Chapitre 11 : Des assassins en liberté ! ✔️

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L'hypothèse d'un collectionneur comme détenteur de notre voiturette en platine me parut évidente. J'aurai dû y penser plus tôt ! J'y avais pensé plus tôt, me rappelai-je. Lors de la lecture de l'article trouvé chez le vieux menuisier, la mention de collectionneurs aisés souhaitant faire reproduire des miniatures en matériaux précieux, avait retenu mon attention. Puis, nous nous étions chamaillés. Les évènements s'étaient enchaînés et on nous avait suggéré une autre direction. Je me frappai le front. Qui, à part un passionné, ferait appel à un voleur pour dérober une telle pièce à son créateur ? La solution était logique. Que le collectionneur de l'époque l'ait acheté à Gilles pour parfaire sa série ou comme investissement sur le long terme pour accroître sa valeur, il était celui qu'il nous fallait trouver.

J'en étais là de mes réflexions quand enfin, nous sortîmes à tour de rôle de ces canalisations malodorantes. Le chemin jusqu'à l'air libre revigorant commençait à se faire languir et, de trois lampes torches pleinement chargées à notre départ nous terminions cette escapade avec un seul faisceau lumineux, vacillant.

Si Martin n'avait pas su tenir sa langue de tout le trajet retour, nous exposant ses jérémiades, je n'avais pas loupé le silence monacal qu'arborait Gabin. Remontés au niveau des égouts, il avait pris les devants pour jaillir des entrailles de la terre le premier.

Il n'était cependant pas allé bien loin. Les mains posées sur le rebord du bassin, la tête rentrée dans les épaules, il absorbait l'oxygène comme s'il n'en avait pas eu l'occasion depuis bien trop longtemps. Sans attendre, je m'approchai et me plaquai dans son dos. Mon étreinte le fit sursauter avant qu'il ne joigne l'une de ses mains aux miennes contre son torse. Enfin libéré des sous-sols, Gabin laissait parler ses angoisses surmontées. Des frissons le parcouraient encore, sa paume était moite, mais sa respiration devint plus calme au bout de quelques minutes et il finit par se redresser pour me faire face. De petites gouttelettes de sueurs froide longeaient ses tempes.

— Bordel, Vivi. Plus jamais je ne remettrais un pied dans un de ces trous à rats, protesta-t-il en me plaquant contre lui.

Je resserrai ma prise dans son dos, le battement régulier de son cœur contre mes oreilles. Nous venions de passer deux heures entières à vagabonder dans des souterrains tortueux, je comprenais aisément son malaise ainsi que son besoin de souffler.

Immanquablement, toutefois, notre moulin à paroles choisit ce moment paisible pour reprendre du service :

— C'est bien beau le pelotage mais maintenant qu'on n'est plus en train de s'asphyxier, je vous rappelle qu'on a un ancêtre à retrouver !

Je relevai les yeux vers Gabin, dépitée. Ses iris noisette me contemplèrent, ses lèvres me sourirent, et il déposa un baiser dans mes cheveux. Réconfort instantané, batterie au taquet pour affronter le Pillastre intrusif.

— Comment ça un ancêtre ? demandai-je exaspérée, en me détachant de Gabin.

— Ben, un vieux quoi, rétorqua le brun.

En voilà une certitude bien infondée. Je vérifiai que la trappe d'accès était bien refermée et rejoignais les garçons déjà à l'extérieur de l'enceinte du lavoir.

— Pourquoi tu penses que notre collectionneur est une personne âgée ? le questionna Gabin.

Je sentais la réponse à rallonge, et lançai la marche pour ne pas perdre une minute.

— Si on enlève le fait que le type accumule des bidules inutiles, tu veux dire ? s'exclama-t-il à mi-voix, les rues du village n'étant pas un lieu aussi discret que les passages souterrains. Eh bien, l'affaire date d'il y a déjà au moins vingt ans, je vois mal un trentenaire être cette personne-là. Non, c'est certain qu'il s'agit d'un quinqua, au minimum. Puis [...]

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant