7.Elle

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Le train-train quotidien a repris ses droits. 

Je bosse comme une forcenée que ce soit au boulot ou à la maison. Je reste tard au travail pour pouvoir boucler toujours plus de dossiers et pouvoir parler à mon amant sans avoir peur d'être surprise toutes les deux secondes. Regarder au-dessus de son épaule devient de plus en plus fatiguant nerveusement.

J'ai, tous les jours un peu plus, besoin d'entendre sa voix, ce son qui me paraît de plus en plus rassurant au fil du temps. Les messages en cachette ne me suffisent plus. Depuis cette parenthèse, ce moment hors du temps, il m'est devenu difficile d'être loin de lui. J'ai besoin de sentir son corps contre le mien, d'avoir encore le goût de ses baisers et la douceur de ses caresses.

Je suis définitivement fichue.

Je ne suis vraiment moi que quand je suis avec lui, enfin lorsque je lui parle.

C'est tellement facile et évident de me confier à lui, jamais je n'ai vécu une telle complicité avec un homme. Encore moins avec le mien, du moins plus depuis des lustres.

Nous nous connaissons depuis très longtemps avec mon mari mais nous n'avons jamais atteint ce niveau d'intimité. Même au début de notre histoire nous n'étions pas aussi complice. Nous n'avons jamais vraiment partagés les mêmes centres d'intérêts mais ça nous était égal, s'aimer nous suffisait. Aujourd'hui je me rends compte que c'est un élément important.

J'ai envie de partager chaque petits moments de ma journée, chaque petites idées que j'ai, avec "lui". J'ai envie qu'il connaisse chaque détails de ma vie et de mes rêves.

Pourtant notre premier échange a été loin d'être romantique ou même cordial, ça a même plutôt l'inverse.

Je souris en y repensant. Même lui s'excuse à chaque fois que nous y faisons allusion.

Je me souviens parfaitement, c'était un dimanche de pluie. Un de ces jours où vous n'avez envie de rien, encore moins sortir de sous la couette.

Je m'étais préparée un petit déjeuner au lit, et avais pris mon ordinateur pour fouiner sur le net. Tout un tas de livres attendaient sur ma table de chevet mais l'envie n'y était pas.

Pour une fois, j'avais envie d'autre chose et peut-être discuter un peu. La quasi solitude dans laquelle j'étais commencer à me peser.

Mon autre passion à part la lecture est la photographie alors naturellement je me suis dirigée vers les pages dédiées à celle-ci. Après en avoir feuilleté quelques-unes sans grand intérêt, je suis tombée sur une photo qui m'a subjuguée.

C'était un cliché d'une pâquerette rouge posée sur le sol, ce même sol était détrempé par la pluie. Des gouttes paraissaient être sur l'objectif et donnaient à cette photo une atmosphère particulière qui m'a emportée avec elle. Je l'ai trouvée bouleversante et a fait écho en moi, je l'ai contemplée longuement avant de vouloir en savoir un peu plus sur l'auteur de cette œuvre.

En cliquant dessus j'ai été redirigée vers un blog. Et là, j'ai pu constater le merveilleux travail de cet artiste.

J'ai décortiqué chaque photo, chaque image toutes plus magnifiques les unes que les autres. Jusqu'à trouver celle qui au premier coup d'œil m'a semblé ne pas être de lui tellement la qualité était moyenne. Une chose que je ne saurais décrire encore, c'était pour moi comme une évidence.

J'ai alors laissé un commentaire qui me semblait cordial et poli pour lui dire qu'en augmentant la saturation, il aurait obtenu un meilleur rendu. Ainsi la photo serait encore plus belle. Puis j'ai éteint mon ordinateur sans trop me préoccuper d'une éventuelle réponse de sa part. Pourquoi aurait-il répondu au commentaire d'une non professionnelle.

À l'ombre d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant