Chapitre 2 : De gentils pilleurs ✔️

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— Heureusement qu'on nous paie une petite fortune pour cette mission. Cette baraque n'est qu'une ruine, le toit peut carrément s'effondrer sur nos têtes à tout moment !

Martin râlait, encore.

Il était un bon coéquipier mais qu'est-ce qu'il adorait s'entendre parler.

Le partenaire en affaire et meilleur ami qu'il était, fut néanmoins d'accord avec lui, l'endroit n'était pas dans un état des plus irréprochables. Et, il était loin d'être aussi optimiste que leur commanditaire quant à la certitude de trouver ici un quelconque objet de valeur. Toutefois, comme Martin venait très justement de le souligner, la somme rémunérée pour cette trouvaille valait son pesant d'or. Un paiement en plusieurs étapes, tout comme leur mission.

Songeur, il fureta çà et là, de pièces en pièces. Beaucoup de feuilles éparpillées, jaunies et illisibles recouvraient les sols. Le peu de mobilier encore présent avait subi un passage des plus violents. Réduits en copeaux, éventrés, explosés en mille morceaux coupants. Ils avaient fait toute cette route pour rien, c'était certain.

Il en était là de ses réflexions quand Martin déboula devant lui aussi blanc qu'un linge, affolé.

— Faut qu'on bouge ! Genre, de suite !

— Quoi ? Pourquoi ?

L'affolement de son ami ne l'inquiéta pas outre mesure dans un premier temps. Martin pouvait vite avoir la frousse pour si peu qu'il entende des craquements dans les murs ou manque de gober une araignée.

Malgré la faible probabilité de succès ici, ils se devaient d'examiner chacune des salles avant de partir. Mais Martin, n'en démordit pas.

— Allez, dépêche, Loriot ! commença-t-il à l'entraîner en lui agrippant la manche. On ne peut pas rester ici plus longtemps.

— Hé, Martin ! Calme-toi, l'arrêta-t-il en se décrochant de sa prise. Qu'est-ce qui t'arrive ?

Le regard de Martin se fixa enfin sur lui. Ses yeux bleus, terrifiés, le transpercèrent.

— I-il y a deux cadavres... Là-bas ! indiqua-t-il d'un geste tremblant.

— Q-Quoi ?

— Ouais, deux nanas, raides mortes ! Ça pue cette histoire, il faut vite se barrer !

Doutant de la véracité de la situation, il se décida à aller voir par lui-même. Il en était tombé sur des choses improbables au fil des années. S'aventurer dans des sites abandonnés attirait vraiment de plus en plus de monde, et les motivations de tout un chacun pouvaient être complètement différentes. Mais des morts ? Jamais il n'avait eu à faire face à cela.

Il entra avec prudence dans la pièce désignée par Martin – resté dans le couloir adjacent –, aucun signe de vie. Au sens figuré... Comme au sens propre, constata-t-il une seconde plus tard.

En effet, deux femmes étaient étalées à même le sol. La première qu'il aperçut était rousse. Une balle entre les deux yeux lui ôta tout doute. Il ne pouvait plus rien pour elle. Cependant, à la vue de la seconde, une blonde, son cœur fit un bon dans sa poitrine. Cela ne se pouvait !

Il se précipita vers celle-ci sans hésiter et s'agenouilla. Une plaie à la tempe droite lui indiqua le violent coup qu'elle avait accusé. Il passa instinctivement sa main sous sa nuque pour mieux l'observer. Son cuir chevelu avait pris une teinte noirâtre là où le sang avait coagulé, mais aucune autre blessure ne semblait l'avoir atteinte. Son corps n'était pas froid, ne possédait aucun signe de rigidité cadavérique. Pourtant malgré sa manipulation, elle ne bougeait pas. Il sentit qu'il allait défaillir. Dans un ultime espoir, il plaqua ses doigts de part et d'autre de la trachée de la jeune femme à la recherche d'un pouls. Il fallait qu'elle respire, elle ne pouvait pas être morte. Il s'arrêta lui-même de respirer, de réfléchir. Jusqu'à ce que sous son majeur et son annulaire, il ressente une, puis deux, puis trois pulsations traduisant les battements du cœur, encore vaillant. Une larme perla sur sa joue et il inhala de nouveau l'air environnant. Aussitôt, comme pour finir de le rasséréner, un son s'échappa des lèvres de la blessée. Un grognement, qu'il imaginait réprobateur, mais un signe de vie si précieux que Gabin se plaqua un instant contre ce corps qui n'avait plus rien d'inerte.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant