2.Lui

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Ça y est... elle est partie rejoindre son autre vie. Et ça me tue.

Savoir qu'un autre à le droit de la toucher, de l'embrasser et de dormir à ses côtés me broie le cœur.

Cette nuit a été merveilleuse, je suis un indécrottable romantique, mais être avec elle, allongée et offerte dans mes bras, ont été les plus belles heures que j'ai vécu depuis bien longtemps.

Depuis... Non, stop. N'empreinte pas ce chemin. Pas après les instants merveilleux que tu viens de vivre.

J'avoue que je ne voyais pas notre première nuit comme ça. J'avais imaginé un feu d'artifice, nos corps enlacés, fébriles de se sentir, mes mains caressant son corps et bien sûr lui faire l'amour toute la nuit. Encore et encore.

Je ne devrais pas penser à ça maintenant. Pas au beau milieu d'une gare bondée de mecs pressés de rentrer, d'enfants qui braillent. Mais je sens encore la chaleur de son corps contre moi... Et voilà, mon pantalon devient étroit. Il faut que je me calme, que je pense à autre chose.

Mais je ne suis qu'un homme après tout, et pas gêné du tout de bander au milieu de ces gens, non du tout. Heureusement que ma veste couvre un peu mon état. Mais bon je suis un homme, amoureux, oui amoureux. Quel drôle d'effet de le redire, cela faisait tellement longtemps. Mais pourtant, c'est le cas. Je suis amoureux d'une femme qui appartient à un autre.

Depuis notre premier échange, j'ai su qu'elle changerai ma vie. Je ne pensais pas que ça serait à ce point, mais je savais que d'une manière ou d'une autre elle ferait partie de ma vie.

Je suis interrompu par la voix désincarnée qui annonce qu'il est temps pour moi de rejoindre le quais numéro 3. Retourner, moi aussi à ma vie.

Celle qui ne me manque pas. Celle que j'exècre le plus souvent.

Allez mon vieux. Bouge-toi !

En avançant je repense à Elle, évidemment. Et ses derniers mots. Prononcés du bout des lèvres j'en ai conscience, mais exprimés quand même.

Mon cœur explose de nouveau. Elle me l'a dit... enfin. Bordel, elle me l'a dit.

J'ai la sensation d'avoir à nouveau quinze ans. Mon premier flirt, mes premiers émois. J'ai les mêmes battements effrénés du cœur, les mêmes jambes qui tremblent. C'est sûr, je suis foutu. Elle m'a littéralement ensorcelé et a, à jamais kidnappé mon cœur.

Je finis par monter dans ce fichu train, qui va m'éloigner d'elle encore un peu plus. Ça me flingue.

Il faut que je trouve un moyen pour la revoir au plus vite, la sentir encore contre moi. Savoir qu'elle n'est pas le fruit de mon imagination. Et puis je ne veux plus la partager. Je l'ai compris cette nuit. Nuit que j'ai passé à la regarder dormir.

Foutu romantisme !

Je n'avais qu'une envie, la réveiller et la faire mienne. Enfin ça c'est une certaine partie de mon anatomie, qui se manifeste d'ailleurs encore au moment même.

L'autre partie de moi, mon âme, c'est contenter de la dévorer des yeux, de dessiner mentalement tous les traits délicats de son visage. Les formes généreuses de son corps moulés dans cette nuisette, presque transparente. Purée, je me demande encore comment j'ai fait pour résister. Enfin si je le sais. Voir ses traits détendus, le petit sourire aux coins des lèvres qu'elle affichait quand je lui caressais les cheveux, ont fini de me persuader.

Et je ne regrette rien. Pas une seule seconde que j'ai passé en sa présence.

Notre première fois n'en sera que meilleur. Car je sais qu'à ce moment-là, elle sera entièrement libre de ses choix, et dans son corps et dans sa tête. Car je me fait la promesse solennelle qu'elle ne sera plus avec cet abruti qu'elle appelle mari, quand je la posséderais pour la première fois.

Je ne le supporterais pas.

Je veux être celui dont elle a besoin tous les jours. Pas juste, tard dans la nuit, cachée sous les draps pour ne pas réveiller "l'autre".

Pas juste quelques minutes au téléphone avant de rentrer chez elle, ou en cachette. J'en ai marre d'être dans l'ombre de sa vie.

Et savoir qu'elle va lui faire l'amour, peut-être même dès ce soir, alors qu'elle vient de m'avouer son amour me fout les boules.

Non, ne pas penser à ça. Elle ne peut pas, pas après notre nuit. Je le sais, impossible. Un doute se fait une place insidieusement, grignote doucement ma confiance en moi.

Confiance, est notre maître mot. Quel ironie, vous trouvez pas.

Pu... je la veux pour moi seul. Est-ce un crime ? Est-ce ma faute si avant moi, elle a epousé un crétin ?

Elle est La femme de ma vie, qu'elle appartienne à un autre n'y change rien. Elle est à moi. Elle seule est faite pour moi. Je le sais, je le sens au fond mes tripes.

Il ne l'a mérite pas.

Elle mérite mieux qu'un homme qui ne la regarde que quand il a envie de satisfaire ses besoins. Mieux qu'un homme qui la laisse travailler jusqu'à très tard pour pouvoir faire vivre son foyer, car monsieur ne se bouge pas le cul pour retrouver du travail.

Elle ne devrait pas cumuler les heures comme elle le fait. C'est aussi pour ça que je n'ai pas eu le cœur de la réveiller. Je voulais lui laisser un peu de répit dans sa vie merdique.

Je voulais être celui qui prend soin d'elle, quitte à ne pas pouvoir dormir tellement je... Elle avait besoin de ce répit, et j'ai été celui qui lui a donné.

Pu... je l'aime, je suis foutu. La vie est merdique parfois.

Il faut que je trouve un moyen pour qu'elle m'appartienne définitivement. Qu'elle quitte l'autre sombre crétin qui a oublié à quel point elle est précieuse.

Instinctivement je sors mon téléphone et vérifie que je n'ai pas reçu de message.

Rien.

Est-ce qu'elle regrette notre nuit ? Est-ce qu'après cette escapade, elle décidera que tromper son mari lui est juste impossible ?

Trop de questions pour un seul homme.

Je lui envoie juste quelques smileys ridicule. C'est notre truc pour nous rassurer. C'est dingue d'adolescents mais on assume.

Je n'attends pas longtemps sa réponse.

Une pleine cargaison d'émoticônes me font éclater de rire, sous le regard incrédule des autres passagers. Ce que les gens peuvent faire la tronche dans les transport en commun, c'est déprimant.

Après un trajet à ruminer sur ma vie, je déballe le peu d'affaires que j'avais jeté dans mon sac en partant de l'hôtel et je sens le vide monter en moi.

Le silence de mon appartement me broie les tympans.

Il fût un temps j'accueillais ce silence avec bonheur. Aujourd'hui il ne fait que me confirmer qu'elle n'est pas à mes côtés et doit venir me rejoindre. Je n'en peux plus d'être seul chaque soir à attendre qu'elle se manifeste.

Je l'imagine déjà déambuler dans ce qui serait Notre appartement. Me faire de bons de petits plats chaque soirs. Savoir qu'elle sera à la maison quand je rentrerai après ma journée de travail. Regarder des émissions débiles à la télé et aller nous coucher dans Notre lit. Se dire bonne nuit autrement que par écran interposé et l'avoir dans mes bras toutes les nuits.

Ce même lit, qui ce soir va me paraître extrêmement vide et froid.

Je ne sais pas comment je vais m'y prendre mais je me fais le serment que bientôt tout cela sera réalité. Notre réalité. 

À l'ombre d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant