Chapitre 16 : Visite surprise ✔️

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Nos rires résonnaient à l'unisson dans les couloirs de l'hôtel. Martin et moi avions du mal à retrouver notre calme. On s'était fait prendre la main dans le sac et pourtant nous nous en étions tirés sans le moindre encombre, ressortant par la grande porte.

— Non mais je n'en reviens toujours pas ! Tu fais partie d'un atelier d'improvisation théâtrale ou quoi ?

Mon coéquipier de la soirée secoua la tête de gauche à droite tout en piquant un fard. Il n'avait pourtant pas de quoi être gêné. Il avait grave assuré avec le veilleur de nuit ! Au bord de la crise d'angoisse, ce dernier n'avait certainement jamais eu à faire à des intrusions. Qui avait-il à protéger dans ces bureaux en même temps ? De la paperasse, tout au plus. Mais dans la panique, l'homme s'était tout de même dépêché de nous menacer avec sa bombe lacrymogène et de nous éblouir de sa lampe torche.

— Je le revois nous mettre en joue avec son pauvre aérosol au poivre. H-haut les mains, l'imitai-je avec son ton et sa posture de cowboy mal assuré. Le bonhomme était au bout de sa vie, tout tremblotant à nous demander ce que l'on faisait là !

A moitié amusée par le contraste que représentait le trouillard et la fonction qu'il occupait, aucune excuse valable n'était parvenue à germer dans mon esprit pour nous permettre de sortir de cette situation. Martin à l'opposé, avait alors pris la parole avec un aplomb certain, et avait mis fin au supplice que semblait vivre le gardien. Nous présentant sous l'identité de techniciens mandatés par nul autre que son patron afin de résoudre un problème technique spécifique, il avait épilogué sur le sujet tel un vrai professionnel. Hébétée, je m'étais contentée de hocher la tête par intermittence. L'homme face à nous, s'il en avait douté une seconde ne l'avait pas laissé paraître. Il s'était fait envoûter tout comme moi par les compétences en la matière de Martin.

— En tout cas, c'était tordant de le voir finir au bord des larmes, confus de son erreur, nous suppliant de ne pas avertir Boirie de ce quiproquo malheureux, ris-je encore tandis que le sourire de Martin diminuait.

— Mouais, disons qu'autre chose me paraît plus important à aborder avec celui-ci.

C'était certain. Boirie était le commanditaire de Gabin et Martin sans aucun doute possible, et l'information était déjà bien trop révélatrice à elle seule. Le type ne les avait pas choisis par hasard, il avait dans le passé fait appel à leur service de Pillastre.

Une atmosphère plus sérieuse ayant repris possession de notre discussion, nous finîmes les quelques mètres restant jusqu'à la porte de la chambre en silence.

Devant cette dernière, une hésitation commune nous frappa. Personnellement, j'espérais que Gabin ne s'était pas réveillé et qu'il n'avait alors pas vu mon pauvre mot : « Nous suivons une piste, chez le cycliste. Mais promis Gabin, nous revenons en un tournemain ». Sur le moment, j'avais trouvé la rime amusante. Désormais, j'appréhendai que la porte s'ouvre sur un Gabin mécontent de notre petite virée sans lui. Nous n'avions rien dévoilé de notre plan, à personne, ce qui aurait pu s'avérer dangereux.

Je pivotai vers Martin, toujours la carte magnétique en main.

— Tu crois qu'il va râler ?

Mon état affectif était palpable, nous ne souhaitions pas le mettre de côté, seulement le laisser se reposer.

Martin me sourit, avant d'ajouter sans toutefois répondre à ma question :

Je dois reconnaître que pour une Visitaire, tu es assez sympathique.

Le compliment me surprit... Mais je l'acceptai de bonne grâce.

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant