Chapitre 8 : La renardière du dévaliseur ✔️

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« Vous êtes arrivés à Viorne», émit l'assistante de navigation après deux heures et demie à suivre ses instructions.

Gabin avait profité du trajet pour lire les documents dans leur intégralité et m'en faire un résumé. Les éléments qu'ils apportaient ne nous permettaient que de vagues déductions. Un joaillier, talentueux artisan en totale capacité de travailler une substance telle que le platine. Et un cambrioleur, assez expérimenté pour dérober semblable fabrication. Du côté du premier, Kanata, la piste était froide, les miettes de sa demeure ne révéleraient plus rien. Ne restait que le second, Gilles.

Sans pouvoir être certain de notre raisonnement final, nous nous étions accordés pour suivre cette version. Le commanditaire de Gabin, mon admirateur ou bien une tout autre personne, recherchait à l'évidence cette voiture miniature. En partant du principe qu'un lien unissait le concepteur de bijoux et le voleur, leur métier respectif, on était en droit d'estimer que Gilles était ou avait été en possession de cette création. Tout ceci ne reposait sur aucune preuve tangible mais on nous avait embarqués dans ce périple, où ces deux protagonistes entraient désormais en jeu, il fallait tenter de dénouer tout cela si on comptait en avoir le fin mot.

    Je ralentis tout en observant la vue par ma vitre. Le décor urbain avait laissé place au rural. Le village, aménagé en terrasses, se fondait dans la chaîne montagneuse. Les constructions en pierre de schiste révélaient les richesses du sol tandis que les châtaigneraies vivrières bordaient les routes amenuisées. La direction du lieu-dit mentionné dans le dossier était parfaitement indiqué, et je suivais la déviation.

    La vaste propriété grillagée se dégagea petit à petit d'un bois parsemé de pinèdes. Elle semblait gardiennée, et seule la toiture en lauze de la demeure était visible.

Je ralentis à ses abords.

— Il faut que l'on fasse le tour complet en voiture pour mieux se rendre compte mais je pense qu'il va nous falloir escalader, commenta Gabin, une main appuyée sur ma cuisse, penché de mon côté pour constater par lui-même.

Ses boucles effleurèrent mon visage libérant le doux parfum qui lui était propre.

Depuis notre réveil, l'un face à l'autre, il n'avait encore osé de geste d'affection. Je l'avais embrassé à la sortie du poste de police, le sentant quelque peu tendu, et l'ambiance s'était alors allégée sans pour autant qu'elle n'en devienne intime.

    Il reprit sa place, et je me concentrai sur notre tâche. La vigilance était de rigueur, on ne parlait pas d'une simple visite comme en temps normal. Même si le lieu était dépourvu de vie depuis plusieurs années, il n'en restait pas moins un endroit appartenant à un malfrat.

    Le tour de repérage nous permit de localiser la dépendance du surveillant, proche de l'entrée principale, ainsi que la poignée d'habitations excentrées, formant le lieu-dit.

    Nous nous garâmes donc en contrebas de l'arrière-bois collé à la propriété, plus dense. Notre véhicule ne passerait pas inaperçu mais dans ce coin reculé, les promeneurs et les cueilleurs de champignons – même citadins – étaient monnaie courante. Pas de quoi inquiéter ou rendre suspicieux les locaux. Partager l'espace d'un après-midi un peu de leur air pur ne les effrayait pas. Vivre éloigné de la ville avait ses bienfaits, on tolérait davantage les gens, à ne pas trop en côtoyer.

— Vivi, approche, s'il te plaît.

    Je quittai mon point de vue sur le sommet au loin enneigé, et rejoignis Gabin affairé derrière la porte du coffre. Il en sortait un sac, celui qu'il avait tenu à passer prendre chez lui avant notre road trip.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant