𝐋𝐀 𝐃𝐀𝐑𝐊𝐒𝐊𝐈𝐍

0.9

Anamala

Je me retrouve donc avec les filles et le groupe de Maxence. J'étais assise à côté de Sylvain, et nous discutions de son soi-disant demi-frère, Ross. De jour en jour, je découvre de nouvelles personnes et des liens familiaux que j'ignorais.

— Tu veux savoir quoi, belle gosse ? me demande Sylvain en écrasant sa clope.

— Ross, lui répondis-je.

— À vrai dire, Ross est à l'hôpital. Je ne peux pas t'en dire plus, mais il revient dans la semaine. Alec m'a dit que tu étais en groupe avec lui, mais je t'assure que je lui ferai part de son travail, déclara-t-il pour me rassurer.

— Il n'a rien de grave ?

— C'est Ross, hein... Tu découvriras son personnage bientôt. Mais sinon, ça va ?

— Je vais bien, et toi ?

— On m'a dit que tu te rapprochais d'Adrien, dit-il en souriant.

— La personne qui te l'a dit devrait se mêler de ses affaires... ainsi que de sa relation, n'est-ce pas ?

— Hé, moi, j'ai rien fait, fit-il en levant les mains en signe d'innocence.

Adrien fait son apparition, et mon sourire revient automatiquement. Il salue tout le monde, puis vient mon tour. Sylvain s'en va en me faisant un clin d'œil, et nous nous retrouvons tous les deux, loin des autres.

— Prête pour ce soir ? me demande-t-il.

— J'ai tellement hâte de voir ce que tu me réserves, lui répondis-je en arrangeant une mini-mèche qui le dérangeait.

— Merci... Tes mains sont chaudes, j'ai tellement froid.

— Technique d'approche ou je rêve ? dis-je après avoir ri.

— Bien vu, j'ai essayé.

Je prends sa main et la serre dans la mienne. On se regarde, puis on se sourit de nouveau. L'hiver commence à se faire sentir. J'avais déjà enfilé ma grosse veste et mon écharpe, mais il y en avait un qui n'était pas assez couvert. Je discute un peu avec Adrien, mais il doit s'en aller, il a un rendez-vous familial.

Je m'avance vers Maxence et lui tends ma paire de gants.

— Merci, dit Maxence en les enfilant très rapidement.

— La prochaine fois, couvre-toi.

— Si j'arrive à avoir ton attention en te faisant pitié, je pense que je ne devrais pas me couvrir, alors.

— Britney te réchauffera, j'en suis sûre, déclarai-je en lui souriant.

— Très joueuse, Anamala... Tu aimes tellement me mettre dans cet état, dit-il en s'approchant de moi.

— Maxence, tu te mets dans cet état tout seul, je n'ai strictement rien fait, lui dis-je en le regardant cette fois-ci.

— Tu vois, là... Tu me regardes et j'ai envie de flancher.

— Tu es juste faible, Maxence.

— Ne va pas à son rendez-vous bidon, lâcha-t-il.

J'étais un peu étonnée de sa réaction. Je ne connais pas très bien Maxence. Le peu de fois où je traîne avec lui, on se tourne beaucoup autour, mais de là à me supplier de ne pas sortir avec Adrien... Je ne m'y attendais pas du tout.

— Pourquoi ? lui demandai-je.

— Je ne veux pas, répondit-il en passant sa main dans ses cheveux.

— Tu sais, Maxence, je ne pourrais pas sortir avec un mec qui ne sait pas ce qu'il veut et qui décide de se prendre en main une semaine sur deux. Je pense qu'on devrait arrêter... ce truc entre nous, et juste être amis, non ?

— Amis ? Avec toi ? dit-il en riant.

J'ai ressenti une énorme chaleur, et je n'avais plus le contrôle de mon corps ni de mon esprit... Puis ce mauvais souvenir refit surface.

Flashback

— Salut, je m'appelle Anamala. Tiens, c'est ton ballon, dis-je en souriant aux trois filles.

— Garde-le si tu le veux, moi je n'en veux plus, déclara l'une des filles en fronçant les sourcils.

— ... Je peux jouer avec vous ? demandai-je en gardant toujours le sourire.

— Jouer avec nous ?! s'exclama une autre fille en riant.

Elles se mirent toutes les trois à rire en me pointant du doigt. Je n'avais pas compris leur réaction à ce moment-là.

— Je ne jouerai jamais avec toi, sale fille, vas-t'en ! dit-elle en me poussant.

— Va te laver les mains après, on ne sait pas ce qu'elle a fait, ajouta son amie. En espérant ne plus te voir sur notre territoire, Anamala.

Fin du flashback

— Anamala ? Anamala ?

— Hum ? fis-je en revenant peu à peu à la réalité.

— Tu vas bien ? me demanda Maxence, assez inquiet.

— Je dois y aller, déclarai-je.

— Tu veux que je te raccompagne ? C'est ma faute, je n'aurais pas dû me moquer de la situation. Anamala, tu as raison... Je pense qu'on devrait tout reprendre à zéro.

— Maxence... Accompagne-moi.

J'envoie un message à Hakira pour la prévenir de mon absence, puis je monte dans la voiture de Maxence.

— Tu sais, c'est la première école où je me sens carrément bien, lui confiai-je en jetant une pierre dans l'eau. Tu connais ce sentiment d'être jugé, Maxence ? D'être celle qui est rejetée ? Et maintenant, tous les garçons me tournent autour... Je ne sais pas si c'est pour prouver quelque chose ou si c'est sincère.

— C'est vrai qu'au départ, je t'ai beaucoup jugée. Je pensais du mal de toi... Je ne saurais l'expliquer, mais tu m'attires beaucoup.

— Sans raison ? lui demandai-je en le regardant dans les yeux. Ou bien est-ce parce que je suis noire ?

— Je ne saurais l'expliquer...

— Tu es comme les autres, Maxence, soufflai-je. Je pensais que tu ne ferais pas de différence, mais ça me prouve que tu es une merde.

— Anamala...

— Elle était bien, ta nuit avec Britney ? lui demandai-je en souriant. Elle t'attire aussi, ou c'était juste pour une nuit ? Elle semblait heureuse ce soir-là... Et puis, si tu te demandes, la rumeur est déjà répandue.

— ... Je... bafouilla-t-il. Je regrette d'avoir couché avec elle. J'avais juste bu, et puis c'est allé comme ça...

— Tu ne me dois pas d'excuses. C'est juste pour te montrer à quel point tu sais manipuler les gens et que tu es un vrai joueur, Maxence. Sur ce, j'ai un rendez-vous qui m'attend et j'aimerais bien que tu me déposes chez moi.

Il n'a pas ronchonné et a respecté mes dires. Je n'attendais pas grand-chose de sa part, et cela ne faisait que confirmer qu'il aimait jouer avec moi. Parce que j'étais la nouvelle, la fille mystérieuse avec plein de soupçons et d'histoires autour d'elle.

Je pouvais enfin me concentrer sur Adrien et ne plus regarder autour de moi.

Ne plus regarder Maxence.