Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]

Chapitre 13 : La folle de la gâchette ✔️

Après avoir pris le temps de se reposer une petite paire d'heures supplémentaires, la tête reposée entre les bras pour Martin, la nuque renversée pour Gabin, Violette les réveilla brusquement.

— Bon les gars ! J'ai eu les jumelles. Danielle et Janielle s'occupent d'aller rendre visite à Maxine Aimée, notre numéro deux. Cléon ne devrait plus tarder à prendre son poste alors je file me changer, et on bouge !

Elle marqua son entrain par des claquements de mains avant de sortir du bureau. Martin plongea la tête entre ses paumes dans un râle d'épuisement physique. Il n'était pas sûr d'avoir tout compris. Qui étaient ces Maëlle et Gaëlle ? Probablement les deux Visitaires avec qui travaillait Violette, valida-t-il pour lui-même.

Il toisa Gabin au travers de ses doigts. Il émergeait, silencieux, toujours renfrogné. Depuis l'évocation de ce Cléon, son ami tirait une gueule de six pieds de long. Il ne s'était pas hasardé à en savoir la raison – Violette non plus – mais il savait que cela n'annonçait pas une ambiance plaisante. Gabin gardait souvent trop les choses enfouies selon lui, et finissait par exploser à la moindre étincelle.

Il se serait bien risqué à jouer les démineurs mais à peine quelques minutes plus tard, Violette réapparut vêtue d'une chemise ample à carreaux par-dessus un débardeur cintré. Elle bouscula les troupes avec plus de vigueur afin de les sortir du sommeil pour de bon. Martin garda pour lui ses pensées mais si c'était ainsi qu'elle comptait lui faire apprécier ses semblables, elle ne s'y prenait pas du tout de la bonne façon. Donner et exécuter des ordres ne faisait pas partie de son mode de vie. Surtout dès le réveil.

A cette évocation mentale, le museau noir et rosé de Sharky surgit à ses pupilles, son colocataire lui manquait. Il était, depuis quelques temps déjà, le seul être vivant que le Pillastre affectionnait de découvrir en ouvrant les yeux. Il détestait ne pas avoir les papouilles de sa peluche vivante au saut du lit lorsque c'était la semaine de garde son ex-compagne. Mais, pour une fois, il se réconforta de le savoir en sécurité. Pas comme eux trois qui étaient jusqu'à nouvel ordre des sans domiciles fixes parce que des tueurs cherchaient à avoir leurs peaux. Bordel ! Comment cette semaine aurait-elle pu être pire ?

Dans un parfait mutisme, Gabin se gara non loin du commissariat – ce qui paraissait déjà bien assez près pour Martin – comme le lui avait demandé Violette.

Si au départ Martin n'avait pas assimilé la fonction de l'ami de Violette, flic – et Visitaire –, il avait fini par le comprendre de façon limpide. Décidément, ces femmes-là avaient de drôles de fréquentations. Des frissons lui parcouraient l'échine à la seule vision des lourdes portes bleu foncé devant lesquelles stationnaient des camionnettes blanches ornées de balisage distinctif. Il était préférable qu'ils se séparent tout compte fait !

La jeune femme sortit donc du véhicule et se pencha à la fenêtre passager.

— Bon les gars, on se retrouve à la fin de nos investigations individuelles à l'hôtel ! Pas d'initiative inutile, on attend d'avoir regroupé nos informations pour agir !

Elle avait insisté pour qu'ils gardent sa voiture tandis qu'elle se contenterait des transports en commun pour se déplacer dans la ville. Leur retour à la civilisation s'accompagnait d'une réservation dans une chambre d'hôtel, discret, en bord d'autoroute, pour leur éviter de retourner à la piscine abandonnée. La solution de secours les avait bien dépannés mais il n'était pas prudent de risquer de se faire repérer pour violation de propriété.

Gabin se contenta de hocher la tête, ce qui suffit à Violette pour s'éloigner d'eux sans attendre de réponse de la part de Martin.

Il ne comprenait pas exactement le pourquoi mais il sentait qu'elle n'était pas très fan de lui. Il s'assura qu'elle n'était plus dans les parages puis se faufila, non sans efforts et gesticulations, jusqu'au siège passager.