« - Illusions, mon garçon ! répliqua Geppetto en secouant la tête et en souriant mélancoliquement. Te semble-t-il possible qu'un pantin à peine haut d'un mètre, comme tu l'es, ait assez de force pour me porter en nageant sur ses épaules ?
- Essayons et vous verrez ! De toute façon, s'il est écrit dans le ciel que nous devons mourir, nous aurons au moins la grande consolation de mourir dans les bras l'un de l'autre. » Carlo Collodi, Pinnocchio.
*
« Donna ? Donna ? Par ici ! »
L'écho de la voix sifflante d'Angie se frayait un chemin à travers les arbres aux troncs amaigris et aux branches entortillées, que les feuilles avaient désertés depuis longtemps. Donna, qui n'avait aucune idée de la façon dont elle s'était retrouvée seule dans cette forêt lugubre où la mort semblait régner en maître, suivit la voix qui l'appelait, le cœur plein d'espoir. Elle traversa le sol jonché de pierres et de racines gelées en tâchant de tendre l'oreille à la voix malgré le son feutré de ses bottes qu'elle enfonçait laborieusement dans le manteau de neige compact. En dépit de l'environnement effrayant qui l'encerclait, elle était rassurée de percevoir cette voix bien connue. Entendre sa seule amie l'appeler, sans que Donna ait besoin de marmonner ses paroles en prenant une voix de flûtée, était tellement réconfortant. D'un pas de plus en plus rapide, elle bravait donc la pénombre en cherchant sa poupée du regard, l'esprit embrumé. Son corps frêle luttait contre le froid mordant qui lui agressait la peau. A chacune de ses inspirations, un spectre de buée s'échappait de ses lèvres et allait se perdre dans la nuit.
L'ambiance glaciale qui dominait la mettait hors d'haleine. Des coups de vent pareils à des hurlements de loup retentissaient quelque part au loin, dans une direction que Donna ne parvenait à déterminer. Au bout d'un moment, ils se firent plus proches, et leur similarité avec des cris canins en était renforcée de façon inquiétante. Par deux fois, Donna tressaillit en les attendant et se tourna pour inspecter les lieux et interroger les ténèbres du regard. Seules les innombrables silhouettes rigides des arbres, baignant dans un fin brouillard fantomatique, l'accueillait sous la nuit étoilée. Tout portait à croire que la vie elle-même avait quitté les alentours et qu'il n'en restait que des réminiscences flottant dans l'obscurité insondable. Un coup d'œil vers le haut consolida ce sentiment étrange d'enfermement qui possédait Donna : le sentiment d'être prisonnière de cette forêt. Les branches entremêlées cachaient en effet une grande partie du ciel, formant une cage de longues griffes de la jeune fille. Enfermée dans cette enveloppe maléfique, celle-ci accéléra le pas en priant intérieurement Angie de lui envoyer un nouveau signe. Ne me laisse pas, pensa-t-elle. Ne me laisse pas toute seule.
La forêt déboucha enfin sur une clairière enténébrée qui se révéla être le terrain d'un vieux cimetière. Telles les ruines d'une cité depuis longtemps morte, des pierres tombales se dressaient sur un sol sec et sans verdure. La brume blafarde qui surnageait dans les bois était clairement plus épaisse ici, et faisait penser à un nuage de pollution circulant entre des gratte-ciels. Devant le funeste spectacle qui s'imposait à elle, Donna hésita longuement à poursuivre sa route. La bruine l'enveloppait comme des bras invisibles, tandis que les relents de vieille pierre humide cheminaient jusqu'à ses poumons à la manière d'un subtil poison.
Je suis prise au piège dans le néant, se dit-elle. Je suis sans doute morte et voilà que je vogue dans les limbes.
La voix d'Angie, plus nette et apparemment plus proche, fut ce qui la décida à avancer. La poupée répétait le nom de Donna, mais la source de sa voix était encore invisible, comme impénétrable. Pour retrouver son amie égarée, Donna devait s'aventurer dans ce lieu détestable qui criait « N'entre pas ! ». Elle approcha donc avec la démarche recroquevillée d'une mamie, les sens en alerte. Alors qu'elle jetait des coups d'œil furtifs aux vieilles tombes anonymes, un frisson naquit dans le bas de son dos et, lui chatouillant les poils tel un parasite grouillant sur sa peau, remonta jusque dans sa tête. Jusque dans sa cicatrice. Malgré elle, Donna visualisa l'image d'un ver gigotant en son sein qui était en train de la grignoter de l'intérieur, de pourrir par sa seule présence sa cicatrice pour l'enlaidir encore plus. Cette idée bien trop nette la perturba tellement qu'elle s'immobilisa et ne réalisa que tardivement ce qui était peut-être la cause de ce frisson d'horreur : Angie se tenait là, à moins de deux mètres d'elle, entre les pierres tombales. Sa petite silhouette efflanquée se découpait sinistrement dans la brume, et c'était comme si elle venait d'apparaître comme par magie dans le champ de vision de Donna. Celle-ci, nébuleuse, fit quelques pas vers son amie qui lui faisait des signes avec ses deux bras pour lui signaler sa présence. Elle s'accroupit alors et Angie couru dans ses bras. La voyant enfin de près, Donna fut troublée par quelque chose de légèrement différent dans le visage de son amie. Quelque chose qui semblait tellement à sa place que Donna ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.
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LA MARIONNETTISTE - Fan fiction Donna Beneviento - Resident Evil Village
FanfictionUne fan fiction en français d'environ 150 pages retraçant l'histoire du personnage de Donna Beneviento du jeu Resident Evil 8. Ceci est une nouvelle de fan basée sur les personnages de la licence appartenant à Capcom. Je ne possède aucun de ces per...