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Quand je me réveille, il est 14 heures. J'ai envie de visiter le lycée, rien que pour découvrir les créatures étranges qui y vivent. Je me dirige vers le dressing, où mon uniforme m'attend. C'est une chemise blanche, une cravate noir, un blazer bleu rayé noir et une jupe plissée assez courte bleu. J'enfile tout. Apparemment, c'est mon père qui a pris les mesures de l'uniforme et d'après le majordome, ce serait ma sœur qui lui les aurais donné.

Donc, je m'attend au pire. Et je pense que j'ai mes raisons. La chemise et la jupe sont nettement trop petites pour moi. je me regarde dans le miroir. Cela en deviendrait presque gênant dans le fond. Et puis c'est pas comme si je n'avais aucune courbe, ma sœur s'est amusée avec ça. Je m'assois sur une chaise et me contente de réfléchir. Mon envie de sortir s'est totalement dissipée. Mes cheveux c/c tombent dans mon dos en formant des boucles écartées et définies dont je suis fière.

J'entends qu'on toque à a ma porte, alors je cours ouvrir. C'est une fille, aux cheveux blancs, colorés en pointes et très souriante. C'est bien le genre de fille qui selon moi, tiennent des blog et racontent des potins et des ragots sur tout le monde. Et pourtant c'est sans aucun doute le genre de fille que tout le monde apprécie. En me voyant, elle ouvre si grand les yeux qu'ils sortiraient presque de leurs orbites. 

??? : Oula, eu enchantée. 

Je lui sourit en guise de réponse, même si sa remarque ne m'a pas pour autant touché dans le bon sens du terme. Elle se ravise et s'excuse. Je passe ma main dans mon cou, assez gênée, mais je ne lui dit rien. 

??? : T'as pas l'air très bavarde. 

Je lâche un petit rictus pour masquer mon rire et je me présente :

Moi : T/p t/n, enchantée.

??? : Oh eu je m'appelle Enid. Enid Sinclair.

Elle tend les bras pour un câlin. Je ne sais pas trop si je dois accepter, alors je recule un peu. 

Enid : Toi t'es pas trop câlin, je retiens.  

Elle me sourit quand même et m'annonce qu'elle va me faire visiter le lycée et me donner l'emploi du temps. Bon, jusque la il y a comme un froid entre nous alors j'essaie de gagner sa confiance en lui souriant à multiples reprises. Elle a l'air beaucoup plus à l'aise avec les autres que moi, elle ne bégaie pas quand elle me parle, comme si elle me connaissait depuis toujours, elle a une posture assez tranquille, relaxée, et me parle de tout et de rien. Lorsque l'on sort pour visiter l'enceinte du lycée, j'ai l'impression que tous les regards sont dirigés vers moi. Je ne fais que remettre ma cravate en place, mordiller mes doigts, et je n'écoute alors qu'a moitié ce que me dicte Enid. Elle s'en rend vite compte, je crois, car elle fini par s'arrêter de marcher et se tourne vers moi. 

Enid : Ton uniforme est assez court et ça on l'a remarqué, mais personne ne te jugera à ce sujet, promis. Je les en empêcherait si ils essayent.

Je hoche la tête à toutes vitesse, comme pour faire si ce qu'elle disait n'était qu'un simple détail. Elle rit un peu, puis reprend sa visite. Plus je passe de temps avec elle, plus je me sens à l'aise. Elle est comme un coussin que l'on sert pour se réchauffer ou pour laisser libre court a nos larmes.  Alors qu'elle ouvre la porte qui donne sur la cour du lycée, quelqu'un l'interpelle :

Ajax : Eh Enid ! 

Enid devient totalement paralysée lorsqu'elle entend la voix de Ajax, qui nous rattrape en courant. Il ne m'a pas vu, je crois, alors il lance : 

Ajax : La nouvelle de cette année est super sympa, par contre elle a l'air d'une de ces filles pourries gâtées par leurs parents, faudra que tu fasses gaffe. Elle m'a parlée tout a l'heure, mais j'ai rien dit a ce sujet. Et elle s'appelle t/p t/n. 

Enid : Ajax, je crois vraiment que t'es le pro pour faire des boulettes a chaque fois que le lycée accueille un nouvel étudiant...

Ajax : Laisse moi deviner, elle est juste derrière toi ? 

Enid hoche la tête et se décale. Ajax reste planter là ou il est et n'ose pas dire un mot. 

Moi : Alors comme ça... J'ai l'air d'une fille riche et pourrie gâtée ?.. Ca fait plaisir à entendre. 

Je me tourne et m'en vais d'un pas ferme, en ignorant les appels d'Enid. Je marche dans les couloirs en essayant de ne pas me perdre. Les larmes coulent de mon seul œil visible, mais bien évidemment que je pleure des deux yeux. Ma vision s'embrume et je manque de tomber. Et d'emporter quelqu'un avec moi au passage. Je lève la tête et vois que c'est une fille habillée intégralement en noir. Elle a un teint particulièrement pâle, j'ai pendant un moment l'impression de me trouver face a un cadavre. Elle me juge du regard puis s'en va. Je prend le couloir qui mène a ma chambre, et sur le chemin, je sens mon cache œil tomber, l'élastique qui le retenait s'est cassé. Ca, c'est une très, mais alors une très mauvaise nouvelle. Je fini par atteindre le dortoir, à mon grand soulagement. Je commence a ranger mes affaires, mes tonnes d'habits, mon maquillage, mes brosses, mes innombrables livres.  Lorsque j'ai fini, j'essai de customiser au maximum ma chambre, pour en faire un cocon douillet plus que parfait. En restant dans la normalité et dans mes moyens, bien évidemment. 

Je cherche parmi tout mon bordel mon casque et une fois que l'ai trouvé, je m'allonge sur mon lit et démarre ma playlist pour être de bonne humeur. Je prend notamment mon meilleur livre de romance et commence a le lire là ou je m'étais arrêté. Il m'emporte et je me vois rapidement dans un autre monde, celui ci façonné d'arcs en ciels, de bonheur et de barbe a papa.

Tous ces rêves qu'on a enfant, je n'y avais pas le droit chez moi. Mes parents trouvaient cela puéril et inutile, alors je fini par être en décalé avec tout ma génération. La musique m'aide a rêver, c'en devient magique. J'avais déjà presque fini le livre, mais je garde le dernier chapitre pour plus tard. Je le pose sur la petite table de chevet et m'allonge sur mon lit en étoile.

Je pourrais presque dire que je me sens bien, dans l'instant présent, mais la remarque néfaste d'Ajax me revient sans cesse a l'esprit. Il suffit d'un brin de poussière pour embrumer toute une journée, alors que pour considérer qu'une bonne journée en est une, il faut un nombre incalculable de choses positives. 

C'est compliqué la vie en faite. 

The Golden Rose ~xᴀᴠɪᴇʀ ᴛʜᴏʀᴘᴇ * ʀᴇᴀᴅᴇʀ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant