Chapitre 14 : Le trio mystérieux ✔️

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— Je te jure, si papa nous fait venir pour encore nous faire la morale, autant que tu me tires une balle dans la tête, Ivan !

A ces mots, absurdes mais à prendre avec des pincettes, il grogna de désaccord.

— Ne dis pas n'importe quoi. Tu sais très bien que jamais je ne ferais ça. Surtout que je ne me trimballe pas avec un flingue accroché à ma ceinture H24.

Ce n'était pas un reproche de la part d'Ivan, seulement une constatation. Sa grande sœur était dingue des armes à feu. Ce n'était pas son cas. Rien de grave. Nina le toisa tout de même du coin de l'œil avant de tapoter la crosse apparente sur sa hanche gauche.

— Eh bien, sache que je t'autorise à prendre le mien si nécessaire !

Elle se croyait drôle de balancer de telles idioties et Ivan n'avait pas le cœur de la contredire, l'entretien avec leur paternel s'annonçait déjà bien assez corsé sans qu'il ne se la mette à dos. Ils étaient une équipe, et leur soutien indéfectible l'un envers l'autre était établi depuis toujours. Qu'importait leurs divergences d'opinions.

Comme pour la Visitaire. Ils étaient prévenus de la possibilité de rencontrer des obstacles chez le bijoutier, et il était convenu de régler ça de façon pacifiste. D'ailleurs, Ivan aurait très bien pu neutraliser la jolie rouquine sans grande difficulté. Au lieu de cela, il s'était retrouvé avec des bouts de sa cervelle sur le visage en une fraction de seconde. La scène avait bien fait rire Nina, beaucoup moins son cadet.

Les grilles s'ouvrirent enfin, et la fratrie s'avança dans l'immense cour de la demeure familiale. Si les Volkov avaient immigré sans un sou en poche, cela n'était plus le cas. Le patriarche assurait pour les affaires, quel que soit le secteur ou l'interdiction promulguée par les autorités. Et après il se demandait d'où Nina tenait ses opinions si tranchées, son caractère si sévère. Ivan en avait une petite idée.

Garées dans l'allée bétonnée, deux voitures qui ne lui étaient pas inconnues indiquèrent la présence d'invités à leur petite réunion. Cela ne présageait rien de bon ! Des remontrances, infantilisantes, devant un public... Nina allait péter une durite.

Sans en faire la remarque, il suivit sa sœur jusqu'au porche, et entrèrent sans attendre d'en être priés. La décoration de la maison était à l'image de la passion de leur père, aucune pièce n'était dépossédée d'élément automobile. Cela allait des poignées de la porte d'entrée en arbre à cames, aux divers ornements de capots trônant fièrement sur des meubles, en passant par la table basse du salon modelée autour d'un moteur emblématique. Mais là n'était que la partie visible de l'iceberg. Car la collection que leur paternel n'exposait pas à la vue de tous, était celle précisément qu'il avait mis le plus de temps à enrichir. Le domaine ne changeait cependant pas, puisque même s'il s'agissait de voitures, on parlait ici de miniaturisations.

— Dimitri, tu ne te rends pas bien compte ! Ils m'ont retrouvé. Cela n'est dû qu'à ton intervention. Celle de ta fille, précisément.

Au son de la voix, Ivan et Nina prirent soin de masquer leur présence encore quelques minutes.

— Tu t'inquiètes pour rien, ce ne doit être que du pur hasard. Comment de Nina, ils en seraient venus à toi ? C'est illogique. De plus, il faudrait déjà qu'ils aient fait le lien improbable entre elle et cette affaire, et on sait qu'ils sont loin d'être aussi futés.

Ivan dirigea son regard vers Nina. Une expression dubitative le convainquit qu'elle pensait la même chose que lui, leur père paraissait bien trop sûr de lui pour que cela soit de bon augure. Dimitri avait gardé sur la prononciation de certains mots son accent d'antan, une once d'austérité craint de beaucoup.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant