Chapitre 9 : Gabi&Co ✔️

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— Martin ? Ce type, là ! dis-je en pointant du doigt le véhicule qui nous suivait. Celui qui a balancé un pauvre jouet couinant en forme de poulet à un chien enragé, c'est le mec avec qui tu travailles ?

    Si je connaissais le travail de Gabin dans les grandes lignes, jamais je n'avais plongé dans ce qu'était la vie de Pillastres. L'aperçu que j'en avais toujours eu, de par les Visitaires, me suffisait amplement. Mais je savais Gabin associé à un dénommé Martin. Martin comment ? A quoi ressemblait-il ? Où et de quelle façon ils s'étaient rencontrés ? Tout cela je l'ignorais. Nos fonctions respectives étaient depuis longtemps un sujet soigneusement évité. Mais je découvrais ainsi, en pleine alliance improbable entre Gabin et moi sur le plan professionnel, le coéquipier Pillastre de mon compagnon.

    Un brun à la chevelure éparse, clairsemée de mèches blondes. Un nez droit, des pommettes rehaussées, une barbe taillée, des sourcils mis en forme au-dessus d'yeux azurés. Un jeune, la vingtaine bien tassée, qui s'entretenait et aimait plaire, en avais-je conclu.

    — En effet. Martin Mill, en chair et en os.

    Un sourire en coin marqua son profil. Il n'y avait rien de drôle !

    — Mais bordel, pourquoi il était là ?

Question à laquelle je n'avais pas encore eu de réponse.

Au pied de la clôture, le canidé avait récupéré sa proie fictive et était repartis fièrement, la gueule pleine, prêt à faire son rapport de chasse à son maître, nous n'avions pas parlementé davantage.

    — Il était notre plan de secours.

    — Notre quoi ? pestai-je.

     Je donnai un coup de volant hasardeux et Gabin agrippait avec fermeté la poignée de la portière.

    — Ne t'énerve pas, Violette. Conduire et péter un câble ne vont pas de pair.

    Il tentait de tempérer mon irritation mais je rétorquai, toujours sur la défensive.

    — Je suis très bien capable de faire les deux à la fois !

Gabin détourna le regard et poussa un soupir avant de reprendre son explication :

    — Martin couvrait nos arrières. Je n'allais pas te faire courir un risque en nous introduisant chez un brigand sans avoir un soutien extérieur.

    — Cette affaire, c'est la nôtre ! Ton Martin n'a rien à y faire. Puis, quand l'as-tu prévenu ?

    Avant même qu'il ne réponde, la solution fut limpide. Le seul moment où il avait pu contacter son pote était lorsqu'il était remonté chez lui chercher son sac, alors que je l'attendais sagement dans la voiture.

    — A vrai dire, ça le concerne aussi...

    Il ne finit pas sa phrase.

    Je tournai la tête vers lui pour l'inciter à développer. Il lâcha l'aveu, inattendu.

    — Notre commanditaire l'a joint ce matin, il lui a donné l'adresse de Gilles comme prochaine piste à suivre.

    J'écarquillai les yeux de surprise, Gabin haussait les épaules.

    Mais c'était quoi cette histoire pourrie ?


*

En arrivant chez Gabin, Martin se mit à appréhender les minutes à suivre. Durant le trajet retour, il avait à plusieurs reprises pu constater l'amie Visitaire de son coéquipier le foudroyer du regard par le rétroviseur intérieur. Sa conclusion : la demoiselle en question ne semblait guère commode. Pour se rassurer tout de même, Martin considéra que ce n'était pas pour lui sa première entrevue avec l'une d'entre elles.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant