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Anamala
Annonce : les chapitres 29 et 30 sont un peu plus longs et basés sur des histoires qui contiennent des faits réels.

Anamala Annonce : les chapitres 29 et 30 sont un peu plus longs et basés sur des histoires qui contiennent des faits réels

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Flashback

— Bonjour à tous, je me présente, Anamala, j'ai 16 ans et je suis une victime. D'habitude, je suis toujours celle qui s'assoit au fond de la salle et qui écoute les histoires des autres, mais me voilà parmi vous pour vous raconter un peu mon parcours. Je pense que dans la vie, si nous avons des combats, ce n'est pas toujours parce que Dieu veut nous tester sur notre fidélité, c'est souvent parce que ce sont nos choix qui nous mènent à ces combats. Le mal ne vient pas toujours du diable, mais parfois des décisions que nous prenons dans ce monde. J'ai compris qu'en vouloir à Dieu pour tout ce qui m'arrive n'était qu'une perte de temps, car c'est moi qui n'ai pas voulu changer ma vie. Il m'a ouvert les portes vers le bonheur, mais les choix que j'ai faits les ont refermées. Combien de fois ai-je pu rire, mais j'ai préféré rester enfermée dans ma chambre à pleurer ? Combien de fois ai-je pu vivre d'une passion, mais j'ai préféré laisser agir ma haine ? La fille qui se tient devant vous aujourd'hui ne l'aurait pas fait il y a cinq ans, parce que cette fille acceptait le mal qu'on lui faisait, elle acceptait les propos haineux qu'on lui disait, elle acceptait la torture qu'on lui infligeait.

Je les regarde tous puis je souffle un bon coup avant de reprendre.

— Les gens se plaignent qu'on parle h24 du racisme, mais ce racisme a tellement été banalisé que ça en devient quelque chose de basique, que ce soit dans notre travail, dans nos études ou bien dans l'éducation des enfants. Les gens continuent à propager la haine envers les étrangers, comme ils aiment tant dire. Pour moi, ce n'est pas quelque chose qu'on peut banaliser. À cause de cette couleur de peau, les gens nous haïssent, les gens nous maltraitent, les gens espèrent être blancs pour vivre dans ce monde. À cause de cette couleur de peau, les noirs de notre communauté nous dénigrent, préférant d'autres standards. Moi-même, j'ai été rejetée parce que j'étais trop noire. La chose la plus traumatisante que j'ai eu à vivre, c'est d'avoir été comparée à un chien et de me faire cracher dessus sans que personne ne réagisse.

— C'est grave ce que les enfants ont à vivre alors qu'elle a juste 16 ans. Comment nos enfants peuvent-ils évoluer dans ce genre de secteur si personne ne réagit ? Se demanda Cristal.

— La question à se poser, c'est : est-ce qu'un jour on sera vraiment considérés comme des êtres humains, ou garderont-ils l'image des noirs à l'époque de l'esclavage ? Personnellement, je sais qu'il y a des gens bien qui se battent pour l'évolution de ce monde et de la mentalité. Je sais qu'un jour, nous serons utiles à ce monde par nos bienfaits et nos richesses, mais si vos enfants se font maltraiter et dénigrer, dites-leur qu'être noir, c'est une merveille, une richesse, un don et un bonheur. Allez dans son pays et voyez l'évolution, les plats, la diversité et tous les atouts qui, pour moi, font ma force. Merci à tous de m'avoir écoutée.

Les membres du club applaudissent. Ma mère me fait un bisou sur le front et me chuchote qu'elle est fière de moi, ainsi que mon père. Cristal et Nala, étant des membres du club avec qui je parle énormément, sont venues me féliciter de mon discours et m'ont encouragée à prendre la parole pour les prochaines fois.

Fin du flashback

Cela faisait deux mois que je n'avais pas posé les pieds au club « LTMF », en d'autres termes « Listen to my fights ». C'est un club qui a été fondé en 2004 par la tante de Cristal, qui en avait marre que personne ne réagisse quand les jeunes souffraient de harcèlement, de discrimination ou de racisme. Tout le monde est libre de venir et de participer à l'événement. Ma mère est une des membres du club. C'est d'ailleurs elle qui m'a proposé de m'inscrire. Elle participe aux financements des locaux et elle adore écouter et donner des conseils aux personnes qui en ont besoin.

