J'aurais largement préféré que ce soit le père noël qui vienne toquer à ma porte, au beau milieu de la nuit, parce qu'il n'aurait pas trouvé la cheminée que je n'ai en effet pas.
Puisque là, je n'ai aucune envie d'ouvrir à la personne que j'aperçois dans l'œil de bœuf. Je me sens trop négligée. J'ai attendu toute la journée de pouvoir la rejoindre et elle non.
Mais on est la nuit du vingt-cinq décembre, donc forcément, le père noël a déjà fait sa tournée depuis longtemps. Il est même déjà de retour en Laponie alors c'est bien avec cet idiot de Sama que je suis séparée d'une porte.
Carrément, je suis arrivée dix minutes avant l'heure de rendez-vous alors que ma vie est rythmée par les retards. L'impatience me guettait trop. J'avais besoin de le voir, encore plus aujourd'hui qu'un autre jour.
Ça m'apprendra à vouloir me changer les idées au lieu de me morfondre dans mon coin.
Je décide quand même de lui ouvrir à demi ma porte. Je ne sais pas quel traître de voisin a fini par lui ouvrir celle de l'immeuble. Ils ont dû avoir pitié de lui vu l'heure et son taux d'alcoolémie plus élevée que le sdf qui squatte parfois le parvis du bâtiment d'en face.
Pardon, l'agacement parle pour moi. En plus, il n'est pas si sec que ça.
Il s'avance pour rentrer mais je me fige dans l'embrasure. Je ne sais pas s'il a intercepté mon regard un peu noir. Je pense qu'il ne peut pas le louper, même si, à son air un peu penaud, je l'ai pas mal adouci.
— tu m'en veux ?
Mec, je suis restée trente minutes officiellement devant ton immeuble à me persuader que tu allais arriver alors que j'aurais bien pu comprendre avant que tu comptais me mettre un toz. Officieusement, j'y suis restée quarante minutes. J'attendais un message que je n'ai jamais reçu à temps. Donc oui, je t'en veux un minimum. Même presque deux heures après coup.
— m'en veux pas ... reprend-il
Il s'appuie sur mon épaule. Putain, comme si ce n'était pas déjà assez difficile de camper sur mes positions, il tient dans son autre main le sablé que je lui ai fait. Il y a juste un mini croc sur l'un des pieds. Je trouve ça adorable. Il suit mon regard et lève finalement le biscuit, un fin sourire aux lèvres.
— j'ai pas résisté, j'avais un peu faim.
Il est maintenant satisfait parce que j'ai pouffé du nez. Sa main quitte mon épaule pour gagner mon visage, qu'il encercle de ses doigts.
— t'es chiant Nek, t'es vraiment chiant.
— non tu m'aimes bien, tu me l'as dit.
— et t'es bien bourré aussi pour sortir ça.
— non, même sobre j'aurais pu, s'approche-t-il encore plus
Mais pourquoi je suis moins catégorique que tout à l'heure ? Peut-être parce qu'il s'est tout de même déplacé jusqu'à chez moi.
Et qu'il essaye de se rattraper.
— tu pouvais pas prévenir ? On avait prévu de se voir, c'est toi qui m'a dit cette heure-ci en plus. Sérieux ... j'ai poireauté comme une p'tite conne toute seule sur les marches.
Il ne me regarde même pas dans les yeux. Je vais le tuer, je lui parle sérieux et lui, décide plutôt de s'attarder sur mes lèvres. À moi de maintenir son visage droit, il est même surpris par mon geste et relève ses yeux pour les planter dans les miens.
Bah ouais, concentre toi un peu. Déjà qu'en plus de te pointer en retard, tu arrives alcoolisé, trouve de la décence autre part.
— hm, ouais, je sais. J'ai complètement zappé, j'ai même pas d'excuse, mais je suis là, c'est cool non ?
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Filer à l'anglaise
FanfictionFILER À L'ANGLAISE. (fuir discrètement, filer en douce, faire preuve de malice, de lâcheté, d'habilité ou encore se défiler, se dérober) L'expression proviendrait de l'ancien verbe "anglaiser", pour "voler". Par la suite, on aurait utilisé "filer à...