Chapitre 1

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Les quelques dossiers restants sur mon bureau me rappellent que la journée est bientôt finie. Bien que je sois très heureuse dans ma vie professionnelle, les vacances qui arrivent vont me faire un bien fou.

— Lucy, comment se passent les ventes ? s'élève la voix de ma collègue à l'entrée de mon bureau.

— Les chiffres sont très bons, dis-je en relevant la tête, nous avons eu un meilleur budget que l'année dernière pour promouvoir le projet donc cela a rapporté pas mal de monde.

— Les romans de Noël étaient une très bonne idée, tout le monde en raffole. Bravo pour ton idée, s'exclame-t-elle alors que je la remercie. Tu es prête pour le départ ? reprend-elle.

— Tout est prêt, je passe chercher mes amis à dix-huit heures.

— C'est toi qui va conduire ? demande-t-elle en redressant un sourcil.

— Je n'ai pas trop le choix...

Mes amis ne sont pas du genre à laisser beaucoup de choix, j'ai été désigné pour conduire car ils savent que j'ai une grande voiture, et je n'ai pas su dire non.

— Combien de temps de route est-ce que tu dois faire ? 

— Presque cinq heures. Le chalet est assez éloigné du centre de New-York. Nous l'avons réservé dans un petit village perdu.

J'ai très hâte de rejoindre mon petit groupe. Depuis que nous avons quitté le lycée, nous nous sommes un peu éloignés, et les études supérieures et le travail ne laissaient plus le temps de sortir. Certains ont déménagé, d'autres se sont fait une nouvelle vie, mais nous avons gardé contact et tenté de continuer de nous parler sur les réseaux. Justine est une des seules que je vois encore dans la vraie vie, c'est la personne la plus proche de moi, que je pourrais considérer comme ma meilleure amie, bien que je n'aime pas ce terme. Je n'ai pas vu les autres depuis au moins deux ans sauf en appel visio. Je crois que Justine a revu quelques personnes, mais depuis que j'ai mon travail, je n'ai pas de temps a accorder a beaucoup de personnes.

— Et toi Carla, tu vas chez tes parents ?

— Oui ! dit-elle en souriant.

Carla est plus jeune que moi de cinq ans. Du haut de ses vingt ans, elle est très autonome et motivée, c'est pour cela que je l'ai embauché sans aucune hésitation et je ne regrette pas mon choix.

— Je ne les ai pas vus depuis cinq mois, ça me fait une drôle de sensation d'y retourner.

— Tu es pressée ?

— Oui. Ils me manquent et mes frères aussi. Mais je ne sais pas... dit-t-elle en marquant une pause, je suis bien à New York. J'ai ma vie, ma routine, mon appartement, alors qu'à la maison, je vais devoir vivre avec plusieurs personnes et respecter leurs habitudes.

— C'est normal de ressentir tout ça, mais je ne doute pas de toi, tu vas réussir à t'adapter. Profite de tes vacances Carla, ainsi que de ta famille et tes amis.

— Merci Lucy. Je te souhaite de bonnes fêtes.

— A toi aussi. 

Elle me fait un signe de la main avant de s'éloigner de la porte. J'entends ses talons remonter le couloir, s'arrêter un instant, ce qui signifie qu'elle s'est arrêtée au bureau de Jordan. Je suspecte qu'elle ait un faible pour lui et je compte les faire travailler sur un projet ensemble pour les aider à se rapprocher. Carla est une belle fille et elle a un bon caractère, je suis sûre que Jordan l'aime bien aussi. 

Ses talons reprennent leur route puis disparaissent dans le hall, la porte claque et la voilà partie. J'ouvre un nouveau dossier, le titre est assez clair « Meurtre sous le sapin », je suis assez surprise par ce que je lis. Je n'ai jamais lu de roman policier qui se déroule à Noël et cela m'intrigue. Qui aime lire ce genre d'histoire macabre lors d'une si belle fête. Et pire, qui aime écrire cela ? L'esprit de Noël est lié à la joie, la musique, le vin, et l'amour, pas à un corps gisant avec un policier qui tente de résoudre l'enquête au lieu d'être avec sa fille le soir de Noël.

Alors que la nuit commence à tomber, mon téléphone sonne, me sortant de mes pensées. Mince, Justine.

— Coucou ma belle, nous sommes dans le train, nous arrivons dans dix minutes, annonce-t-elle à l'autre bout du fil.

Je jette un coup d'œil à ma montre, je ne serais jamais à l'heure à la gare. 

— Pas de soucis, j'y serais. A tout de suite.

Je raccroche, range les trois dossiers restants dans mon sac à main, dont celui que je lisais, qui était finalement intéressant. Je prends mes quelques affaires, quitte mon bureau que je ferme, puis je m'arrête à celui de Jordan.

— Jordan ! Je dois absolument partir, est-ce que je peux te confier la fermeture ? demande-je essoufflée.

— Bien sûr Lucy. Je m'en occupe. Tout va bien ? demande-t-il remarquant ma détresse.

— Je suis en retard pour récupérer mes amis.

— Aucun problème, vas-y !

— Merci. Passe de bonnes vacances.

— Toi aussi.

Je tourne les talons et remonte le couloir que Carla a emprunté quelques heures plus tôt, puis je quitte le bâtiment. Je longe les boutiques décorées de guirlandes et toutes sortes d'objets rappelant noël jusqu'à ma place de parking, mes talons me donnent mal aux pieds.

Lorsque j'arrive à la voiture, je suis heureuse de pouvoir échanger mes talons hauts contre des baskets. Je dépose mon sac sur le siège passager en vitesse et démarre, direction la gare.

Comme prévu, je suis en retard. Et pas qu'un petit peu. Les rues de New York sont toujours pleines en fin de journée et le trafic est perturbé. Lorsque j'arrive à la gare, je trouve, par je ne sais quel miracle, une place de parking. J'appelle Justine pour lui annoncer où je suis garée et descendre de ma voiture pour l'accueillir.

Lorsque je la vois au loin, je la rejoins en courant.

— Lucy ! Tu m'as tellement manqué.

— Toi aussi Justine !

— Tu es prête pour rejoindre le chalet et l'esprit de Noël ? dit-elle en hurlant dans mes oreilles, me faisant rire tandis que je l'embrasse avant de m'éloigner d'elle. Je pense que tu te souviens de Lucas.

— Bien sûr que je me souviens de toi ! dis-je en lui faisant la bise alors qu'il approche vers moi.

Même si je ne l'ai pas vu depuis plus d'un an, Justine et lui sont en couple donc j'ai de ses nouvelles assez fréquemment.

— Et tu n'as pas oublié Alex ?

Alex ?

J'échange un regard avec Justine, qui semble fière d'elle. Du regard je l'interroge, pourquoi ne m'a-t-elle pas prévenu qu'il serait là ? Là avec nous pour le trajet. Je savais qu'il venait au chalet, mais pas que je devais l'y emmener.

- Salut Lucy.

D'un battement de cil, d'un sourire et d'une parole, je retourne au lycée, ayant un faible pour un garçon que je n'aurai jamais. 

Un chalet pour Noël (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant