Qu'est-ce qui ferait que cette année Noel serait différent ?
C'est la question que Charlie, 35 ans se pose à l'aube des vacances de Noel.
Maman célibataire d'un petit garçon, elle a du mal à sortir la tête de l'eau après un évènement dramatique.
Alo...
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No right to love you - Rhys lewis
Au moment où je franchis la porte du chalet, je suis accueilli par Nanuk qui, comme à son habitude, me fait la fête. En rentrant chez moi, j'imaginais que j'allais enfin souffler, évacuer cette tension qui me pèse depuis que son visage est réapparu devant moi. Mais c'est tout bonnement impossible parce que son parfum emplit déjà tout l'espace.
Pendant quinze jours, elle va s'infiltrer partout et je ne sais pas comment je vais résister à ce tsunami d'émotions. Il y a une semaine, j'espérais encore que Léa changerait d'avis. Que Charlie n'allait pas débarquer ici pour passer les fêtes de Noël avec Ma Famille ! Peine perdue.
À cet instant, je ne sais pas ce qui me contrarie le plus... qu'elle n'ait pas reconnu celui qu'elle a croisé en soirée il ya quelques années ou qu'elle s'imagine qu'elle peut débarquer comme une fleur et que tout le monde va lui pardonner ?
Elle nous a tourné le dos en quittant la région. Sa meilleure amie, ses propres parents et moi. J'avais besoin d'elle, besoin de son sourire, de ses rires, de ses encouragements pour avancer. Au lieu de ça je n'ai rencontré que de la souffrance, de la pitié et je me suis barricadé le cœur pour être assez fort. Léa avait besoin de soutien, pas d'une mauviette qui chiale.
Elle m'a abandonné. Deux fois.
Je m'étais préparé à revoir son visage. Je pensais que je l'aurais trouvée vieillie, différente, insignifiante. Mais quand ses iris verts ont croisé les miens, au pub, quand je l'ai aperçue cherchant quelque chose sur scène, mon cœur a pris un coup de poignard. Je pensais que les années auraient chassé ce putain d'élan qui palpite au creux de ma poitrine. Je pensais que le petit garçon admiratif avait fait son deuil. Je pensais que le jeune homme avait accepté ce dernier abandon. Mais la décharge est toujours là, puissante, inébranlable et destructrice.
Un soupir m'échappe et je décide qu'il est temps d'étouffer dans l'œuf cette douleur qui m'a suffisamment pourri la vie. Une bouteille de vodka à la main, je me laisse choir sur le canapé en velours.
Abandonné sur la table basse, un livre attire mon attention : Les Fleurs du Mal de Baudelaire...
Comme c'est risible...
La vodka coule le long de ma gorge, brûlant mon œsophage, détournant la douleur à un autre endroit. Je ferme les yeux quelques secondes, me plongeant dans les souvenirs enfouis. Ceux d'un petit garçon bercé par la musique d'un violoncelle. Les heures de leçons dans la clarté du petit salon de musique de maman. Les fausses notes et les éclats de rire contenus. Cette complicité qui m'a tant manqué...
Je l'admirais tant !
Et cette complicité s'est muée en un sentiment bien plus profond...
Peu de temps avant le drame qui m'a arraché à ma famille, j'ai commencé à comprendre l'importance des sentiments que j'avais pour Charlie. Elle n'était plus, à mes yeux, l'équivalent de ma sœur. Non, elle était devenue bien plus. Celle qui faisait battre mon cœur plus vite, celle qui me faisait sourire, celle avec qui j'imaginais un avenir, bien plus tard...