Bonus
Treize mois plus tard
— Je veux une glace ! entends-je une petite fille réclamer au bout du parking tandis que je range mes affaires de plage dans mon coffre.
— On va rejoindre maman à la voiture et on lui posera la question. T'en as déjà eu une ce midi, petite coquine.
Mon cœur rate un battement puis s’affole, mon corps s’immobilise. Mon cerveau vient de bugguer. Je n’ose plus bouger d’un cil. Cette voix me paralyse. Les mots que cet homme vient de prononcer aussi. Il a bien dit “maman” ? Je n’ai pas rêvé ? À sa prononciation, cette enfant doit avoir à peine plus de trois ans.
Je ne sais pas comment agir. La tête toujours dans le coffre, j’ai peur de me retourner et de découvrir que cette voix appartient bien à celui qui est parti un matin, ne laissant derrière lui qu’une lettre.
Ça ne peut pas être lui, je dois être plus fatiguée que je ne le croyais. Comment pourrait-il se trouver à plus de cinq cents kilomètres de chez lui ? Sur cette plage ? Notre plage.
Des pas sautillant s’approchent de mon véhicule. Ils viennent vers moi. Je devrais déguerpir mais mes jambes refusent de coopérer. J'attrape mon sac et en extrait mon thermos. Mes mains tremblent tellement qu’au moment de me redresser, il s’écrase au sol dans un grand bruit.
Je me maudis en silence tout en le ramassant. C'est là que j’aperçois des petits pieds nus s’arrêter devant moi.
— Elle est belle ta robe, s’extasie la poupée blonde qui sourit comme seule une enfant sait encore le faire.
Je la remercie à retardement, subjuguée par ses yeux. Par l’ovale de son visage. Par les boucles qui l’encadrent.
Elle lui ressemble tellement.
— Toi aussi, t’aime les colocos ?
Elle désigne les coquelicots dessinés sur ma jupe.
Je vais pour répondre lorsque que cette voix qui me hante depuis son départ, m’en empêche.
— Ma puce, maman va être furax si on ne la rejoint pas vite et n’embête pas la da...
La fin de sa phrase se meurt alors que je me tourne vers lui.
— Bordel de merde, souffle-t-il, les yeux exorbités. C'est bien toi ?
— T’as dit un gros mot, s’écrie sa fille en se bouchant les oreilles.
— Oui, pardon. Je... je...
Je me redresse lentement, ne sachant comment réagir. Quoi dire. Quoi faire.
Et puis, mes tergiversations n’ont plus d’importance lorsqu’il me prend dans ses bras et m’embrasse.
— Tonton ? C'est ton amoureuse ?
***
Cette fois c'est vraiment fini 😭😭😭
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À l'ombre d'une vie
RomanceOn dit que notre destin est écrit avant même de venir au monde. Et si une erreur s'était glissée entre les lignes de la destinée ? Une parenthèse écrite tout en bas de la page ? Deux âmes qui ne devaient pas se croiser, et qui pourtant vont s'aime...