26.Mari

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Pourquoi lui avoir dit que j'étais désolé ? De quoi m'excuse-je au juste ? Tout est confus, les mots s'emmêlent, mon esprit s'embrouille.

L'unique chose qui me permet de ne pas partir en courant et me déstabilise encore un petit peu, sont les larmes qui coulent dans mon cou.

J'ai peur de me séparer de lui et de lire la douleur dans ses yeux.


Lui d'habitude si fort, si gai. Il ne mérite pas la tristesse que je lui inflige.

C'est de nouveau ma faute. Je rends malheureux tous les gens qui m'approchent. Mais s'il y a bien une personne à laquelle je ne veux pas faire de mal, c'est bien lui.

Je ne pourrais plus me regarder en face après ça.

Je ne l'aimerai jamais comme il l'entends, j'en suis conscient. Mais pour autant je ne souhaite pas le voir s'éloigner de moi, rien que l'envisager m'est insupportable.

Il a été mon roc durant tant d'années que je n'imagine pas ma vie sans lui à mes côtés.

Je réalise qu'énoncé de cette façon, je prends conscience de mon amour pour lui. Mais pas du tout, du moins pas d'un amour charnel. Je ne ressens pas ce genre d'attirance à son égard. La seule fois où nous avons échangé un baiser, nous étions des mômes en quête de leur sexualité. Je ne dirais pas que ça m'a dégoûté, j'y ai pris un certain plaisir mais pas autant que lorsque j'embrasse le sexe opposé.


Ce n'était juste pas mon truc et je pensais que de son côté c'était pareil.

J'ai tout un tas de questions qui se bousculent mais une seule me taraude. J'ai besoin de savoir, j'espère que lui me répondra honnêtement.

Je le repousse avec toute la douceur dont je suis capable. Je veux qu'il comprenne par ce geste doux que je ne veux en aucun cas lui faire de mal. Il le sait mais je veux m'en assurer.

Dès que j'aperçois ses yeux rougis par les larmes versées quelques instants plus tôt, je lui pose cette question qui me brûle les lèvres.

- Quand ? Quand as-tu compris que tu... ? Enfin tu vois !

Parle-lui vraiment crétin ! Sois franc ! C'est ton pote. Tu te souviens, pas un inconnu. Je me filerai des gifles parfois. Comment fait-on dans ce genre de situation, bon sang ? J'ai l'impression que chaque mot que je vais ou risque de prononcer pourrait l'anéantir. Je ne sais pas si je dois y aller carrément ou si je dois prendre des gants. En temps normal je serais cash mais aujourd'hui n'est pas apparemment un jour comme les autres.

Son regard se baisse de nouveau mais je l'oblige à me regarder.

- Tu n'as pas à être sur la défensive, ou à avoir peur de me parler. Je t'écoute. J'ai besoin de comprendre...

Je lui souffle ces mots le plus doucement possible, comme si je m'adressais à un enfant qui craindrait de se confier.

Je le vois hocher la tête et prendre une grande inspiration. Je sais en mon for intérieur que ce qu'il s'apprête à dire va changer à jamais notre amitié.

Tout comme hier soir, les quelques minutes qui vont suivre seront un tournant mais là je n'ai pas l'intention de rater ce virage.

Sera-t-on capable de continuer à nous voir comme avant ? Ou au contraire, ses confidences sonneront elles le glas d'années de complicité ? Bon ou pas, il faut que je sache.


Il en a trop dit, il doit maintenant tout me dire. Aucun retour en arrière n'est possible.

Une peur immense m'envahit soudainement... Mes mains qui s'étaient calmées, se remettent à trembler de plus belles. J'attends, fébrile, que les mots longtemps contenu, sortent.

À l'ombre d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant