Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]

Chapitre 12 : Excursion aquatique et plongée en profondeur ✔️

Lorsque le trio arriva enfin aux abords du bâtiment abandonné, un ciel bleu parsemé de lueurs oranger donnait une couleur gris de lin aux fins nuages, les premiers rayons de soleil n'allaient pas tarder à se profiler à l'horizon.

Gabin n'était pas mécontent de son choix, il avait dû réfléchir à toute vitesse pour conduire leur troupe en sécurité, là où personne ne viendrait soupçonner leur présence. Sortir de la capitale lui avait traversé l'esprit mais l'idée viendrait probablement aussi à ceux qui les traquaient. Le mieux était encore de rester bien plus près que personne ne pourrait le suspecter. Ils n'avaient donc pas quitté la ville. Mais Dille était grande, très grande, et comme beaucoup d'endroit où l'homme s'établissait, il y avait en son sein un certain nombre de lieux délaissés de toute vie, d'activités. Celui-ci ne dérogeait pas à la règle, même si était muni de caméras de surveillance qu'ils devraient éviter.

La voiture garée en contrebas de la rue, Gabin mena l'expédition. S'introduire par l'arrière de la propriété fut préférable pour rester invisible de la route, non loin, le plus longtemps possible. Il stoppa puis relança l'assaut à diverses occasions. En l'absence d'humain veillant en permanence sur les images de contrôle, prêt à réagir, il ne s'agissait que d'une vidéosurveillance fixe. Mais couvrant des points stratégiques pour dissuader toute intrusion et reléguant toute détection décelée aux forces de l'ordre. Heureusement, Gabin connaissait les angles de prises de vues du système d'observation ainsi que le parcours précis à faire pour ne pas être filmés et accéder à l'intérieur en toute tranquillité.

Ce qu'ils finirent par faire en escaladant une palissade – le huitième panneau de bois, après le pin déformé par l'anémomorphose – aux allures de clôture de ranch, munie de voliges posées en quinconces. Ils furent à découvert le temps de traverser l'espace de verdure. Malgré le très faible trafic à cette heure-ci, Gabin se dépêcha de soulever la protection, posée – et non clouée – dans l'encadrement. L'ensemble des façades avaient été recouvert de plaques de bois solidement fixées afin de prévenir toute intrusion ou dégradation du complexe vitré.

Alors que Martin s'engageait déjà par la fenêtre coulissante non verrouillée, Gabin remarqua que Violette portait son attention vers l'enseigne murale en forme de vague surplombant l'écriteau Centre aqualudique de Dille.

— Je ne savais pas que cette piscine était hors service, murmura-t-elle dès qu'il arriva à sa hauteur.

— Ça ne fait qu'un an, répondit-il en se plaquant dans son dos.

Gabin comprenait que Violette soit fascinée. Vieilli et en partie dévoré par les flammes, il résumait à lui seul le vécu de cet endroit.

Depuis leur réveil en catastrophe, une heure plus tôt, il n'avait pas eu ne serait-ce qu'une minute pour apprécier comme il se devait d'avoir Violette à ses côtés dans pareilles circonstances. Il savourait donc de l'avoir au creux de ses bras, se remémorant leur bout de nuit exaltante. Il déposa un baiser dans la nuque, réprima encore quelques secondes ses angoisses concernant leur affaire, et ferma les yeux pour respirer profondément son odeur. Sa présence l'apaisait presque autant qu'il s'en inquiétait. Il ne supporterait pas que l'on s'en prenne de nouveau à lui, à eux, si Violette était dans les parages. Parallèlement, il n'était pas en mesure de lui offrir un abri digne de ce nom. Son appartement était le dernier endroit où il pensait qu'on viendrait la trouver, aucun lien évident n'existait officiellement entre la Visitaire et le Pillastre, qu'il était. Se fourvoyait-il ? Les intrus qui avaient refait sa déco lui en voulait-il, à lui ? L'identification de Violette lui soufflait que non, que tout ceci avait avoir avec leur affaire, avec la voiturette. Ils n'avaient pas le choix, il leur fallait mener l'enquête et débusquer celui qui les avait embarqués dans toute cette histoire avant qu'ils ne se retrouvent face aux cinglés de la gâchette une nouvelle fois.