— Oh, mais c'est pas vrai, la mini Anamala Luther King est de retour ! S'exclama Cristal en me prenant dans ses bras.

— Arrête de m'appeler comme ça, tu sais très bien que je ne serai pas aussi réputée que le vrai Luther, mais la rénovation est juste incroyable, déclarais-je.

— Il faut remercier ta mère. D'ailleurs, la séance va commencer dans quelques minutes. Tu souhaiterais parler ? J'aimerais bien t'entendre. Tu sais que je t'adore, et Nala sera ravie de te revoir sur scène.

— Il y a une scène ? Lui demandais-je.

— Bien sûr ! Ta mère nous a fait un endroit de malade et les gens viennent de plus en plus pour nous raconter leurs histoires. Ma tante a voulu une conseillère, donc elle a nommé, roulement de tambour : ta mère ! Elle m'annonça, très heureuse.

— Cette cachotière ! C'est pour ça qu'elle était tout le temps occupée. Bon, allons voir l'intérieur, en plus il fait froid.

Et effectivement, ma mère n'avait pas fait les choses à moitié. Le décor était incroyable et les couleurs étaient chaleureuses. C'était vraiment agréable. Plus le temps passait, plus la salle commençait à se remplir. Je me rappelle qu'à l'époque où je venais, nous n'étions que 20 dans la salle et le local était plus petit, donc on ne pouvait pas accueillir beaucoup de monde. La soirée débuta et on discutait tous ensemble, puis vint l'heure des révélations.

Le club « Listen to my fights » était ouvert à tous. Cristal débute le bal par une salutation et explique aux nouveaux les étapes et s'ils souhaitent s'inscrire ou encore participer à la vie commune du club, ou bien être accompagnés ou conseillés.

— Bien, je vous souhaite encore la bienvenue. Aujourd'hui, au programme, nous avons l'opportunité d'avoir une ancienne élève qui va venir faire un mini discours qui va vous toucher... enfin, je l'espère !

Nous avons tous ri, puis je me suis levée pour me diriger vers le podium. Je m'assis et pris le micro.

— Bonjour à tous, je suis ravie aujourd'hui d'être parmi vous et de voir l'évolution du club. La dernière fois que je suis venue ici et sur scène, je venais d'avoir mes 16 ans. J'avais témoigné de mes peurs, de mes doutes, de mes choix dans la vie qui m'ont menée à une perte, ainsi que de mon harcèlement à l'école. Puis, j'avais fait un mini discours, car nous étions en majorité noire, à propos de la couleur de peau. Mais je vois que la diversité est encore plus présente, donc je tiens à vous dire, et cette fois je m'adresse à tous, que même si les gens vous feront paraître étranger ou étrangère aux yeux des autres, vous êtes un humain, une création de Dieu, et vous ne devez pas vous sentir culpabilisés ou exclus des autres parce que vous n'avez pas ceci ou cela. Non, aimez-vous, c'est tout ce qui compte. S'il y a des jeunes dans cette salle, je tiens à vous dire aussi que si vous vivez des parcours difficiles, ma porte est toujours ouverte. Voilà, et merci de m'avoir écoutée encore une fois. Dis-je en donnant le micro à Nala, qui m'a enlacée peu avant.

— Après ce beau discours, il est temps d'accueillir quelques personnes qui ont souhaité monter sur scène aujourd'hui. Nous avons donc à la liste : Joshua, Marc, Belle et... ah oui, Hakira.

— Hakira ? M'exclamais-je, assez surprise.

Peut-être que je me trompais et qu'une autre fille portait le nom de mon amie, mais c'était bien elle que j'apercevais sur scène. Ses yeux venaient de croiser les miens et elle m'aperçut, puis elle sourit.

Mais moi, à la fin, cela ne m'avait pas fait rire.

𝐋𝐀 𝐃𝐀𝐑𝐊𝐒𝐊𝐈𝐍 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant