ACCUEILLANTE

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Elle est beaucoup plus à l'aise que lorsque je suis rentré dans la salle. Rien que parce que sa tête est orientée vers mon épaule, prête à tomber dès que la fatigue la prendra encore un peu plus. Après, ce n'est pas compliqué vu que tout à l'heure, elle était quand même vexée. Mais c'est lorsque ses réponses se sont faites plus espacées que j'ai compris qu'elle était claquée par sa journée. Ou peut-être même par sa semaine.

— t'es fatiguée toi, dis-je un peu après que sa tête se soit posée complètement

Comme si je l'avais cramé en train de faire la plus grosse des conneries, elle se redresse automatiquement à l'aide des accoudoirs rouges. Si j'avais su qu'elle remettrait de la distance entre nous, je ne lui aurai pas fait cette remarque. Elle ne me dérangeait pas.

— non, fin oui, pardon, souffle-t-elle

Elle croise les jambes et maintient sa tête droite grâce à son coude. Je ricane légèrement.

— tu peux la remettre hein.

Elle secoue sa tête de gauche à droite alors qu'elle finit par rire de la réplique de John Bennett. J'aime bien son rire. Mais j'aimais bien aussi quand elle s'est sentie assez en confiance pour somnoler contre moi.

Je passe ma main sur sa joue qui m'est opposée, après m'être replacé correctement et pousse sur sa tête. Je vois bien que son installation est bancale. Elle me laisse faire et me gratifie d'un sourire lorsqu'elle entre en contact avec mon épaule. Des mèches de ses cheveux se sont immiscées sur mon visage, alors je les chasse légèrement en me reconcentrant sur le film.

Mon sachet de pop-corns était déjà rendu à la moitié au moment où le film a commencé. C'est trop traître les bandes annonces. Maintenant, je n'ai plus rien à graille alors qu'il reste quarante minutes. Je tâte mes poches pour voir si un mentos ou je ne sais quoi y traîne.

— t'as perdu quelque chose ? demande-t-elle

— non, j'ai encore faim, je regardais si j'avais un truc à manger, grogne-je

La brune tâte derrière elle à l'aveugle avec sa main et bute sur son paquet de pop-corns qu'elle attrape avant de me le tendre.

— tiens.

Je le mets sur l'emplacement prévu pour, au bout de nos deux accoudoirs, tout sourire. Je croyais qu'elle les avait terminé aussi.

— merci, tapote-je sa cuisse

Ses yeux semblent s'être baissés sur ma main avant de se reposer sur le film. Je suis d'ailleurs d'accord pour dire qu'il n'est pas forcément tous publics. Ted, c'est un guedin.

— vraiment, je sais pas c'que vous trouvez au pop-corns sucrés, parle-je la bouche pleine

— t'as un palais un peu éclaté Sama'. C'est tout.

Je penche ma tête vers elle. Elle vient de m'appeler Sama ?

— t'as pas regardé la signification ou quoi ?

— si, mais j'aime bien, pouffe-t-elle en relevant son menton vers moi. Mais t'es pas une divinité japonaise pour autant.

Son visage est trop près du mien en cet instant.

— toi t'es une divinité de quels pays ?

Ses pommettes s'arrondissent. Elles doivent probablement rougir aussi, mais je ne le vois pas vu qu'une scène sombre passe à l'écran.

Filer à l'anglaiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant