C'est Adariya qui m'a sortie de mon sommeil à la pause de midi.
- Tu viens manger?
- Nan. Je ne mange plus depuis longtemps. Fais moi plaisir va te faire des amies et laisse moi dormir.
J'ai soufflé et ai remis ma tête dans mes bras, l'ignorant complètement. Mais à ma surprise, elle est restée plantée là, complètement hébétée. J'ai tourné la tête pour la regarder. Elle tremblait.
- Qu'est-ce que j'ai dit? Ai-je demandé l'air détaché.
Elle a commencé à sangloter et elle est devenue toute pâle. D'un coup elle s'est écroulée et a commencé une crise angoisse. Merde. J'avais probablement dis quelque chose qui l'a mise dans cet état...
Je l'ai donc aidée à se relever et l'ai accompagnée jusqu'aux toilettes du bâtiment où je l'ai assise contre un mur.- Je suis désolée... Je peux faire quelque chose ?
Elle n'a pas répondu. Elle s'est jetée sur moi et m'a enlacée, toujours tremblante. J'ai passé mes bras autour d'elle, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Puis, au bout de quelques minutes elle a commencé à se calmer. Elle a repris des couleurs, a cessé de sangloter et a lentement arrêter de trembler, son rythme cardiaque se calant progressivement sur le mien.
Elle s'est détachée de moi et a plongé son regard clair dans mes yeux noirs.- Merci. Et désolée... Ça m'arrive de faire des crises d'angoisse...
- T'inquiètes, je sais ce que c'est. Je suis désolée si j'ai dit quelque chose de déplacé.
Elle a brusquement agitée les mains.
- Non, non non. Tu n'as rien fait de grave. Tu n'as fait qu'exprimer ton ressenti...
- Traumas..? L'ai-je coupée.
Elle a baissé le regard.
- Oui, c'est une assez longue histoire...
- Viens me raconter tout cela.
Je l'ai attrapée par la main et l'ai emmenée à mon coin fétiche, là où personne ne viendrait nous chercher. Sur le chemin, elle m'a raconté que son père a toujours été absent et abusif, que sa maman l'a laissée éduquer ses petits frères et sœurs pendant qu'elle allait friquoter avec toutes sortes de types plus ou moins chelous à longueur de journée... Elle m'a également expliquer le harcèlement qu'elle a subit à l'école, du fait qu'elle ne sortait pas (à cause du comportement de sa mère) et qu'elle était grosse. J'avais de la peine pour elle... Elle se trimbalait un si lourd passé cette petite tête d'ange... Et pourtant elle était si douce, si amicale, si chaleureuse... Et moi, comme la débileque je suis, je l'ai envoyée paître dans les ronces. Bien sûr qu'elle avait fait une crise d'angoisse tout à l'heure quand je lui ai dit d'aller se faire des ami.e.s et de me fiche la paix ! Ça l'a ramenée à cette période horrible... Quelle abrutie je fais !
- J'suis désolée Princesse. Tu mérites pas ça...
Nous nous sommes assises sur mon banc et elle m'a refait le sourire de ce matin... Dieu qu'elle était belle... Mais elle devait avoir une telle opinion de moi... Hautaine, dédaigneuse, secrète, et elle devait probablement penser comme tous ces gens qui s'effraient de moi: je suis le diable incarné.
Adariya a soudainement posé une main sur la mienne, me tirant de mes pensées. Elle affichait toujours son joli sourire... Mais avant que je ne puisse dire un mot, on entendit son estomac gargouiller, ce qui nous fit partir dans un long fou rire.
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Ma vie pour la tienne
RomanceDepuis le décès de maman, je me fiche de tout. Je n'éprouve plus rien. Je bosse le minimum du syndical, je ne prend pas particulièrement soin de moi et je ne vais plus aux groupes de soutien psychologique. Jusqu'à... son arrivée à l'internat.