Chapitre 18 : Une soirée de repos ? ✔️

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Arrivés dans la chambre de l'hôtel, Boirie fut installé sans ménagement sur la chaise dépliante – jamais cette assise n'avait dû autant servir que ces dernières heures ! La chiche lumière des appliques murales renvoyait sur le détenu nos quatre ombres le surplombant, et accentuaient les plis de sa peau vieillissante.

    De tout le trajet, il n'avait pas ouvert la bouche. Entre les regards meurtriers que Gabin lui avait lancés depuis le rétroviseur intérieur, la paire d'yeux bleus de Martin qui le toisait, et sa prise en sandwich entre Cléon et moi sur la banquette arrière, cela n'avait rien eu d'étonnant.

Toutefois, nous attendions tous des réponses – Cléon y compris. Il avait besoin de savoir l'implication de sa fiancée, et Boirie, son présumé associé, devait bien pouvoir l'aiguiller. L'effet de surprise et d'intimidation passé, nous nous écartâmes tout de même pour le laisser respirer. Je m'asseyais sur le revers du lit, Cléon faisait tanguer l'assise moelleuse en s'installant à mes côtés. Martin s'adossait à la droite de Boirie tandis que Gabin, face à moi, s'appuyait contre le mur, à la gauche de notre collectionneur.

Il restait encerclé, ce n'était pas une invitation pour le thé !

— Q-qu'est-ce que vous me voulez à la fin ? osa s'élever une voix encore timide.

— A ton avis ?

— Loriot !

— Quoi ? On ne va pas tourner autour du pot cent ans, Martin. Cette enflure nous manipule depuis le début de la semaine, c'en est assez !

L'échange des deux Pillastres renforça la tension palpable. Martin reconnut cependant l'évidence et inclina la tête dans un haussement d'épaule.

Gabin poursuivit.

— Pourquoi tu nous as engagés ?

Le vert-bleu de ses iris dévisagea chacun d'entre nous, il semblait perplexe quant à la réponse à fournir. Allait-il nous baratiner ? Savait-il seulement à quel point nous avions percé son implication dans toute cette affaire ?

Alors que Gabin était passé au tutoiement, le commanditaire répondit dans le vouvoiement.

— Je-je n'ai sollicité les services que de vous et de votre associé, monsieur Loriot...

D'un geste tremblant, il désigna Martin sans quitter pour autant Gabin des yeux.

Mon compagnon n'était pas quelqu'un d'effrayant toutefois Boirie sursauta lorsque Gabin gronda :

— Oui, ça, on le sait !

Il commençait à être à bout de nerfs, nous commencions tous à l'être.

Je me permis alors de prendre le relais, l'atmosphère devenait critique.

— Monsieur Boirie, on voudrait savoir pourquoi vous les avez engagés ?

Mon intervention, sur une intonation plus douce que mon prédécesseur sembla avoir l'effet escompté.

Plongeant son regard dans le mien, il déclara de façon concise :

— Pour retrouver une voiture miniature en platine.

Gabin étouffa un juron en renversant sa tête contre le mur. Je partageais sa frustration. L'autophiliste se moquait-il de nous ?

Je repris :

— Ma question était pourquoi Gabin et Martin, en particulier ?

Faire preuve de diplomatie n'était sans nul doute pas l'une de mes compétences. Ma patience perdurait encore un peu, ce qui était rare, alors quelle que soit la réponse, elle avait intérêt à être satisfaisante, et rapidement exposée !

Une exploratrice en Talons Aiguilles [Tome 1 + 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant