À l'ombre d'une vie

19.Lui

La nympho mise à la porte, quasiment à poil... je ferme la boutique. Je lui ai juste laissé le temps d'enfiler son pantalon qu'elle atterrissait sur le trottoir avec pour seul rempart contre le vent mon gilet. Qu'elle le garde, ça lui fera un souvenir.

Ce n'est pas bon pour mon commerce, je risque de finir sur la paille si je continue mes conneries mais tant pis.

Elle ne pouvait pas rester plus longtemps près de moi. J'aurais pu lui balancer toutes les horreurs que je débitais mentalement. Je ne suis pas ce genre de type même si elle mérite chacun des mots que j'aurais pu prononcer.

J'attrape le téléphone fixe, compose fébrilement le numéro de ma princesse et m'enfonce dans mon atelier, l'appareil greffé à l'oreille. Ça ne va pas être simple de rattraper le coup mais je dois tenter quand même.

Un premier appel, des bips, l'attente et je suis dirigé vers sa messagerie. Je tente une deuxième fois, idem. Je persévère. Elle va m'écouter, elle doit m'écouter ! Je ne peux pas lui laisser penser que je l'ai trompé.

À la troisième tentative, je tombe directement sur son répondeur. Mon estomac se serre. J'aurai dû me douter qu'elle ferait la sourde oreille... et je n'ai pour le moment aucun autre moyen de la contacter.

Fait chier !!! Pourquoi j'ai balancé mon smartphone ?!

Je raccroche mais renouvelle mes appels. Toujours sa putain de messagerie !!! Je décide de lui laisser un message et de la laisser se calmer un peu. Peut-être qu'en l'écoutant elle comprendra qu'elle a tiré des conclusions hâtives.

Même moi en le disant, j'y crois pas ! Ça craint !!!

Comment je fais pour lui raconter ce qu'il s'est passé si elle ne me donne pas l'occasion de m'expliquer ? Les apparences sont contre moi, ok, mais elle aurait pu me laisser le bénéfice du doute. Elle me connait, non ?

Elle connaît aussi ton passé débridé, m'assène ma conscience. C'est vraiment la loose !

Une envie de tout envoyer valser monte en moi mais je dois garder mon calme. Saccager mon studio n'aidera en rien.

Ma main fourrage dans mes cheveux déjà bien ébouriffés, je ne dois plus ressembler à grand-chose mais pour l'heure c'est le cadet de mes soucis. Je dois me creuser les méninges et trouver comment la contacter. Et surtout, être sûr qu'elle écoute ce que j'ai à lui dire.

Putain de distance !!! Si elle n'existait pas, je l'aurais déjà rejoint et tout ce malentendu serait, à l'heure actuelle, dissipé ou en passe de l'être. Je la serrerai dans mes bras en la suppliant de me croire.

Je me pose, m'affale plutôt, dans le fauteuil laissé par la blonde et réfléchis encore et encore.
Rien ne me vient. Je suis dans la mouise et jusqu'au cou !! Je ne peux pas rester comme un idiot dans ce fauteuil à me lamenter sur ce qui serait ou non s'il n'y avait pas cette distance entre nous. Elle existe alors je vais devoir faire avec... encore !

Je rappelle et de nouveau tombe sur la boîte vocale. Sa voix est douce sur le message d'accueil pourtant succinct. Je suis vraiment mordu car l'entendre même indirectement m'apaise plus que je ne le voudrais.

Je laisse mon cœur parler à cette machine et lui intime de me rappeler pour la deuxième fois.

Je décide d'aller faire un tour. Il faut que je relâche la pression, rester là à attendre va me rendre chèvre. Si ça se trouve, elle ne prendra pas la peine de me rappeler. Elle peut être bornée quand elle veut, je l'ai appris à mes dépends.

Je me souviens d'un jour où elle est restée sans me parler pendant plusieurs heures, juste parce que j'avais eu le malheur de lui dire que sa meilleure amie était canon.