RENSEIGNÉE

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C'est le zoo. Des voix fusent de toupar, des commentaires et des bribes de morceaux aussi. Si une personne extérieure venait, elle crierait au brouhaha mais nous, on est habitué. C'est le débit normal une fois sur deux, ici, quand on est tous les six au studio. C'est rare en ce moment, alors ça ne se néglige pas.

On envoie l'album le trente et un décembre. J'ai jamais ressenti autant de stress et d'incertitude. Quoique, j'oublie mon stress de baisé pour Métamorphose; la mixtape qu'on a sorti avec le S-Crew en milieu d'année. Mais bon, ça reste différent. Là, on balance un album. J'en parlerais mieux plus tard puisque Alpha me sollicite depuis deux minutes pour enregistrer son pont sur le morceau Paris Sud Minute. C'est trop brillant ce qu'il fait. Il est trop brillant. On remercie Lo pour être aussi fort en prod également. Sans lui, l'album n'aurait pas la même saveur, la même mélancolie et passion, la même singularité. Il le prouve rien qu'avec la prod du son en question.

Si avec ça, toutes mes inquiétudes ne seront pas balayées au bout du compte, je ne comprends pas. Parce qu'en plus d'eux, les autres membres du groupe sont tout autant clé pour la réussite de notre projet. Et on ne néglige pas ça non plus. On forme un trousseau de clés qui pourrait nous ouvrir les portes du succès. En grand. Très grand.

Mais là, le comité a déjà bien rétréci. C'est vrai qu'on est enfermé depuis ce matin. Peut-être hier soir pour ma part, je ne sais même plus. Il doit être dix-neuf heures maintenant. On n'ouvre même pas les volets alors je sens que je vais être surpris de devoir me familiariser avec la noirceur du ciel et la clarté des lampes halogènes, une fois que je sortirais.

— eh, Alpha, j'vais bouger vers vingt heures. Tu fous quoi toi asap ?

Il est plongé tête dans son bigo mais la relève pour me répondre. Ses yeux sont explosés. Je me bouge du canapé pour ouvrir les fenêtres. On déconne peut-être un peu à fumer dans le studio sans l'aérer.

— on devait poser ensemble après Sneazzy, t'abuses frérot, me rappelle-t-il, t'as quoi de prévu même ?

On ne pouvait pas faire ça avant nous aussi ? Ça fait je ne sais pas combien d'heures qu'on est ici. Au-delà de ne pas pouvoir mettre faux-plan à mon rendez-vous de ce soir, je ne veux tout simplement pas. J'ai envie de la voir. Après une journée entière au studio, je ressens ce besoin de me vider l'esprit. Là, j'ai trop tryhard. Même à Dofus ou sur Gogoanime quand j'étais tipeu, je n'ai pas autant donné de ma personne.

La brune fait partie de ces personnes grâce auxquelles j'arrive à me vider l'esprit, penser à autre chose. Du moins, j'ai cette impression. Et puis, elle est un peu en parallèle de ma vie sur Paname. Ça non plus je ne saurais l'expliquer mais en fait, quand on se voit, ce n'est qu'elle et moi. Il n'y a pas X ou Y qui peuvent casser les couilles parce qu'on se connaît qu'entre nous. Je ne pense à rien sauf au moment présent. Et c'est plaisant. Alors, aujourd'hui, j'en viens à préférer speeder ma session plutôt que la voir seulement ce dimanche.

— j'dois voir quelqu'un. Vas-y, on décale à demain ou on charbonne la prochaine heure ? Viens pas me faire croire que t'es pas dispo, ris-je

— qui même ?

Il a carrément enlevé ses lunettes qui étaient, jusque là, sur le bout de son nez. Vas-y, il casse les couilles, je vais devoir en dire plus. Il arrive bien à me cerner ce batard. Ça fait plusieurs fois qu'il me lance des regards louches. Il prétend que je suis souvent dans la lune ces derniers temps. Grande nouvelle, Flingue, je n'étais pas au courant que j'avais un profil perché supplément je me perds dans mes pensées et m'échappe de la réalité. Mais bon, ça va, c'est lui et non Sneazzy. Sinon, tous les gars du L auraient été au courant de son existence dès le lendemain à cause d'une de ses gaffes.

Filer à l'anglaiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant