un trophée.

Ce n'est pas n'importe quelle fête, je vous l'ai dit. Ce sont les soirées des Lords. En plus, leurs parents détiennent une part de l'école et font des dons régulièrement. Ce sont des proches de mes parents... Enfin, surtout pour le business.

J'étais déjà prêt pour cette soirée, mon objectif étant de chiller et surtout de ne pas me prendre la tête. L'an dernier, j'avais fini complètement bourré et dans la piscine. Cette fois, j'espérais au moins me tenir... mais tout en m'éclatant.

— HA, ON EST PAS BIEN LÀ ? hurla Sylvain en entamant déjà une bière.

— HOUUUUUUU C'EST PARTI ! LES GENS, DOUBLE SALTO ! s'exclama Bastien avant de plonger.

Il y avait déjà beaucoup de monde. Cette fois, on avait même le droit à un DJ. La musique était à fond, les gens dansaient, d'autres se la coulaient douce dans la piscine, un verre à la main. Les Lords avaient mis le paquet sur cette soirée.

J'aperçois Alex, en pleine conversation avec la Fameuse. Ils semblent bien s'entendre, et elle n'a pas l'air ennuyée par ses blagues. Il m'aperçoit et m'incite à les rejoindre. J'hésite, mais je finis par venir, et il fait les présentations.

— Enchantée, Maxence. Mais... on s'est déjà vus, non ? me demande-t-elle en souriant.

— Ouais, il y a une semaine, lui répondis-je.

— Elle s'appelle Anamala, et elle est en deuxième année comme nous. Je pensais que tu étais en première année, j'étais étonnée de te voir dans mon cours, tu sais, déclare Alex.

— J'ai fait ma première année dans une école privée, mais ça ne me plaisait pas tellement, nous confie-t-elle en posant son verre sur la table d'à côté.

— En tout cas, tu es incroyable aujourd'hui, ajoute Alex.

— Merci, c'est sympa. Je vais prendre l'air un peu, ça ne vous dérange pas ?

— Non, pas du tout. Tu veux que je te prenne une boisson à ton retour ?

— Ouais, pourquoi pas.

Elle s'éloigne, et je décide de la suivre. Elle me regarde, surprise de me voir à ses côtés, puis elle sourit.

— Anamala, c'est ça ? lui demandai-je, histoire d'être sûr.

— Tu connais déjà la réponse, me répond-elle en me regardant.

— Je te pensais prétentieuse... maintenant, je te trouve audacieuse.

— Franc et honnête... j'aime beaucoup. Maxence, c'est ça ?

— Tu connais déjà la réponse, dis-je en souriant.

— Audacieux aussi, à ce que je vois.

— Tu aimes bien Alex ?

— Je t'en pose, moi, des questions ? dit-elle en riant. Tu adores me questionner, mais ça ne te regarde pas.

— Tout le monde s'interroge à ton sujet, tu sais, annonçai-je en sortant une clope.

— Qu'ils continuent... ça ne me fait aucun effet, Maxence, me répond-elle en réajustant ses cheveux.

Elle portait une jupe noire et un crop top assorti, accompagnés de bottes effet cow-boy couleur beige. Elle savait se mettre en valeur, et son teint lui allait parfaitement. Je pouvais apercevoir un tatouage sur sa hanche.

— Oh, ça ! Tu veux le toucher ? me demande-t-elle, toujours avec ce même sourire.

Je m'approche et caresse son tatouage. Elle me chuchote alors sa signification :

— Ça veut dire "rareté" en japonais... parce que des filles comme moi, tu en verras peu.

Puis, sans un mot de plus, elle entre dans la maison des Lords, me laissant seul de nouveau. Comme à notre première rencontre, à la bibliothèque.

Encore une fois, elle m'avait surpris. Elle avait du tact, de l'assurance... Elle était hors du commun.