CHAPITRE 17

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Fanart par softbalest deogaru

"Les enfants du mal sont sûrement insane." Judith Moriae

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Le décès de Joseph marqua le point de départ du reste de la vie de Donna en tant que fille adoptive de Mère Miranda et Seigneur crainte et respectée du Village. Les fleurs aux phéromones hallucinatoires qu'elle avait concoctées grâce au Cadou firent leurs preuves sur quelques autres badauds venus explorer la maison en quête de sensations fortes ou pour se prouver qu'ils n'avaient pas peur de ce que pouvais dissimuler ce soi-disant manoir hanté. Donna accueillit chacun d'eux avec hospitalité, leur offrit même le gîte et le couvert, fit à chacun d'eux une petite démonstration de ses talents de ventriloque avec Angie sur les genoux et, pour ceux qui étaient vraiment réceptif à sa maladroite courtoisie, les amena regarder un film avec elle avec le projecteur. Aveugles aux filets de la tarentule dans lesquels ils venaient de se faire prendre au piège, ils parlèrent avec elle de choses et d'autres avec toute la naïveté qui caractérisait les habitants de ce Village.

. Ce genre de récréations, rituel systématique, posait ainsi les prémices de jeux bien plus divertissants pour Donna et son amie de toujours. Il ne fallait jamais bien longtemps pour que la jeune femme se prenne d'affection pour ces voyageurs et autres villageois et qu'elle et Angie décident de s'amuser avec eux, comme elle avait joué avec Joseph. Puisque chacun avait senti l'arôme des fleurs jaunes sur le chemin de la maison, rien n'était plus facile pour Donna que de les plonger dans une série d'hallucinations aussi vraies que natures, contrôlées par sa propre créativité et limitées uniquement par celle-ci. Ses mises en scène étaient, en majorité, inspirées des romans d'horreur qu'elle continuait de lire avec Angie, ainsi que des films gothiques dont les bobines continuaient d'orner sa réserve, véritables trésors d'imagination dépravée. Sa connaissance approfondie, voire quasi-encyclopédique, des œuvres fantastiques alimentait ainsi sa maîtrise des mécanismes de déclenchement de la peur chez l'Homme. Elle se sentait comme une réalisatrice de films d'épouvante n'ayant pas besoin de caméra pour œuvrer, et donnant naissances à des œuvres macabres qu'elle offrait à ses invités, qu'ils le veuillent ou non, avec une redoutable efficacité. Portes qui grincent, tableaux changeant de place, ricanements sous la table, radio détraquée, revenants tapotant à la fenêtre, pantins harceleurs,... Le catalogue de Donna paraissait intarissable. Les sens de ses imprudentes proies étaient à sa merci, ce qui offrait tout un monde de possibilités à explorer. Comble du spectacle : aucun d'entre eux ne se doutait que ses mascarades étaient factices.

Avoir un tel pouvoir sur les gens, exercer une emprise émotionnelle sur eux et décider de ce qu'ils voyaient, entendaient et ressentaient, lui plaisait énormément. Elle avait l'impression d'exister à leurs yeux, et ce sans avoir à dévoiler son visage ou même essayer d'être sociable. Cette méthode la libérait de toutes les contraintes du dialogue conventionnel. C'en était jubilatoire. Ce qu'elle préférait, c'étaient les illusions personnalisées. Aussi lorsqu'un invité se sentait assez à l'aise pour lui confier une information personnelle lors de leurs premiers échanges, telle que la disparition d'un proche dévoré par un Lycan ou kidnappé dans le château Dimitrescu, ou bien une sale histoire de dispute conjugale, elle sautait sur cette occasion en or de l'exploiter pour confronter son invité à ses peurs enfouies. Une chose qui lui facilitait la tâche, lui semblait-il, était que les hormones répandues par les fleurs lui fournissaient elles aussi des détails, sous forme d'images, sur les souvenirs de ceux qui les reniflaient. C'était comme si elles sauvegardaient leurs consciences et que Donna, par l'intermédiaire de ce réseau téléphonique qu'était son Cadou distillé, avait un accès direct à leurs pensées. La marionnettiste avait du mal à faire le tri entre ce qu'elle apprenait de ses plantes et ce que lui révélaient ses invités, mais la somme de tout cela était une mine d'or pour concevoir ses fantasmagories.

LA MARIONNETTISTE - Fan fiction Donna Beneviento - Resident Evil VillageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant