Chapitre 17 : L'autophiliste de l'année ✔️

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De forts tambourinements réveillèrent le trio en sursaut. Mais quelle heure était-il ? Martin avait eu l'impression d'avoir dormi comme jamais mais il n'aurait pas refusé du rab de sommeil. Avec la torche de son téléphone, il flasha sans en être étonné le couple qui se trouvait encore dans les bras l'un de l'autre.

    — Martin ! Baisse-moi ce portable, râla Gabin en se servant de sa main comme visière.

Il s'exécuta mais n'eut pas le temps de s'excuser que de nouveaux coups s'abattirent sur la porte de la chambre, accompagnés cette fois d'un appel que tous identifièrent sans équivoque :

Violette ! Violette !

A ces mots, Martin éblouit encore une fois les amants. Gabin semblait demander silencieusement à Violette la signification d'un tel raffut tandis qu'elle, paraissait totalement dépassée.

La jeune femme sortit toutefois de sous les draps sans attendre. Elle apparut dans le faisceau lumineux de Martin en nuisette légère dévoilant ses formes et ses courbes. Il en fut déboussolé une poignée de secondes avant qu'à son tour Gabin ne quitte le lit, l'arme au poing. Le détail le fit agir par réflexe, il saisit son propre revolver et emboîta le pas de ses amis.

Lorsque Violette ouvrit la porte, le martelage cessa enfin et face à eux, le forcené les fixait, surpris de cet accueil de groupe, le poing figé en l'air.

Éclairé par la lumière naturelle du soleil déjà rayonnant dans le couloir de l'hôtel, le gars, bien plus corpulent que lui, et plus vieux, dans une trentaine d'années, arborait une mine déconfite. La nuit n'avait pas été réparatrice pour tout le monde, songea Martin. Et, quoi que voulait ce type, il ne semblait pas au mieux de sa forme. Et, allez savoir ce que la fatigue et les nerfs à vifs pouvaient faire faire à un homme. Probablement une bêtise. Martin resserra la crosse de son arme fermement entre ses doigts. Si l'individu commettait le moindre mouvement furtif, il réagirait bien avant lui.

Il fut néanmoins hébété de l'inaction soudaine de ses acolytes. Mais, après avoir toisé chacun d'entre eux, le brun encore sur le seuil, s'effondra en larmes aux pieds de Violette. Gabin rangea alors son arme dans son dos et la Visitaire s'agenouilla pour être à la hauteur de l'éploré.

— Cléon ! Cléon, dis-moi ce qu'il se passe. Qu'est-ce que tu fais là ? questionna la blonde, désemparée.

    A ce simple prénom, Martin comprit. Il n'eut pas besoin d'entendre le policier, sanglotant, leur narrer l'intervention de l'agence. Qui n'avait pas tout à fait tourné comme prévu pour sa fiancée amatrice d'armes à feu.

    Devant lui, Gabin passa machinalement une main sur sa nuque. Merde, il en avait presque oublié le différend des deux hommes, et il n'aurait su dire si le geste de Gabin dévoilait son agacement ou un quelconque malaise. Il espérait néanmoins que la situation désastreuse apaiserait les tensions car Violette venait de relever son ami et de lui proposer d'entrer dans la chambre.

A la suite des événements de la nuit, le Visitaire Cléon était anéanti, il venait de perdre sa future femme dans un échange de balles avec l'entreprise pour laquelle il se dévouait corps et âmes. Pire, c'était l'une de ses plus proches collègues, Janielle, l'une des jumelles, qui avait abattu sa bien-aimée. Et cela, car son ex-petite amie, Violette, avait eu la ténacité d'investiguer sans relâche jusqu'à la débusquer.

    Les deux bonnes heures qui avaient suivi son arrivée tonitruante n'avaient été pour Gabin, Martin et Violette que tentatives de consolations. Dans son malheur, le bon bougre reconnaissait pourtant les fautes de sa belle. Ignorant ses activités secondaires, son chagrin n'était moindre. Il avait été amoureux d'elle dès le premier regard.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant